« Hier, la situation était grave mais pas désespérée, aujourd’hui la situation est désespérée, mais C’EST PAS GRAVE! »
Pasta par Michel Noirret, le 27 octobre 2023

Dessin © WICH
Ce titre était l’annonce du générique d’une émission de radio du centre RTBF de Liège, le samedi matin, à laquelle j’ai collaboré dans les années 70.
Et que dire de plus pertinent, de plus optimiste aujourd’hui ? Hein !
Pendant que le dérèglement climatique poursuit ses ravages sous l’œil amusé des industries pétrolières, agro-alimentaires et autres nuisibles, la guerre continue en Israëlo-Palestine.
Les hostilités ont commencé dans les années 1920. On est en 2023. La guerre de cent ans, c’est pas juste un souvenir du Moyen Âge.
Pour nous qui ne sommes pas sous les bombes et les mitraillades des uns et des autres, ceci est un spectacle avec d’excellents acteurs aux rôles bien typés, et de remarquables agences de publicité (on ne dit plus propagande, ça fait mauvais genre). Comme dans tout bon spectacle, on s’identifie tout de suite à ses personnages préférés.
Comme de bien entendu, les dés sont pipés. Dans un spectacle, le, ici les réalisateurs font en sorte que les bons et les méchants soient immédiatement identifiés, de manière à ce que le spectateur puisse frissonner d’effroi ou de plaisir selon les heurs et malheurs des héros.
Pour les politiques occidentaux et leurs services de relations publiques, le bon, c'est Israël, victime d’affreux méchants sans foi (du moins, pas la bonne) ni loi.
Pour les autres, c’est le Hamas, avec lequel on confond volontiers l’ensemble des Palestiniens.
Le rôle du méchant est exactement l’inverse selon le camp que l’on a choisi.
Peut-être que sur le terrain, c'est-à-dire dans la vraie vie, en Israëlo-Palestine, on voit ça différemment et en pire. Sans compter tous ceux qui aimeraient bien que ça cesse de manière à pouvoir vivre en paix les uns avec les autres. Utopie ! et d’ailleurs ceux qui essaient, on les prend pour des zozos.
En attendant, je ne supporte plus la rhétorique des « amis » d’Israël.
- Madame la marquise, qu’il est donc inconvenant de considérer le Hamas comme un mouvement de résistance ! quelle horreur !
Le voyageur venu de Sirius se demande alors ce que fait le Hamas, sinon de la résistance.
- Non !, c'est du terrorisme ! C’est comme ça ! Pas de ça chez nous !
Curieux, dit notre Sirien! l’histoire, de votre planète nous montre que la grande majorité des mouvements de résistance, si pas tous, ont pratiqué le terrorisme, à des degrés d’intensité divers.
- Tssss! Ces étrangers extra-terrestres, ça ne comprend rien : pour certains, c’était du bon et noble terrorisme, donc de la résistance.
- Tout dépend donc du côté de la bombe où l’on se trouve, dirait notre Syrien.
Si vous souhaitez vous distraire, je vous conseille de taper dans votre moteur de recherche « Irgoun » « Haganah », « Lehi » ou Vladimir Jabotinsky et vous verrez que les pratiques de ces divers mouvements et idéologues terroristes (pardon : résistants) juifs en Palestine, ne valaient pas mieux que celles du Hamas. Avec seulement des armes moins sophistiquées, mais l’esprit y était.
Le Hamas est un piège à cons à l’usage des progressistes. Comme en son temps l’ayatollah Khomeini en fut un pour les mêmes. En soi, se débarrasser du Shah d’Iran et son régime de tortionnaires (entre autres sympathiques façons de gouverner) était une idée salutaire, encouragée avec enthousiasme par les progressistes. Sauf, qu’ils ne se posaient pas la question de savoir ce que l’ayatollah et ses adeptes voulaient mettre à la place ! C’était un libérateur ! on entendit même une éminente féministe de l’époque, Kate Millet, soutenir que, finalement, l’islam était plus tolérant avec les femmes que le christianisme. On a vu ce qu’il est advenu : L’ayatollah Khomeini a remplacé la peste par le choléra. Pas besoin de regarder très attentivement l’idéologie du Hamas pour s’apercevoir que son projet est de remplacer la peste sioniste par le choléra islamiste. Avec le soutien des progressistes...
Alors le progressiste tout désorienté, que fait-il ? il soutient vigoureusement des ONG telles « La Paix maintenant », composées d’Israëlien§s et de Palestinien§s qui militent durement pour la paix.
Et puisqu’on parlait de sionisme...
Il apparaît de plus en plus, pour les chercheurs contemporains en histoire, que c’est un enfumage qui dure depuis bientôt deux siècles.
D’après ces scientifiques, il s’avère que les Hébreux n’ont jamais été expulsés de leurs territoires, tout d’abord en 70 de notre ère suite à une révolte contre les romains qui la matèrent avec leur délicatesse habituelle. De nombreux juifs furent tués ou vendus en esclaves, d’autres préférèrent quitter ces lieux dangereux, mais la plupart restèrent sur place, puisqu'en 132 une autre révolte éclata, signe qu’ils étaient toujours là, réprimée avec la maestria Romaine habituelle. Jérusalem fut rasée, selon les uns, il fut interdit aux juifs d'y pénétrer selon les autres. Je n'ai pas les moyens de trancher.
Mais les Hébreux ne furent toujours pas déportés, constat d’historiens.
