J’ai fait un poème le voilà
Le Chant la vie par Serge Noël, le 20 octobre 2016

Photo © Jean-Frédéric Hanssens
en ce temps-là les hommes
dansaient savaient aimer
les cieux avaient un air de bijou argentin
mon dieu j’ai perdu le chemin de l’ivresse
allongé dans l’herbe coupée de la nuit
noyé dans les étoiles cousines des rêves
cela durait le temps de se sentir neuf et joyeux
on ne croisait pas clochard qui ne hurle à la lune
je n’ai pas retrouvé le chemin des ivresses
je me suis blessé aux épines des mûriers
dans les étés où la lumière dévisageait les garçons
j’ai oublié mon dieu le chemin de l’ivresse
mais je me souviens bien des musiques brunes
et des hanches qui bougeaient comme des oiseaux de paradis
dans les rues ces jours-là passaient des gens sans tête
seuls et souriants à la fin les chats roux comme des cibiches
glissaient le long des désirs d’amour et de fête
et nous prenions plaisir à être foule et certitude de brume
au petit matin pâle quand sonnaient les corps nus
comme des gongs de pluie
par tous les dieux où est passé le temps d’aimer
où me menait le chemin des ivresses
ma peau s’est faite carapace de froid de douleur et de doute
j’ai tant goûté le pain blanc des tendresses
en ce temps-là les hommes dansaient dans le vent doux
sous les grands arbres voûtés où niche le mystère
et dans les cieux revenaient les feux roses de l’aube
et la pavane injurieuse des jours et le crachin irrévocable des larmes
il faut dire que j’étais beau comme un narcisse
odorant comme un muguet vivant comme une eau de rivière
j’avais des rires de pendule des rires d’impala
des rires de galopade des rires d’orage et de falaise
mais voilà
comme un caillou au fond de ma chaussure
j’ai perdu perdu perdu le chemin des ivresses
j’ai vieilli
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