semaine 48
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Le blog de Lucie Cauwe

Loger à l’hôtel les sans-abri confinés dans la rue

Le 26 mars 2020

Crise sanitaire, coronavirus, confinement, les slogans et les recommandations fleurissent, « Home safe home » et variantes. Est-ce pour autant « Street safe street » pour ceux qui sont à la rue? Y a-t-il plus grande absurdité que de demander, que d’imposer aux sans abri, de se confiner? Rester chez soi, oui, mais où quand on est dehors? Covid-19 ou pas, les personnes non logées, ou mal logées, sont au centre des préoccupations du mouvement Droit à un toit et du groupe de pression, le Syndicat des Immenses (pour Individu dans une Merde Matérielle Enorme mais Non Sans Exigences).

Manquer d’un chez soi ou disposer d’un chez soi insalubre sont assurément invivables et même mortels. Ne parlons pas des contaminations possibles. « La crise du coronavirus », rappelle Droit à un toit, « ne peut suspendre la mobilisation en faveur des personnes mal-logées ». Le mouvement pointe « la nécessité absolue d’avoir en nombre suffisant à Bruxelles des logements aux normes et à loyer abordable pour les plus bas revenus ». Il demande aujourd’hui à la Région de Bruxelles-Capitale de réquisitionner les logements équipés fonctionnels vides (appart’hôtels, chambres d’hôtel) pour pouvoir loger ces personnes, afin de leur permettre de se protéger du Covid-19.

Comme le mouvement a les pieds sur terre et l’esprit pratique, il demande aussi que les personnes soient logées dans des chambres individuelles, si possible avec kitchenette. Pour respecter la distance sociale nécessaire aujourd’hui, pour être autonome dans la préparation de repas et éviter ainsi les déplacements de bénévoles ou les rassemblements de distribution de nourriture, pour éviter donc la propagation du virus. Il demande encore que les personnes logées soient suivies par une équipe de professionnels, formée pour répondre aux besoins de ce public spécifique. Et qu’elles soient systématiquement dépistées par rapport au coronavirus. Enfin, Droit à un toit insiste pour que ces mesures ne soient pas des mesures d’urgence, mais augurent d’une politique de relogement à long terme, toujours aussi urgente et nécessaire. Afin que tout ne soit pas oublié une fois l'épidémie endiguée, dans le monde postcoronavirus.

Pour rendre tout cela concret, Droit à un toit participe à la journée d'action internationale du collectif Housing Action Day dont fait partie le mouvement ce samedi 28 mars. Infos sur le site http://www.housing-action-day.be/fr.

De son côté, Alain Maron, Ministre des affaires sociales et de la santé à la Région de Bruxelles-Capitale, suit le sujet de près. Il a pris des mesures pour les sans-abri malades, comme quinze lits garantissant les conditions d’isolement et de protection, aussi pour les personnes migrantes et sans logement. Il coordonne la distribution de nourriture sur un terrain au Quai des Péniches garantissant les conditions d’hygiène et de sécurité. Il réquisitionne des hôtels. Reste à mettre ce dernier point en pratique car il implique du personnel et du personnel formé au public des sans abris. Ces mesures temporaires posant implicitement la question de l’après coronavirus? Va-t-on alors tout arrêter, reprendre comme avant ou réfléchir sérieusement à la question et tenter d’y apporter les réponses nécessaires.

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Photo © Jean-Frédéric Hanssens

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