Deux façons d'être branché

À table avec l'Ogre

Par | Journaliste |
le

Reportage photographique © J. Rebuffat

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Lecture 5 min.

Découvrir des endroits, c'est le rêve de tout critique culinaire ou gastronomique qui se respecte. C'est dire la prévention qu'il peut avoir quand il se décide, finalement, à fréquenter quelques endroits à la mode. La branchitude s'explique-t-elle par le décor, le principe ou tout simplement parce que c'est bon? Enquête chez Tero d'abord et puis nous irons dire bonsoir à Clara.

On ne peut pas imaginer deux endroits aussi dissemblables. L'Ogreline, qui est sensible aux ambiances et aux espaces, a adoré Bonsoir Clara et par contraste, j'en ai déduit que le côté hall de gare bien éclairé de chez Tero ne lui avait finalement pas tellement plu. Mais moi, j'aime bien, comme disait souvent feu ma petite sœur. J'aime les décors clairs, les tables en bois épais et les serviettes blanches. Cependant, dans les deux cas, si Clara joue du tamis et colorie tout tandis que Tero est à dominante claire, inutile d'espérer une intimité extrême : vous entendrez la conversation de vos voisins, laquelle vous rappellera immédiatement que ce qui est branchouille est snob et que la vacuité n'est pas que celle du verre dont on a lapé jusqu'à la dernière goutte.

Mais reprenons l'ordre chronologique. Tero non seulement fait partie de ces restaurants qui pratiquent les petites portions et incitent à les partager mais encore de ceux qui mettent l'accent sur le naturel des produits qui proviennent – mais pas tous – d'une ferme bio à eux ou d'autres producteurs belges, car amis belges, ici, on sert du belge, qu'on se le dise.

C'est vrai par exemple des légumes et du cochon. La carte est courte, quelques entrées chaudes ou froides, des légumes, un poisson, une viande... On l'examine en sirotant un apéritif.

Franchement, c'est bon, à des prix presque raisonnables (de 7 à 14 euros), mais il faut tenir compte que nous avons tout de même boulotté trois entrées chaudes, deux légumes (dont une tarte Tatin à la patate douce que l'Ogreline a adoré ; personnellement j'ai préféré la betterave, plus onctueuse, parfaite en cuisson), une viande (le cochon, justement)

et un poisson, avant une assiette de fromage et une gaufre de Bruxelles.

Soit à peu près le double de ce qu'on suggère. J'en suis bien d'accord : nous sommes gourmands et en sortant, l'estomac était bien rempli. Quant aux vins, nous avons choisi ceux qu'on nous proposait au verre, un blanc corse qui démarrait fort mais qui n'avait que peu de longueur en bouche, un château Malartic de très bonne tenue et une syrah espagnole qui se défendait assez. La carte des boissons elle-même est bien plus longue que celle des mets et on y distingue des bières et des jus (l'Ogreline a conclu le repas par un jus de pomme chaud).

Bref que retenir ? Que le concept n'est pas trahi, cuissons lentes, présentations soignées et recherche de l'originalité et de la simplicité en même temps.

Tout cela digéré (laissez-nous quelques jours, tout de même!), cap sur la rue Antoine Dansaert qui est par elle-même un symbole du Bruxelles branché. Quartier dit flamand où boutiques et restos alternent dans des rues glacées où les meurtrissures de l'hiver semblent avoir concentré les SDF... On se donne bonne conscience en apprenant qu'un abri chaud leur fut proposé quelques minutes plus tôt mais qu'ils préfèrent la rue, bonsoir Madame, bonsoir Monsieur, merci pour l'attention et bon amusement.

Il est tard : non loin de 21 heures, mais dans la pénombre nous attend notre table rapidement garnie du kir royal maison (à l'alcool de violette) vite bu vite oublié et remplacé (très) promptement par une bouteille de Cairanne qui s’avérera excellente (il est vrai qu'elle est à 35 euros, mais il y a des vins moins chers).

C'est que le choix a été vite fait. La carte est assez longue et du genre plutôt français classique, encore que quelques plats fassent mode, comme le bouillon au canard de l'Ogreline, ravie de l'avaler bien chaud

Quant à moi, c'est du foie gras maison, une belle portion

Puis l'un reste dans le classique des classiques, une belle pièce de bœuf irlandais, et l'autre y revient en réclamant un carré d'agneau. Les prix sont raisonnables, moins de 25 euros, surtout quand on tient compte de la quantité (cinq côtes et un bon quart de kilo) et de la qualité

L'Ogreline et moi avons échangé nos plats à mi-parcours (raison pour laquelle le bœuf n'était pas bleu ni l'agneau rosé) et après avoir tout fini, elle même les frites maison, moi même le vin, pour faire léger, avons pris une glace, dont une dame blanche qui ne dénotait pas avec mon choix des grands classiques. En fait je les aime bien, moi, ces grands classiques. Une dame blanche, pour être vraiment, doit comporter une base de glace à la vanille de préférence de qualité servie très froide afin que l'excellent chocolat noir fondu et servi très chaud puisse se figer et croquer sous la dent sans que la glace ressemble à un milk shake en cinq secondes. Eh bien elle était comme ça

Essayez, vous verrez, et si la fantaisie vous prend d'en tenter une chez vous, s'il vous plaît, faites simple : pas de fioritures genre petites amandes effilées ou une boule moka au milieu.

Un peu de rigueur ne messied pas, ai-je philosophé en remontant jusqu'au petit Sablon où la fontaine était gelée, exactement comme la glace

Bonsoir Clara, rue Antoine Dansaert 22-26, 1000 Bruxelles

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Tero, rue Saint-Bernard 1, 1060 Bruxelles.

 

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