Le Brexit et les vieilles centrales

Poing de vue

Par | Journaliste |
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Nous sommes à la veille du Brexit et des deux côtés, les positions se crispent autour d'un point insoluble: la frontière intra-irlandaise. Bref on risque d'aller dans le mur faute de vouloir en reconstruire un. Comment faire en sorte qu'il n'y ait pas de frontière entre l'Irlande du Nord, partie du Royaume-Uni, et la République irlandaise, membre de l'Union européenne, alors qu'il en faut une – c'est l'idée même du Brexit – entre le Royaume-Uni et l'Union européenne?

Un compromis est en lui-même plutôt absurde. Dans un seul marché, deux pays voisins peuvent avoir des monnaies différentes, cela ne pose que de menus problèmes. Mais pas si ces deux pays ne forment plus un seul marché, avec des règles différentes. Toute marchandise amenée à Dublin et passant en Ulster quitte l'UE pour le Royaume-Uni et vice-versa. Tout voyageur arrivé à Dublin par avion et circulant en voiture jusqu'à Belfast s'introduit au Royaume-Uni... Sauf si. Si quoi? Theresa May, au sommet de Salzbourg, a annoncé de nouvelles propositions. Les 27, unis derrière Michel Barnier, leur négociateur en chef, font preuve d'une fermeté bien compréhensible. Non seulement sont-ce les Britanniques qui ont demandé à sortir, mais encore que resterait-il de l'idée européenne si être dans l'Europe ou en dehors revient pratiquement au même? Ce que propose l'Europe, c'est en réalité de créer cette frontière en mer entre Irlande et Grande-Bretagne, chose vécue par les Britanniques comme une amputation d'une partie de leur territoire.

Fin mars 2019, il risque d'y avoir des douaniers et des policiers de retour au milieu d'une île que le fait européen avait mieux pacifié que tous les accords internes. L'hypothèse d'un Brexit sans accord tient d'autant mieux la route que personne n'aura eu l'air de céder. Faible sur ses terres, Theresa May est sans arrêt désignée chez elle comme humiliée par le front européen par une bonne partie de la classe politique et de la presse. Entre rêves d'un nouveau référendum, espoirs d'un Brexit soft où presque tout serait comme avant et réalités implacables du calendrier, la négociation ressemble à ces vieilles centrales nucléaires éreintées dont on sait qu'elles sont fissurées mais qui doivent tourner pour alimenter nos chauffages cet hiver. On espère que rien ne craquera.

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