Vent de panique sur la Belgique

Poing de vue

Par | Journaliste |
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Le street art, c'est aussi celui de l'homme de la rue... Photo © DR

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L'espèce d'hystérie médiatique qui frappe la Belgique ces dernières semaines à partir des révélations sur Publifin est le reflet du soulèvement des passions publiques. Dans la tempête, le bon sens est nécessaire mais il est parti au loin, expulsé par des vents puissants qui risquent d'emporter d'autres valeurs comme la présomption d'innocence, cependant aussi socialement utile que la probité des élus. Il a suffi d'une rumeur plus ou moins folle pour que la commission d'enquête parlementaire décrète un huis clos qui aura duré une demi-heure, le temps que les PV soient publiés en ligne. Il se passait quelque chose d'extrêmement grave et tout le monde a marché dans cette dramatisation, y compris des collègues d'habitude prudents.

La Belgique est une grande spécialiste de la politique panique. Cela ne résout pas grand-chose, en fait. On prend à la hâte des mesures excessives et on jure, la main sur le cœur, plus jamais ça. C'est vrai dans tous les domaines, de la catastrophe ferroviaire aux fermetures d'usine.

Le problème de la rémunération des mandataires publics est pourtant assez simple sur le plan des principes. Passons sur le discours populiste qui consiste à déplorer les sommes gagnées. Il est normal qu'un ministre, qu'un parlementaire ou qu'un bourgmestre de commune importante soient rémunérés de manière suffisante pour éviter que seuls les riches ou les médiocres puissent ou veuillent faire de la politique. On peut discuter du montant de ces rémunérations mais il faut tout de même les comparer à la fois au revenu moyen du Belge lambda et au salaire du cadre dans le privé. Ni trop, ni trop peu. Ne chiffrons rien, il y a débat, mais ce montant fixé, édictons une règle toute simple: n'importe quel mandataire public, quel qu'il soit, quel que soit le mandat, ne peut en aucun cas dépasser une fois et demi, ou deux fois, ce montant-là. Au-delà, le surplus est taxé à 100%. On va me rétorquer que cette règle existe déjà. Mais elle est contournée parce qu'elle n'est pas complète, pas absolue, et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle des structures se superposent, qui font passer muscade. Ne tombons pas dans la naïveté: il y aura toujours des tricheurs et des petits malins jouant par exemple sur des avantages en nature ou des revenus différés. Ceux-ci, tout de même, reçoivent une évaluation fiscale pour n'importe quel travailleur, pourquoi pas pour des mandataires?

Les élus devraient alors véritablement choisir. Aiment-ils les conseils d'administration, la consultance, leur cabinet d'avocat ou leur chaire? Personne ne le leur reprochera si cet amour-là n'est ni vénal ni secret. Et s'ils estiment qu'il faut bien vivre (ou vivre bien), qu'ils démissionnent.

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