Non, non, non, non BHL n'est pas mort, non, non, non, non il aime toujours les tartes à la crème

Pasta

Par | Penseur libre |
le

© Wich

commentaires 0 Partager
Lecture 6 min.

Je m’inquiétais récemment de l’étonnant quoique réconfortant silence de Bernard-Henri Lévy à propos du Covid 19.  Dérouté par le confinement, aurait-il oublié de signaler son décès à la presse ?

Allons ! que les inquiétudes, légitimes, soient levées, il cause toujours! Les patissiers sont impatients de tester leurs nouvelles tartes à la crème.

Je n’ai pas lu son dernier ouvrage. « Ce virus qui rend fou » (il n'est pas précisé s’il s’agit d’un essai autobiographique, ni de quel virus il s'agit).

Comme disait Cavanna « Je l’ai pas lu, je l’ai pas vu, mais j’en ai entendu parler ». Attention toutefois ! j’en ai entendu parler par l’auteur lui-même, le 1er Juin sur France Info. Est-il meilleure source que le recordman du monde de tarte à la crème lui-même pour se sentir dispensé de la lecture des cent douze longues pages qu'il vient de produire? Evidemment, non !

Tout d’abord, d’un point de vue émotionnel, l’abonné préféré de Noël Godin, l’entarteur, laisse entendre que durant toute cette période de confinement, il régnait une peur terrible sur l’ensemble de la planète. A-t-il lui-même tremblé ?

Oui ! :

« Je redoute un monde barricadé, avec ses gels hydroalcooliques, avec ses chiens labradors dressés à renifler les porteurs de Covid (…) Ce monde de maîtres-chiens où nos maîtres seraient des chiens et nous traiteraient comme des chiens, je l’ai vu se profiler, et j’en ai une peur bleue ».

Terrifiant, non ? On comprend mieux le titre de son livre.

Big Brother ? Un gamin en culottes courtes dans la cour de récré !

Et vous ? Oui vous, là ! Vous ne vous rappelez déjà plus de vos terreurs covidiennes ? Tssss ! Heureusement qu’il y a des hommes de la trempe de BHL pour oser rappeler ces moments tragiques, si vite oubliés par vos têtes de linotte, toutes à la joie du déconfinnement.

Le téméraire baroudeur en chemise blanche immaculée, lui, a gardé le souvenir de terrifiantes journées et nuits, dans les pays de barbarie, confiné dans des hôtels cinq étoiles et sous la protection de gardiens armés jusqu’aux dents, comme il est d’usage pour les populations de ces malheureux pays. BHL aime partager les difficultés du petit peuple. Il nous l’a montré au cours de reportages flamboyants, où, cheveux aux vents violents du désert, mais toujours élégant, entouré d’une nombreuse équipe de photographes, assistants, maquilleur§s, gardes du corps, etc.il arpentait, héros solitaire, mais déterminé, les contrées ravagées par la guerre et le terrorisme. Le Café de Flore et les Deux Magots, à Saint-Germain-des-Prés, autrefois terrains d’aventures, étant passés de mode, il fallait conquérir d’autres espaces. La vie de philosophe professionnel est une constante et dangereuse remise en question.

Néanmoins, comme Comte Sponville, il ne manque pas de nous rappeler que tout à notre terreur de nous faire intuber, (oui correcteur, j’ai bien écrit INtubé) nous avons oublié les souffrances que traverse notamment la Lybie, dans lesquelles, reconnaissons-lui ce mérite, notre bavard n’est pas pour rien. Avec son ami Sarkozy il fut l’artisan de l’émouvant et tellement photogénique désastre actuel. Modeste, il ne s’en vante pas. Il est vrai, comme je le soulignais la semaine dernière, ou quelque chose comme ça, qu’à part dans les discours des philosophes médiatiques, on ne se soucie guère des souffrances humaines, sinon pour marquer des points dans la conversation et faire pleurer l’audimat.

