semaine 38

Au nom de Jésus Christ

Edito par Jean Rebuffat, le 09 juin 2023

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Assembler est pourtant un beau mot... Photo © Jean Rebuffat

L’attentat qui a eu lieu à Annecy ce jeudi est de ceux qui suscitent horreur et effroi. Il a été commis par un réfugié politique syrien résidant officiellement en Suède où il avait obtenu ce statut, raison pour laquelle on venait de le lui refuser en France, la demande étant sans objet. L’homme, 31 ans, semble être un malade mental. Il a poignardé des enfants en bas âge qui jouaient dans un parc de cette ville carte postale qui, comme tant d’autres, se pensait à l’abri des tourments du monde. Il n’a pas crié Allahou akbar, il a crié au nom de Jésus-Christ.

En d’autres temps, si la sidération était la même, ces événements tragiques amenaient une solidarité et une cohérence nationale, comme on a pu l’observer tant en Belgique qu’en France. À présent, en Belgique (lire l’édito de la semaine passée), la libération d’un otage ne va pas sans polémique et en France, le sale air de la peur est entonné par la droite, y compris par celle qui se targue d’être républicaine. Dans leur hâte d’être les premiers à hurler, divers hommes et femmes politiques de l’Hexagone ont bien entendu dénoncé le prétendu laxisme des autorités en fonçant sur la double supposition erronée qu’un demandeur d’asile syrien était certainement musulman et qu’il n’avait aucun droit à être là.

Ce n’est plus coupée en deux qu’elle est, la France, c’est en trois ou quatre morceaux, eux-mêmes éparpillés en différents courants. Tout s’y passe comme si le fantôme de la IVème République avait contourné la Constitution et le fonctionnement de la Vème. Tandis que dans l’indifférence générale, mardi, les plus obstinés des opposants à la réforme des retraites manifestaient en nombre toujours moindre à Paris et dans les villes de province, l’Assemblée nationale donnait une fois encore le spectacle d’une double opposition procédurière et d’une majorité relative du même tonneau, la pointe d’arrogance habituelle en plus.

Il y a un lien avec la guerre en Ukraine, qui figurera en bonne place parmi les tourments du monde dont je parlais. Faire sauter les barrages est certes un vieux réflexe militaire mais avant tout, extrêmement destructeur pour la nature, les gens, les récoltes et les constructions, sans compter les dangers issus du manque de refroidissement des centrales nucléaires. Tout de passe comme si, un peu partout, y compris en Amérique du Nord, la démesure prenait le pas sur la sagesse et comme si, à l’instar du climat, tout se déglinguait, se dépréciait et se déréglait. La surenchère est générale; il ne faudrait pas exonérer nos démocraties d’y échapper, même si c’est encore là qu’on y retrouve les îlots de résistance. Où sont les pacifistes, où sont les intellectuels, où sont les gens raisonnables, bienveillants et solidaires? On oublie que non, la guerre n’est pas une solution, que non, l’invective n’est pas un argument.

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