Viva la calotte!

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Par | Penseur libre |
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Lecture 8 min.

Dans La Libre Belgique, mon amer missel, le 6/10/20, une rubrique du chroniqueur plein de grâce (amateurs de contrepèteries, rire discrètement, s’il vous plaît) Eric de Beukelaer, abbé de son état : « Après le masque, le voile… »
Il y disserte de son costume « clergyman » qu’il porte comme signe d’appartenance au clergé catho. Signe nullement obligatoire, même pour un prêtre. Certains ne portent rien, sauf dans la rue. Là, ils sont vêtus en pékins ordinaires. Si bien qu’on ne les remarque pas; il n’est plus guère possible au bouffeur de curés traditionnel de faire « croa, croa » en les croisant sur son chemin.
Pour les porteurs de « clergyman », cette forme de salutation a également disparu. Nos vieilles traditions anticléricales foutent le camp, notre folklore s’en va.
Mais ne vous avisez pas de saluer de la même manière une sorte de fantôme recouvert de voiles noirs des pieds à la tête. Vous seriez alors considéré comme islamophobe, c’est-à-dire raciste, puisque la religion musulmane semble être une race. Ce n’est certes que sous-entendu, mais ne demande qu’à être exprimé officiellement. On s’y emploie.
Non seulement raciste, mais encore pire : féministophobe ! Car l’islam, comme chacun sait, est particulièrement soucieux de l’émancipation des femmes.
Revenons-en à notre chroniqueur. Il considère, et je partage totalement son avis, que dans la rue, chacun§ est libre de s’habiller comme il le (la? En écriture inclusive ?) souhaite, même si ça ne nous plaît pas.
Il souligne que s’il a choisi, pour des raisons perso, de porter ce vêtement distinctif en public, il est des circonstances, tout aussi publiques où il en porte d’autres, anonymes.
Il se demande alors si, vivant dans un pays où il n’y aurait pas de financement des cultes, formé au Droit, il deviendrait  fonctionnaire pour gagner sa vie et devrait, par exemple, siéger comme magistrat, habillé en clergyman. Il n’est pas convaincu de l’approbation du public.
Il conclut : « Un signe d’appartenance religieuse est fécond, à condition de ne pas se muer en carapace qui colle à la peau. Car alors il devient un fétiche, voire une idole… qui voile la relation à Dieu ».
Ce qui a, semble-t-il, une certaine importance pour les amis de l’invisible ami.
Applaudissons tout de même Monsieur l’Abbé, lequel donnerait à réfléchir (voir ce mot) aux élus « progressistes » comme Rachid Madrane ou aux édiles communaux de Molenbeek. Il est vrai qu’un amateur peut très bien être élu du peuple, mais passer pro demande parfois d’aller au persil. En argot parisien, faire le trottoir, comme le micro du même nom). C’est l’métier.

Certain§s vont voir dans mes mauvaises lectures un début de conversion. Je prends des risques, je m’inquiète moi-même, car me voilà encore en phase lorsque dans le même journal, plus tard, je lis ce que le pape François écrit à propos du dogme néolibéral « c’est une pensée pauvre, répétitive, qui propose toujours les mêmes recettes face à tous les défis. Le néolibéralisme ne fait que se reproduire lui-même ». C’est court, clair et bien vu. Quoique le dogme catholique… finalement le néolibéralisme n’est qu’un sale copieur. Les marxistes ont eux aussi bien pompé. L’Eglise, modèle universel, catholique, comme elle se dit. Ah! Si elle avait été ce qu’elle prétend être…
Mais bon, un homme que la droite libérale américaine traite de marxiste, d’homme le plus dangereux du monde, ne peut pas être foncièrement mauvais.

