Une histoire entre frangins

l’œil et l’oreille

Par | Journaliste |
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Perso, moi, j'adore le gamin au vélo. Bon, il est vrai que des Dardenne, j'ai tout vu. Et vous, amis belges? Capture d'écran du site de l'Institut Lumière

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La belgitude est un mélange de fierté et de complexe d'infériorité. Et c'est vrai en matière cinématographique comme en tout. Les Belges sont très fiers, assurément, d'entendre sans cesse vanter les mérites des frères Dardenne (qui sont d'ailleurs de Seraing, sauf que l'un habite à Bruxelles). Lesdits frères viennent encore de rafler une distinction flatteuse, le prix Lumière, décerné à Lyon, ville natale de ces autres frères que furent les Lumière. Du coup, ils ont été appelés à tourner un remake du célèbre film pionnier de quelques instants que fut La sortie des usines Lumière. Très bien. En même temps, les mêmes Belges pensent en moyenne que les frères Dardenne, c'est super pour les palmarès et la renommée du plat pays qui est le leur, comme les Diables rouges, la bière et le chocolat, mais que ça doit être très ennuyeux, ces films misérabilistes, à connotation sociale, et que rien ne vaut un bon blockbuster.

Eh bien laissez-moi leur dire que les Dardenne sont vraiment de grands cinéastes. Leurs films sont loin d'être ennuyeux; ils sont impeccablement scénarisés, subtilement mis en scène et parfaitement interprétés; les leçons qu'ils suggèrent ne sont pas idiotes et souvent, précèdent une actualité qui, c'est vrai, n'est pas toujours rose. Ainsi, leur dernier opus, Le jeune Ahmed, est l'histoire d'un gamin qui essaie de tuer sa prof.

Je vais vous dire le secret des chefs d’œuvre. Vous croyez que l'actualité sérésienne ne peut intéresser personne? Eh bien pour aboutir à l'universalité, rien de tel que prendre un exemple particulier transcendant, Pagnol l'avait déjà montré. Parce que croyez-moi, des Rosetta, il y en a partout. Certes, il me semble que la misère serait moins pénible au soleil, c'est chouette, le Midi, on y passe ses vacances, non, et qui les passe à Liège?

J'ajoute encore qu'ils ont lancé la carrière de plein d'acteurs locaux qui ensuite, se sont faits arracher par le cinéma hexagonal où ils ont réussi de belles et longues carrières.

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Juste retour des choses, leur notoriété leur permet de recruter des acteurs (surtout des actrices, d'ailleurs) ayant fait leur trou en République. Et franchement, dans Deux jours, une nuit, arriver à faire donner à Marion Cotillard un soupçon imperceptible d'accent liégeois, si ça n'est pas un exploit, qu'est-ce, un exploit?

La seule chose qui leur manque encore, mais Kenneth Loach y est parvenu, je ne désespère pas, c'est de tourner une comédie. Parce qu'après tout, le ciel n'est pas toujours nuageux à Seraing.

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