Mais, effet de mode chez les philosophards Germanopratins ? Comme Comte Sponvile, Lévy craint par-dessus tout la dictature des médecins, ces effroyables staliniens; libertaire peut-être même plus que Ravachol, il s’étonne de la soumission immédiate des populations aux diktats des morticoles empêcheurs d’attraper des maladies à sa guise, déterminés à nous guérir à condition qu'on le leur demande. Et poliment en plus, peut-être? Heureusement qu’il y a cette barrière légale, sinon ils seraient capables de nous guérir même si on n’était pas malades. 

BHL ne nous dit pas s’il s’est incliné, ou, au contraire, narines largement ouvertes au vent la liberté covidesque, il s’est courageusement promené dans les rues désertes, prêt à affronter le virus, à mains nues s’il le fallait. On ne saura jamais. Les photographes, couards et soumis n’osaient plus sortir de chez eux. C’est vrai ça ! regardez Jean-Frédéric Hanssens : pas une seule photo du virus en train de dévorer un petit vieux; c’est vous dire l’état mental de la profession durant la terreur covidaise.

Petite parenthèse. Récemment l’éditorial du rédac chef d’un grand quotidien belge, s’étonnait, mais pour s’en féliciter, lui, que même des libertaires endurcis s’étaient pliés sans rechigner aux mesures sanitaires du gouvernement. J’ai fréquenté pas mal de libertaires endurcis, mais je n’ai jamais entendu parler d’un§ qui, par exemple lors de l’incendie de sa maison, se soit précipité dans les flammes en criant « J’emmerde les pompiers ! ». Les anarchistes ne sont plus ce qu’ils étaient. Tout fout le camp.

D’ailleurs, d’après BHL, fin analyste des réalités de ce monde, ce sont les politiques qui doivent décider des mesures à prendre lors des pandémies, pas les toubibs. Il se dit ulcéré par leurs débats, leurs attitudes, hautaines, prétentieuses, se contredisant, détenteurs de vérité, sans respect pour leurs contradicteurs.  A l’en croire on se serait cru au milieu d’une de ces charmantes empoignades entre philosophes. Faut-il voir là une pointe de dépit de n’avoir pas été convié aux débats ? Sûr qu’il y aurait laissé sa marque.

Par contre, nous sommes hélas privés de son avis sur l’éminent professeur Donald Coin-Coin Trump, le plus grand président du monde, découvreur de l’eau de javel en intraveineuses, ou n’importe quelle autre voie pour tuder (Père Ubu dixit) le Covid. 

Comme le malheureux Raoult, il fut peu suivi.

Peu suivi, Raoult, mais tout de même poursuivi, ou en voie de l’être, nous dit le Canard Enchainé de cette semaine, pour s’être livré à des expériences chloroquinesques, sur au moins un malade sans lui demander son avis. On ne sait pas si le patient est mort, guéri en plus. Ce serait bien le moins.

Je propose aux critiques littéraires, dorénavant, de classer les ouvrages de philosophes non pas comme dans la presse avec un certain nombre d'étoiles, mais un nombre de symboles représentant des tartes à la crème. Au doigt mouillé, celui de BHL pourrait bien faire dans les cinq tartes.

Que le Monstre en Spaghetti Volant vous touche de son appendice nouilleux.

Il semble que vous appréciez cet article

Notre site est gratuit, mais coûte de l’argent. Aidez-nous à maintenir notre indépendance avec un micropaiement.

Merci !

Ramen.

 

commentaires 0 Partager

Inscrivez-vous à notre infolettre pour rester informé.

Chaque samedi le meilleur de la semaine.

/ Du même auteur /

Toutes les billets

/ Commentaires /

Avant de commencer…

Bienvenue dans l'espace de discussion qu'Entreleslignes met à disposition.

Nous favorisons le débat ouvert et respectueux. Les contributions doivent respecter les limites de la liberté d'expression, sous peine de non-publication. Les propos tenus peuvent engager juridiquement. 

Pour en savoir plus, cliquez ici.

Cet espace nécessite de s’identifier

Créer votre compte J’ai déjà un compte