Aujourd'hui on blasphème

Pasta

Par | Penseur libre |
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© Wich

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Lecture 7 min.

Le mouvement féministe m’a permis, comme mec, de sortir de l’imbécile éducation masculine qui contraignait les jeunes mâles à des comportements stupides, stéréotypés (les garçons, ça pleure pas, étant le plus connu), notamment avec les filles.

Cette manipulation m’a sinon gâché ma jeunesse, du moins m’a empêché d’en jouir pleinement. Eh oui ! Pour être un mec, un vrai, fallait que je me comporte comme ceci ou comme cela, même quand ça ne me plaisait pas, sous peine de passer pour un minable sans couilles, même à mes propres yeux.

Cette prise de conscience est venue après 68, lorsque les filles ont commencé à la ramener et expliquer ce qu'elles étaient, en vrai.

Le changement ne s’est pas opéré d’un coup. ça a pris du temps, m’a valu quelques solides râteaux, la plupart mérités, ça a été pénible de se débarrasser du bourrage de crâne entamé dès l’enfance.  

Comme pour les religions, faut commencer tôt à remplir d’inepties le crâne des enfants, ne serait-ce que pour confirmer les parents dans leurs imbécilités.

Mais aujourd’hui, j’ai comme le sentiment que le féminisme, terme générique, car il recouvre pas mal de façons de l’appréhender et de le vivre, le féminisme, mouvement de libération pour les femmes et les hommes, devient une sorte de religion avec ses dogmes, ses prescrits et surtout ses interdits. 

Même les plus belles idées lorsqu’elles tombent dans les mains des intégristes deviennent des calamités. 

Le boycott du film de Polansky en est l’illustration. Ça relève du lynchage, non contre l’œuvre, mais contre l’auteur. Encore un bienfait des réseaux sociaux où l’on peut se faire un nom, atteindre enfin la gloire en affirmant n’importe quoi. Il suffit d’affirmer pour que ça devienne vrai. Comme pour les croyances : les mots servent de preuves.

Il se peut, en effet, que Polansky soit un prédateur sexuel, ce qui n’est pas très honorable et il est certain que la justice américaine l’a poursuivi pour des faits manifestement assez répréhensibles, mais on n’en sait guère plus. Seulement, avant de le considérer comme un violeur multirécidiviste, j’aimerais avoir des preuves, comme des jugements de justice, bien que je n’ai pas une confiance absolue dans l’institution judiciaire de n’importe quel pays. D’ailleurs, le film sur l’affaire Dreyfus montre que des jugements peuvent être parfaitement erronés et fondés sur des accusations entièrement fabriquées.

L’incertitude, contrairement à ce qu’affirment les rouleurs de mécaniques au pouvoir un peu partout sur notre planète en voie d’extinction, est la règle, c’est pourquoi il est des moments où il faut prudemment faire confiance, quitte à revoir plus tard son opinion.

Les femmes, en général et plus particulièrement dans les milieux artistiques (ce sont surtout d’elles dont parle l’actualité en ce moment), seraient-elles toutes des oies blanches, des petits chaperons rouges croqués toutes nues par de grands méchants loups ? Pas sûr ! Les vilains esprits machos peuvent aussi penser (rôôôôôh !) qu’elles ont fait tout ce qu’il fallait pour se retrouver dans le plumard du vilain monsieur, déjà connu pour ses vilaines manières, en échange d’un futur rôle dans un prochain film. Mais le bougre n’a peut-être pas tenu sa promesse, ou pas assez ! (Sans compter qu’au pieu c’était pas nécessairement une flèche, encore une soirée perdue, on comprend la rancœur).

Accuser quelqu’un simplement sur un témoignage dont personne ne sait s'il est vrai, ça ne rend service à personne, ni à la supposée victime qui peut passer pour une minable menteuse, ni au supposé prédateur qui passe pour une victime.

Un peu de retenue ferait du bien à tout le monde.

