Chemins noirs - Poèmes inédits de Serge Noël
Le Chant la vie par Serge Noël, le 06 novembre 2020

Une photo que Serge Noël appréciait. Photos © Jean-Frédéric Hanssens
Serge avait commencé à écrire des poèmes inspirés par quelques unes de mes photos qu’il avait choisies. Il m’avait dit, dès que les poèmes écrits en regard des dessins de Roger Somville sont terminés, je poursuis avec « Chemins noirs ». Ce mardi 27 octobre, en début en soirée, il est parti pour une destination inconnue, laissant encore ces quelques traces indélébiles de son art. Il se nourrissait de poésie pour y puiser la force de lutter pour un monde meilleur.
Jean-Frédéric Hanssens
Poème écrit sur base de la photo ci-dessus
vois la petite rose noire
pousser dans la boue l’amertume
ô jour enfant où vient l’espoir
frapper de ses pieds le bitume
qu’est-ce qui reste de vos jeux
dans la poussière et dans le vent
vous êtes beaux et courageux
puisque vous êtes des enfants
et sur les épaules du monde
moineaux nés de l’ambre et du miel
contre les lois les gens immondes
les peurs les haines démentielles
vous chantez vous menez la fronde
vos poings tendres levés au ciel
fleur de rêveurs rose des vents
tu te souviens de moi souvent
tu ris tu pleures et comme avant
tu vas-tu regardes devant
marchons alors et sur les routes
dans les villes immenses amères
emporte espoirs songes et doutes
tu penses à moi qui suis ta mère
à moi de ta mère les yeux
la voix le chant l’odeur d’été
sous un ciel pâle toujours pluvieux
bois l’aube chaude comme un thé
quand le sommeil est oublieux
marche je suis ta liberté
aveugles de leurs yeux de marbre
ils ne regardent qu’en dedans
nous sommes au désert comme l’arbre
plaie ouverte rage de dent
nos mains frappent les chauds tambours
et de nos voix scandent les chants
dans leurs villes et dans leurs faubourgs
ils ont des rêves noirs méchants
ils font de nous les criminels
qui les hantent aux petites heures
fantômes étrangers éternels
ils vendent leur âme pour la peur
pourtant c’est nous les sentinelles
de nos cœurs humains et des leurs
sur ce banc je suis seul et nu
devant les rideaux qui s’effacent
toujours perdu et revenu
revenir et perdre la face
les allées mènent au bout du monde
mais ils ne comprendront jamais
la vie que j’ai la vie immonde
ils croient qu’on est toujours en mai
et que les hivers passent à l’as
l’hiver la faim la nuit tombant
dans les rues le bruit et la crasse
je suis seul et nu sur ce banc
sous un crachin gris dégueulasse
comment leur dire ce ciel plombant
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