D’autres églises, les écoles de commerce, ce n’est pas nouveau endoctrinent et encouragent notre belle jeunesse à vendre n’importe quoi, même si c’est nuisible à l’humanité. Elles n’enseignent pas rigoureusement à leurs élèves la morale ou l’éthique, mais à faire gagner sans vergogne un max de fric aux actionnaires des entreprises (et par « ruissellement » Libéral, à eux-mêmes), quoiqu’il advienne. Du moins tant qu’on ne les met pas en prison.
Emporté par la passion, j’exagère comme d’habitude : je ne pense pas qu’on enseigne la vente du Zyclon B à HEC ou à Solvay. De nos jours, ce serait mauvais pour l’image.
Guillaume Boutin est Chief Excutive officer chez Proximus. Aujourd’hui, la scolastique néolibérale exige des titres en pataouète américain pour épastrouiller et faire se ratatiner devant tant de science supposée le pleu-pleu moyen, tout honteux d’avoir simplement une licence ou un doctorat en ceci ou cela, d’être, un peu honteusement, simplement directeur ici ou là, patron de bistrot, épicier en gros, etc.
Quand on sort de ces grandes écoles, on est successivement, comme Boutin,« Chief Consumer Market Officer. », Director Chairman Office, Chief Financial Officer et Chief Marketing Officer. Pour faire joli dans son CV notre ami a suivi un Customer-Specific Program (CSP), plus un petit complément à la Marketing Academy (High selective program for Top European CMO’s).
Dans la vraie vie, en français d’ici, il est modestement ingénieur en télécommunication. Même pas polytechnicien! Tsss! « Telecommunications engineer » ça ferait un peu moins petzouille quand même.  
Il veut à tout prix nous fourguer la 5G, Boutin, c’est son métier pour l’instant.  Mais pas n’importe laquelle.
D’abord, elle sera respectueuse de l’environnement.  Aujourd’hui, même Monsanto est respectueux de l’environnement. Attention ! Boutin le déclare du haut de ses diplômes et fonctions (diplomas and functions) « on ne peut plus opposer “Green” et “Digital” dit-il ! Une évidence scientifique qu’il a découverte lui-même le matin en se rasant. Si ça avait été “Vert” et “Numérique”, il n’aurait pas osé en parler, de peur du ridicule. Mais en anglais-marketing on peut proférer n’importe quelle connerie, ça connote sérieux. Et plus c’est con, plus c’est pris au sérieux.
Si, si, on va avoir besoin de la 5G, dit Boutin, c’est indispensable à notre bien être de consommateurs :
- L’indispensable reconnaissance faciale policière, par exemple, pourra s’étendre et s’améliorer en efficacité pour notre sécurité à tous; elle sera garantie sans colorants.
- Les “objets connectés” qui permettent déjà de tout savoir sur les pratiques, les goûts de leurs propriétaires afin de leur vendre encore d’autres inutiles saloperies, seront “greens” comme des petits pois cueillis tout frais du jardin, promis !
- Tous les fabricants et marchands d’objets destinés à finir le plus rapidement possible aux ordures, vont pouvoir se lâcher. Ça va créer de l’emploi. Durable. En fonction du marché.
- Rien que du bon, green et digital.
Ça consommera une énergie dingue, mais c’est pas grave, ce sera de l’énergie “green”.  On ne sait pas laquelle ni comment elle le deviendra, mais elle sera « green », circulez, y a rien à voir.
Boutin parle de planter des arbres pour compenser les dégâts ! On les plantera où ? Pas sur les autoroutes en tout cas, il y faudra encore plus de la place pour les SUV et les mobylettes connecté§s. En Amazonie peut-être ? Bolsonaro adore contempler de son balcon les feux de forêt, le soir dans la splendeur du crépuscule. Aidons un amoureux de la nature.
Bref, notre CEO, (c’est quand même autre chose que Président Directeur Général, un peu rural), déploie son étal de boniments : “Allons-y les ménagères, tout doit disparaître !” C’est très convaincant. Aussi convaincant que Trump affirmant qu’une société plus raciste, permettrait :
- Plus de respect des honnêtes gens (avec, bien entendu, une protection rapprochée de gentils vigiles pour un prix abordable).
- Beaucoup plus d’indispensable chaleur humaine (fournie par nos hauts-fourneaux “greens” moyennant un abonnement mensualisé)
- Un peu moins d’égoïsme dans nos sociétés. ( Grâce à une assurance “convialité” à un prix promo).
Orwell a écrit « 1984 » pour se payer les communistes et notamment leur « Novlangue », (La guerre, c’est la paix, etc.) ce sont les écoles de commerce qui se chargent de la mise en oeuvre. Et de rire!  

Ça vous fatigue pas un peu ces zozos aussi ineptes que malfaisants ?
Ah ! Vous préparez le goudron et les plumes ! Très bien, mais prononcez “tar and feathers” ils comprendront mieux.
Que le Monstre en Spaghetti Volant vous touche de son appendice nouilleux.
Ramen.

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