Le dernier mort du covid

Poing de vue

Par | Journaliste |
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Il paraît que l'épidémie est finie. Ah? Photo © Jean-Frédéric Hanssens

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Fin de semaine chargée, en France d'abord, en Belgique ensuite, pour les Premiers ministres face à ce qui est devenu leur vieil ennemi, le Sars-CoV2, responsable de la pandémie de Covid-19, que désormais, comme on écrit sida, sans même se rappeler qu'il s'agit d'un acronyme, j'écrirai covid tant elle s'installe et se banalise. Pour résumer, il s'agissait en fait de dire ceci: tout ne va plus aussi mal, mais rien ne va encore vraiment bien et ça pourrait être pire; donc, en attendant que ça aille mieux, ce qui finira par arriver, on vaccine, les minces promesses de réouverture sont légèrement décalées et encore un peu rétrécies.

En réalité cela n'a étonné personne, sauf celles et ceux qui sont dans la sphère socio-culturelle (on y englobe l'événementiel) et dans la restauration, qui faisaient mine d'imaginer qu'on allait lâcher la bride plus et tout de suite – à moins, ce qui est plus probable, qu'il ne s'agisse que d'une surprise feinte destinée à éviter de nouveaux retards ou ralentissements.

On comprend leur désolation, elle est légitime, mais elle aussi parfois dépasse les bornes, comme leur vocabulaire. Certes les aides somme toute assez novatrices qui sont accordées aux secteurs d'activité sinistrés ne sont-elles pas tout et d'accord aussi sur le fait que l'une ouverture sera plus symbolique que réelle dans quinze jours en Belgique et trois semaines en France. On entend parler d'irrespect, d'incohérence, voire de cynisme et d'arbitraire de la part du politique; une fois de plus si d'un pays à l'autre (et même d'une région à l'autre, que le pays soit jacobin ou fédéral) les décisions sont différentes, les critiques sont les mêmes.

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Ce qui est excessif est insignifiant. Quand on entend par exemple un organisateur de festival semblant ignorer jusqu'à aujourd'hui qu'une foule de vingt mille personnes collées les unes aux autres dans un pré serait plus que probablement impensable en juillet 2021, on se demande si ce n'est pas lui qui se moque du monde et qui manque de respect non seulement à l'intelligence mais aussi à ses clients. Quand on entend un cafetier annoncer l'ouverture des terrasses une semaine avant la date permise sur le ton d'un appel à la révolution, et s'étonner qu'on lui supprime ses aides s'il passe à l'acte, on se dit qu'il ne perçoit pas la différence entre une faillite et la mort et qu'il manque de respect non seulement au personnel soignant et aux volontaires qui aident mais aussi à celles et ceux qui au même moment en réanimation luttent pour sauver le bien le plus précieux qui soit: rester vivant.

L'information la plus pertinente n'était donc pas à trouver dans ces carrousels d'annonces et de plaintes, mais dans ce simple fait, clair et terrible: les services de réanimation et de soins intensifs s'épuisent et saturent. Le dernier mort du covid n'est pas pour le 8 ou le 15 mai.

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