Le mur est au bout du cul-de-sac

Poing de vue

Par | Journaliste |
le

Assurer un réseau ferroviaire digne de ce nom, n'est-ce pas une excellente manière de s'endetter ? Photo © Jean-Frédéric Hannssens

commentaires 0 Partager
Lecture 3 min.

Faites vos jeux, rien ne va plus… Cette rituelle formule des croupiers de casino correspond assez à l'état du monde. Ne parlons même pas des épiphénomènes comme la crise gouvernementale belge ou l'ardeur anniversaire des gilets jaunes. La planète agonise, la sixième extinction massive des espèces est perceptible, l'économie tourne fou, la démocratie est en rade et tout cela prépare peu de lendemains enchantés. 
C'est dans ce cadre qu'il convient d'étudier le problème qui agite les cénacles ces derniers temps, qui sont très occupés à la confection des budgets. Devant les limites évidentes du dogme des déséquilibres budgétaires à amenuiser, certains proposent de sortir des comptes (et même certains le font-ils déjà) les investissements pour tenter de résoudre les grands défis humains, sociaux et environnementaux qui crèvent les yeux même de ceux qui voudraient bien regarder ailleurs. Il y a évidemment un bon sens ménager là-dessous. Peu de gens ont assez d’argent pour acheter une maison sans s’endetter parfois pour très longtemps. Ils empruntent et tout le monde est content, et ce qui, en matière économique, est assez rare pour être noté. En soi, cela n’a donc rien d’inquiétant de combler un manque de liquidités par un appel aux marchés financiers. Tout le monde sait cependant que cette démarche a des limites et que si celles-ci ne sont pas respectées, tout déraille, comme l’a amplement montré la crise des subprimes. Personne n’ignore non plus que le sens même de l’emprunt est entropique et que quand l’inflation s’affole, là aussi, le système s’écroule. 
Le drame c’est qu’entre ces quelques constatations, des théories ayant généralement leurs zélateurs dogmatiques font semblant d’être des sciences exactes alors que la masse des variables est telle qu’à côté les prévisions météorologiques à moyen et long terme font figure de plaisanterie. Pour faire simple, disons que les modèles mathématiques globaux n’ont jamais fonctionné parfaitement et que toutes les théories, de droite comme de gauche, ont déjà montré leurs points faibles et leurs points forts. Sans en revenir à un keynésisme de stricte observance, il serait tout de même temps de se rappeler qu’on ne laisse pas que des dettes aux générations futures quand on leur a assuré un patrimoine sain qui ne menace pas la planète et qui ne les fera pas partir dans cette cavalerie de la croissance considérée comme une vertu intrinsèque. Plein d’infrastructures qui vieillissent ou qui aident à relever le défi écologique sont à restaurer ou à créer. Ce qui est sûr, c’est que se retrancher derrière une impossibilité de moyens suite à quelque orthodoxie à respecter est le plus sûr moyen de donner raison aux collapsologues.

Il semble que vous appréciez cet article

Notre site est gratuit, mais coûte de l’argent. Aidez-nous à maintenir notre indépendance avec un micropaiement.

Merci !

commentaires 0 Partager

Inscrivez-vous à notre infolettre pour rester informé.

Chaque samedi le meilleur de la semaine.

/ Du même auteur /

Toutes les billets

/ Commentaires /

Avant de commencer…

Bienvenue dans l'espace de discussion qu'Entreleslignes met à disposition.

Nous favorisons le débat ouvert et respectueux. Les contributions doivent respecter les limites de la liberté d'expression, sous peine de non-publication. Les propos tenus peuvent engager juridiquement. 

Pour en savoir plus, cliquez ici.

Cet espace nécessite de s’identifier

Créer votre compte J’ai déjà un compte