Quatre sonnets
Chemin nocturne
mais je devine le temps qui vente
derrière la fenêtre fermée
c’était une nuit d’épouvante
une nuit d’ombre et de fumée
à travers les rideaux écrus
perçait une aurore timide
comme une rumeur à quoi l’on crut
le ciel était rose et humide
et j’étais pantelant livide
à l’idée du jour qui venait
avec sa robe bleue liquide
et j’étais comme un arbre vide
comme une mer qui pleure du nez
au milieu d’un jour apatride
Chemin diurne
aigrette cendrée du faubourg
dans le gris sale des grandes villes
voilà que l’hiver à la bourre
revient neiger dur et fragile
on voit dans le ciel les baleines
des nuées noires et lointaines
on s’emmitoufle dans la laine
le jour muet met ses mitaines
et de ses doigts blancs et glacés
le jour accroche au flanc blême
de mon sommeil recommencé
sa tendre armure défaussée
je suis de mon rêve l’emblème
et je verse dans le fossé
Sonnet sonnant
c’est au bout d’un petit moment
comme par un tour de passe-passe
que se lève l’aube et s’efface
la nuit tranquille comme eau dormant
les musiques du jour naissant
accompagnent dame lumière
qui claudique danse et hume hier
comme un rêve rouge de sang
le pâle rideau de la chambre
laisse passer une rumeur
de rose thé de thym et d’ambre
le tendre et onctueux dormeur
sent doucement durcir son membre
au ventre du sommeil qui meurt
Une aube utile
le jour est décidément là
j’entends le cri noir des choucas
le ronflement du ciel lilas
j’entends le familier fracas
du camion poubelle qui passe
dans la rue que s’est-il passé
que voulez-vous que ça me fasse
on parle d’un soleil lassé
dont les rais se brisent au vent
et qui aurait plié l’échine
je fais un rêve émouvant
c’est une drôle de machine
que rêver d’être encore enfant
un rêve fané qui s’échine
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