Ne pas entrer dans la fournaise

Vous voyez de quoi je veux parler.
Les massacres, les horreurs à divers degrés sont l’affaire, médiatiquement, de spécialistes en massacres et horreurs, qui, lorsque les évènements se présentent, les décryptent méticuleusement pour publier ensuite un bulletin appréciant la qualité, les raffinements, la brutalité, la bestialité des massacres et horreurs commis par les uns et les autres.
Selon les discours des dames patronnesses politiques, tellement soucieuses du bonheur humain, toutes effarouchées par les évènements de Palestine que, bien entendu, personne ne pouvait prévoir, certaines de ces horreurs seraient acceptables, légitimes, d’autres non, ceci, assurément, selon le côté des belligérants pour lequel leur cœur, leur idéologie, leurs convictions penchent.
Bien sûr, il y a manifestement une distinction à faire : si l’on est un tueur en civil, on est un terroriste, si on est le tueur dans l’uniforme officiel d’un état, on est simplement un militaire qui fait son devoir. Là, chacun sa manière... Prendre des civils en otages, c’est dégueulasse, on est bien d’accord, bombarder des quartiers peuplés de civils, que voulez-vous, c’est la guerre. Ach! la kerre! gross malheur !
Que faire ?  Choisir son camp ! Celui du bon tueur ou celui du mauvais tueur ? Moi, qui ai peur de me tromper et qui suis malpoli de nature, j’ai surtout envie de hurler « amis des tueurs de tous pays, de toute obédience : allez vous faire foutre ! »
Ce qui d’après certaines et certains n’est pas si désagréable et en tout cas met rarement la vie en danger.
Mais là, bien sûr, j'ai tout le monde sur le paletot, car je renvoie les tueurs dos-à-dos. Ça ne se fait pas. Il faut choisir ses tueurs, comme nous venons de le voir.
Je suis tout de même étonné que le discours public ne rappelle pas qu’Israël est un État voyou qui ne respecte aucune des décisions de l’ONU concernant ses diverses entorses, c’est un euphémisme, au droit international et ne les respectera jamais tant qu’il y aura un seul Palestinien sur « SON » territoire, du moins si l’on s’en réfère à l’idéologie sioniste. J’ai failli écrire religion sioniste, mais je m’en suis abstenu, d’aucuns pourraient penser que je confonds judaïsme et sionisme. Si tous les sionistes sont juifs, tous les juifs ne sont pas sionistes.
Et pour ajouter au tableau, manifestement, les exactions, les spoliations, les humiliations que des colons israéliens infligent aux Palestiniens ne soulèvent guère l’indignation de toutes les bonnes âmes tellement soucieuses de savoir-vivre. Ce ne sont que des petites horreurs du quotidien. C’est la vie, quoi ! Pas de quoi hurler au terrorisme.
Évidemment, déballer tout cela en ce moment, c'est soutenir les exactions du Hamas. Je suis d'une maladresse !
Anecdote piquante que beaucoup s’empressent d’oublier : le Hamas, mouvement religieux musulman intégriste, (dont nous avons l'occasion d'apprécier régulièrement l'humanisme) issu des Frères Musulmans, fut longtemps l’ennemi résolu du Fatah d’Arafat, plutôt laïque. Un ennemi du Fatah parmi les Palestiniens, c’était rien que du bon, et le Hamas fut assidument soutenu par Israël, comme les Américains armèrent les Talibans en Afghanistan lorsqu’ils combattaient les Russes. Encore une de ces réussites de brillants stratèges, généralement encore aux manettes, ou du moins leurs élèves.
Pas de doute que Netanyahu, voyou notoire, en fermant bien le bouchon qui laissait s’échapper encore un peu de vapeur de la cocotte-minute palestinienne, a réussi à la faire exploser. Quand une cocotte-minute explose, je ne pense pas qu’elle se pose des questions quant aux dégâts qu’elle occasionne, ni s’ils relèvent des bonnes manières.
Je viens, devant vous, et sans augmentation du prix de l’abonnement à entreleslignes.be qui reste toujours gratuit, de perdre mon temps à ratiociner à propos d’évènements sur lesquels je n’ai aucune prise. Je ne suis sans doute pas le seul.
Et certainement, depuis des millénaires, des ahuris dans mon genre font le même constat.
C’est un peu déprimant.
 Que le Monstre en Spaghetti Volant vous touche de son appendice nouilleux.
Ramen.