Je note, toujours à ce sujet, que si de nombreuses femmes portent plainte pour viol ou des gestes inconsidérés à leur égard, on n’entend jamais parler de poilus qui se sont retrouvés dans ce genre de situation. Pourtant, les prédateurs et les escrocs homosexuels ne manquent pas non plus dans toutes les professions ! J’en sais quelque chose. Un Grrrrrand mooooonsiiieur de la chaaaaanson, au tout début de mon impressionnante carrière (vous ne saviez pas ? Tssss !), m’avait laissé entendre, par l’intermédiaire de ce qui n’était qu’un rabatteur, qu’il m’aiderait volontiers à me mettre le pied à l’étrier. J’avais 19 ans et encore pas mal d’illusions que je me suis empressé de perdre afin d’en avoir vite de nouvelles. Je me suis tout de même aperçu, juste avant que l’irréparable ne se produise, qu’il avait l’intention, le Graaaand Mooooonsieur, de me mettre autre chose que le pied et ailleurs qu’à l’étrier. J’ai pu m’éclipser sans bruit et pas fier.

C’est l’métier !

Puisque je parle du côté pas sympa d’un incertain féminisme, je vais parler des putes.

Celles des rues et des vitrines. Ce sont celles-là qu’on veut « éradiquer », pas celles des palaces et du beau monde en général. On veut tellement le bien de nos pauvres qu’il faut au moins (et pas plus, naturellement), leur épargner le vice.

C’est très moche, très sale les putes de rues et de vitrines! et fringuées sans vergogne! elles font honte aux femmes et aux hommes propres sur eux dans un monde propre sur lui. Sans compter qu’il y a aussi des mecs qui font putes !

On voit de tout !

Par contre, ça ne dérange personne, voire on encourage officiellement des femmes et des hommes, afin d’assurer leur spaghetti bolo, à fabriquer tous les jours, sauf les week-ends, les jours fériés et les congés légaux, à la Fabrique Nationale de Herstal, toutes sortes d’objets très coûteux destinés à éviscérer, décerveler, écorcher, mutiler, tordre, broyer, brûler vif, énucléer, tuder (comme disait le Père Ubu) dans de longues et pénibles souffrances toutes sortes de gens, y compris femmes et enfants.

Ben oui, pas trop le choix, faut qu’il y ait du vermicelle dans la soupe ! Alors on y va au turbin, en pensant à autre chose.

Le saviez-vous ? Les putes, femelles ou mâles, c’est pareil. Ça doit bouffer, et ça peut même avoir des enfants. Il faut leur préparer le petit déj’ le matin, les conduire, puis rechercher à l’école et toutes ces sortes de choses d’une écœurante banalité, y compris les impôts ! faut pas croire que le fisc rigole avec ça. Mais ça ne leur donne droit à rien, par exemple la sécurité dans l’exercice de leur métier (si, si, c’en est un) contrairement au reste de la population.

Question : de ces deux catégories de travailleu§s, laquelle est la moins nuisible à l’humanité ?

La prostitution choisie, comme l’avortement relève du droit des individus à disposer librement de leur corps.

Nombre d’hommes et de femmes, à juste titre, défendent ce droit bec et ongle. Sauf pour les putes.

Bien sûr, dans le cas de la prostitution que l’on dit forcée, il y a les abominables proxénètes qu’il conviendrait d’éradiquer, eux. Je suis contre la peine de mort, mais d’apprendre que l’un ou l’autre se ferait dessouder de temps en temps ne m’arracherait pas une larme !

Evidemment, ça ferait moins d’indics pour les flics et ça, ça relève de l’ordre public, vous comprenez !

Ah oui, mais non, hein ! comme on dit à Bruxelles, si on commence à s’en prendre à tous ceux qui rackettent les moyens de production afin d’obliger à bosser pour eux, sans leur bouffer les dividendes, ceux qui n’ont rien d’autre que leur peau pour assurer la nouille sauce tomate, c’est l’Anarchie !

Maaaaman ! J’ai peur, Ravachol revient !

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Que le monstre en spaghetti volant vous touche de son appendice nouilleux.

Ramen

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