Et qui a inventé les lunettes?

Depuis l’apparition de l’homme sur la terre, il s’est appliqué, grâce à son intelligence et surtout, sa débrouillardise, à améliorer son confort dans une multitude de domaines.

Par exemple, comment remédier à la mauvaise vue alors que il y a tant de priorités pour se protéger, se nourrir, et arriver, sain et sauf, en fin de journée. S’aidaient-ils de cailloux translucides ? On n’en sait rien. Et pourtant, les recherches ont mené à la conviction que, dès le Xème siècle, les Chinois ont inventé des verres grossissants fixés dans une monture. Ces verres de cristal de roche étaient affinés par polissage.

Le temps s’est écoulé lentement, et, en Europe au XIIIème siècle, les moines, les gens d’Église, peignaient des enluminures superbes sur chaque page des livres sacrés, missels et manuscrits, qu’ils écrivaient à longueur de journée. Travail précieux et fastidieux usant la vue. Au même siècle, des savants, le moine Bacon en Angleterre et Alessandro en Italie, ont mis au point les premiers verres à correction. Il s’agissait de deux lentilles convexes, en cristal de roche, avec une monture placée devant les yeux. Ils arrivaient à corriger également la myopie grâce à des verres à surface concave. Le physicien italien, Degli Armati, a conçu une monture en pince-nez.

Mais comment sont-ils arrivés à ce progrès ?

On sait qu’à la verrerie de Murano, petite ville au nord de Venise, les Cristalleri ou faiseurs de verre, étaient les seuls au monde à détenir la formule de fabrication du verre. Cette formule devait être maintenue secrète sous peine de menace de mort. Jusqu’à la fin du XIIIème siècle, il s’agissait de créer des objets uniques en verre et en cristal. La grande révolution, c’est la découverte que, en meulant deux lentilles convexes on pouvait améliorer la vue ! Elles étaient alors fixées chacune dans un anneau en bois par une tige de maintien. On plaçait ce « double verre » devant les yeux, en le tenant par la tige. C’était alors appelé des « bésicles ».

Malgré les efforts pour préserver le marché de la fabrication révolutionnaire des lentilles, les scientifiques s’en sont emparés. Les Allemands ont remplacé les rivets par un arceau qui faisait un pont sur le nez. A partir du XVI siècle, l’emploi du cuivre, d’écaille de tortue, de corne ou d’os de baleine, d’argent ou de bronze, va rendre cet artisanat extrêmement coûteux, accessible uniquement à des gens riches.

Autre révolution au XVème siècle, la création de l’imprimerie par Johannesburg Gutenberg, en 1450. Enfin, la culture va être accessible au delà du clergé. Ce qui va propulser la fabrication des lunettes pour ceux qui en auront besoin. Qui aurait pensé que l’imprimerie et les lunettes feraient si bon ménage ! Le fait que l’information peut être publiée rapidement va déchaîner la gourmandise du savoir.

Depuis, les lunettes ont fait bien du chemin dans plusieurs pays. Des doubles verres, aux lunettes à branches, puis, autre évolution aux XVIIIème siècle aux Etats-Unis, les lunettes bifocales. Création par Benjamin Franklin. D’où le nom « verres de Franklin ». Les premières lunettes bifocales seront fabriquées pour Benjamin Franklin lui-même à sa demande, vers 1760. Mais les frais sont encore très élevés. Les moines, les seigneurs, les banquiers, les comptables, les riches artisans seront les premiers servis.

La recherche va s’approfondir sur l’amélioration des verres. De nouvelles études vont aboutir à la création de « bésicles clouantes » permettant une vue binoculaire pour préciser les distances. Au XIX SIÈCLE, en Angleterre, George Airy développe des verres pour corriger la vue. L’ère industrielle va notamment prendre le pas sur l’artisanat. La découverte de nouveaux matériaux, l’invention de la machine à vapeur vont faciliter le transport cmmercial. La société connaît alors un début de démocratisation des prix. Des meubles et des objets, construits en séries, permettent la vente à des prix plus accessibles.

Par contre, dans le domaine des lunettes, il faudra attendre la fin de la guerre 40/45, pour parler de réelle popularité. Pourquoi ? Si les premières montures, véritablement adaptées au visage et qui ne glissent pas, sont disponibles dès 1935, c’est grâce à l’arrivée du plastique qu’elles seront abordables pour tous.

Ce plastique, pratique, à la mode et peu coûteux, fait furie dans tous les domaines. Aujourd’hui, quelle ironie, ce matériel destructeur de la planète finira sans doute par être remplacé par le bois pour les montures, comme ce l’était pour les « bésicles d’antan » !