Deux démocraties. Enfin, plus ou moins

Poing de vue

Par | Journaliste |
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Le Flamand retardé par la paresse wallonne (allégorie d'extrême droite). Capture d'écran.

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Depuis les élections du 26 mai, on entend partout la célèbre formule selon laquelle la Belgique serait une superposition de deux démocraties. La formule vaut ce qu'elle vaut – au vu des résultats, on peut se demander s'il n’y en a pas qu'une seule, en effet. Car en Flandre, la poussée de l'extrême-droite s'ajoutant au fait que la droite extrême reste loin en tête, le socle de valeurs communes qui permet au mot démocratie d'avoir un sens a été ébranlé. Mais partons néanmoins de cette hypothèse. Que le nord d'une part, Bruxelles et le sud de l’autre n’ont pas voté de même est d’une clarté aveuglante, tellement aveuglante même que personne ne sait comment on pourrait construire une majorité fédérale. D’ailleurs il n’y a guère qu’en Wallonie et à Bruxelles où l’on pressent les majorités régionales qui pourraient s’installer. En Flandre, NVA et Vlaams belang ont besoin d’un partenaire pour gouverner et à première vue, aucun parti n’est candidat.

Le premier constat, devant cette bipolarisation, est d’observer qu’en général, comme l’histoire nous l’apprend et l’actualité européenne le confirme, il se trouvera bien un parti conservateur qui pensera, en faisant l’appoint, maîtriser l’attelage tirant à droite. Mais le second est spécifiquement belge. La chambre élue est certes constituante mais limitée dans une éventuelle révision par la liste étroite des articles modifiables. Officiellement, les francophones veulent d’abord que la sixième réforme de l’état soit digérée avant de discuter d’une éventuelle septième. En réalité, ils jouent la montre et le mot confédéralisme les terrifient comme le mot fédéralisme tétanisait il y a quarante ou cinquante ans. Que le nationalisme flamand veuille ou non la mort de la Belgique est une erreur de perspective. Dans l’état actuel des choses, casser la Belgique n’est pas compliqué qu’au niveau belge ; cela l’est aussi au niveau européen. Le confédéralisme peut donc apparaître comme un accommodement raisonnable à la volonté séparatiste flamande.

Jusqu’ici, pour des raisons pratiques et idéologiques, le problème a été pris à l’envers. Au lieu de se poser la question de savoir ce qu’on veut garder en commun, on s’est demandé ce qu’on pouvait transférer aux régions et communautés. Mais on sent bien qu’un jour, il faudra que cette discussion fondamentale se déroule. Ce n’est pas parce qu’on n’est pas demandeur de l’examiner qu’un problème n’existe pas.

 

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