Le racisme, ce poison de notre histoire

Zooms curieux

Par | Journaliste |
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La couverture de la bande dessinée rendant au passage un hommage clin d’œil à notre collègue Colette Braeckman.

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Et donc notre futur ex-Premier ministre Charles Michel s’est excusé, au nom de la Nation, pour le drame vécu par des centaines, des milliers d’enfants métis issus des relations entre colons belges et jeunes femmes congolaises placées sous leur domination.

Enfants arrachés à leur mère mais aussi, parfois, à l’affection de leur père. Enfants abandonnés lors de l’indépendance. Enfants transvasés dans notre froid pays pour rester au sein de notre sainte mère l’église catholique. Enfants privés de leur identité et cultivés dans nos écoles dénigrant leur culture d’origine. Enfants rejetés chez les Congolais parce que blancs et par les Belges parce que noirs. Que de souffrances méconnues, occultées.

C’est vrai que des excuses ne suffisent pas et qu’il faut peut-être passer par un jugement d’un Tribunal pénal international pour crimes contre l’humanité. Mais notre premier devoir est sans doute de reconnaître cette tragédie, de l’imprimer dans nos mémoires, de l’insérer dans notre histoire afin de lutter contre ce racisme qui est, en définitive, un poison de l’histoire.

Notre histoire commune, Belges et Congolais, s’écrit heureusement par un combat culturel et historique. A ce propos, je vous recommande la bande dessinée de ce grand artiste congolais qu’est Barly Baruti : « Le singe jaune », où le dessinateur et le scénariste Christophe Cassiau-Haurie mettent en scène, avec humour et tendresse, une journaliste intrépide au cœur d’artichaut Paulette Blackman, hommage délicat et souriant à notre grande Colette Braeckman qui, depuis tant d’années, inscrit dans notre histoire – à travers ses reportages -  celle des Congolais.

Elle est aidée dans son reportage par un métis, un homme extraordinaire à la recherche de son père et de son identité et qui trouve sa vocation, son bonheur dans son Congo villageois retrouvé. Toutes les interrogations sur les identités, sur la colonisation, sur le développement agricole des villages, sur les « enfants soldats » se retrouvent esquissées dans cet album émaillé de pointes d’humour, de tendresse, d’humanité.

Voilà qui constitue une belle initiation au respect des différences, à la quête historique mais aussi initiatique des identités multiples qui nous habitent. Pour ces enfants et petits-enfants des métis, la leçon est claire : notre humanité est faite de métissages ; ceux-ci l’enrichissent pour autant qu’ils se fassent dans l’amour, dans la bienveillance, dans le respect de l’autre. En cette période où surgissent les monstres de l’extrême-droite, du fanatisme sectaire, plus que jamais ce message d’humanité doit circuler dans les classes, dans les familles, dans les salles de spectacle, dans les partis politiques, etc. En ce moment où l’on commémore le génocide des Tutsi au Rwanda, il nous faut rappeler que l’autre c’est nous aussi. Il n’y a pas « eux » contre « nous ». Il y a des humains, égaux en droit et en dignité.

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  • « Le singe jaune », par Barly Baruti et Christophe Cassiau-Haurie. Ed. Glénat. 2018.
  • A revoir : l’enquête sur « Les enfants mulâtres de Saves », menée par la journaliste de la RTBF Aline Wavreille, soutenue par le Fonds pour le Journalisme et qui a obtenu le prix de journalisme 2011 du parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. http://www.fondspourlejournalisme.be/vitrine/Enfants-metis

 

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