Alors, comment se fait-il qu’il y ait tant de juifs partout dans le monde, vous demandez-vous. Ils ne sont pas venus de nulle part, voyons !
Posez-vous la même question avec les chrétiens, les musulmans, etc. Ils viennent de la même région géographique.
Réponse : Conversion, partout, quel que soit le territoire (parfois de force, d’autrefois, spontanément) ou simple tradition transmise, rien d’autre.
Bravo ! je reste en deuxième semaine !
D’après ces historiens, que les sionistes et les religieux de toutes obédiences abhorrent, les musulmans, au début de leurs conquêtes, avait un truc imparable pour amener des conversions spontanées dans les territoires conquis : ceux qui se convertissaient étaient exonérés de l’impôt. Il y a des arguments totalement absents d’élévation spirituelle qui l’emportent sur toutes les mystiques. Et puis, s’il s’agit juste de remplacer une croyance par une autre, fondée sur le même livre de contes et légendes...
Mais, objectera-t-on, les juifs ne pratiquent pas le prosélytisme.
Actuellement, ça semble exact. Mais d’après l’Histoire, il n’en fut pas de même dans les siècles des siècles. Il y eut même une lignée de rois juifs, les Hasmonéens (- 134-54), qui pratiquaient les conversions forcées à chaque conquête de territoire !
Mais alors, ce « sentiment d’exil », le juif errant ?
D’après mes lectures impies, il paraît bien qu’il ne provient pas de ces supposées expulsions, mais relève de la mystique judaïque. Les juifs (probablement pas tous) se sentent en exil, car ils seront éloignés de Dieu tant que le Messie ne viendra pas. « I’m a poor lonsome jew... »
Et puis, c’est insidieux, mais je ne peux m’empêcher d’y penser : Israël ne serait-il pas, pour les antisémites n’osant plus s’afficher comme tels dans les allées des pouvoirs, un bon moyen de se débarrasser des juifs qui encombrent tellement nos beaux pays de culture chrétienne, sans passer pour des nazis ? Ainsi, plus son territoire s'étend en Palestine, plus on pourra en mettre, des juifs, c’est pourquoi — je le pense en tout petit dans « mon cerveau mou entre mes deux oreilles »*- on oublie de prendre des mesures contre cet État voyou. Il y en a d’autres qu’on traîne au banc d’infamie pour moins que ce que fait Israël.
Les habitants de Gaza qui fuient le pays, n’est-ce pas la répétition de Der Yacine, en 1948, (massacre d’un village palestinien – femmes, enfants compris, comme d’hab dans tout massacre un peu sérieux — par l’Irgoun et le Lehi - Ce fut le début d’un exode massif de Palestiniens, qui arrangeait bien les sionistes). Évidemment, ce n’était pas une expulsion. Ils sont partis de leur plein gré. C’étaient juste des trouillards. Mais l’exode des habitants de Gaza, rien que des trouillards, eux aussi, ça va vider un peu plus la Palestine de ses habitants. Ce n’est toujours pas une expulsion.
Ce n’est rien que du bon pour le gouvernement de voyous de Netanyahu. (j’y peux rien, la rime, c'est la rime — n’oublions pas cependant que ce type s’est associé aux pires extrémistes de droite du pays, non pas pour le bien supposé de ses habitants, mais pour changer les lois, afin d’éviter de se retrouver devant un tribunal pour corruption). En échange, mains libres aux plus cinglés des sionistes et religieux, qui, sur le massacre des Palestiniens, arrivent à s’entendre.) Des tas de responsables politiques, notamment européens, vont lui serrer la paluche à Netavoyou et verser leurs larmes de crocodile, alors qu’ils font la gueule à Orban parce qu’il a serré celle de Poutine. Chacun ses héros et les populations civiles seront bien massacrées.
Autre question, comme ça en passant : le Hamas serait-il en train de se tirer une balle dans le pied ? L’armée israélienne annonce une invasion et un nettoyage carabinés de la bande de gaza, qu’on va voir ce qu’on va voir, que ça va être sanglant et même pire. Les habitants fuient. C’est le but. Ceux qui ne pourront fuir seront tués ou mouront de faim, de soif de maladie ou toute autre saloperie due à la situation, ce qui du point de vue de la démographie palestinienne reviendra au même. Mais c’est pas une expulsion, hein ! Ce n’est pas non plus du terrorisme ! Irait-on penser ça d’un État reconnu par l’ONU ?
Bien joué, le Hamas! Vos cadres sont toujours financés par Israël ?
Notons tout de même, puisqu’il s’agit de lois internationales à respecter, qu’Israël est un État légitime de ce point de vue. Ça peut ne pas plaire, mais le respect des lois internationales, s’il ne soulève pas toujours l’enthousiasme, est le seul moyen qu’on ait trouvé jusqu’à présent pour vivre plus ou moins en paix — ce qui n’est pas le cas partout, chacun peut s’en apercevoir — mais en attendant de trouver mieux, les respecter ne peut pas faire de tort. Enfin, moins que les massacres.
Que le Monstre en Spaghetti Volant, qui regrette peut-être encore un peu plus d’avoir trop bu la veille de créer le monde, vous touche de son appendice nouilleux.
Ramen.
* Je crois que c’est de Goscinny.
Sources principales : « Comment le peuple juif fut inventé », Shlomo Sand, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Tel Aviv. Éditions Fayard, 2008.
« La Bible dévoilée, les nouvelles révélations de l’archéologie », Israël Finkelstein, Neil Asher Silberman, Gallimard, 2004.
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