Après moi les mouches

Poing de vue

Par | Journaliste |
le

Il a raison, le velociraptor qui parle à la tribune de l'Onu. (Capture d'écran)

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Ainsi donc, le calendrier met en évidence deux événements qui ne devraient en faire qu’un seul: la COP26 et le G20.  Comment peut-on imaginer un seul instant que les objectifs de la COP n’aient aucune influence sur les discussions du G20... alors que de toute évidence, les états les plus riches jouent avant tout leur carte personnelle et que la reprise économique postcovid (si la pandémie s’enraie vraiment...) passe avant toutes les autres considérations, serait-ce l’avenir de la planète.

Cette semaine, tout le monde a vu ce brave dinosaure prenant la parole aux Nations Unies pour dire qu’en fait d’extinction massive des espèces, il en connaissait un bout, et qu’eux au moins avaient une excuse, l’astéroïde qui avait d’un coup perturbé les conditions climatiques de la planète, alors que nous, espèce supposée plus évoluée, y sommes allés progressivement, disons en deux siècles et demi, mais que nous continuons à baser notre système sur les énergies fossiles. Le dino aux mâchoires acérées s’est exclamé: “Imagine-t-on notre espèce votant des crédits massifs au bénéfice des astéroïdes? Cessez de financer ce qui vous tue!”

Pourtant il n’y a pas d’autre voie que le multilatéralisme. Le G20 porte en lui sa malédiction: ce sont les premiers de cordées qui discutent. Or la lutte contre le dérèglement climatique, c’est comme celle contre la pandémie: elle n’a de sens que planétaire. Tout le monde a son mot à dire. Tout le monde a son effort à faire. Et la solidarité n’est pas simplement belle en soi, elle est aussi indispensable. Quand on voit l’empreinte carbonée de la Chine, on frémit. Mais, dira-t-on, la Chine aussi a le droit de se développer! Il est facile, quand on vit dans un pays dit développé, bien installé dans son développement qui a précédé celui des autres pour des raisons parfois purement géographiques ou démographiques, de faire la leçon aux autres... Depuis cinquante ans, qui ignore encore que consommer une planète et demie par an, c’est de la folie?

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Ah mais, entend-on, fort bien, mais notre énergie? Et de recharger la chaudière à charbon en Chine, en Pologne ou en Allemagne... Et de réfléchir au retour du nucléaire, largement disséminé (!) dans de petites centrales très sûres, si si, on vous le dit...

On voit bien que le changement de paradigme est indispensable. Oui, il est en cours, mais si lentement! Surtout, ne pas faire varier les objectifs, définis en 2015 à la COP21, à Paris. Car là aussi, qui l’ignore? Tout le monde va tricher un peu comme les automobilistes avec les limitations de vitesse, 33 au lieu de 30, 134 au lieu de 130... Remontez l’objectif et il reculera d’autant. La COP a au moins le mérite d’exister et de dire, certes plus au moins hypocritement, qu’il faut y tendre, et vite, même si hélas, les résultats tangibles ne se remarqueront pas tout de suite, source de découragement et de démobilisation. Le célèbre “après moi les mouches” - avec ce constat: il n’y a plus de mouches.

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