Vous m'en Bouchez un coin

Poing de vue

Par | Journaliste |
le

Capture d'écran du site officiel de l'unitariste président du MR, Georges-Louis Bouchez.

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Le tout nouveau et jeune président du MR, nommé informateur par le roi Philippe en compagnie de son homologue du CD&V, dans une longue interview au magazine Wilfried, déclare sa flamme unitariste et n'a au fond qu'un seul regret: qu'on n'en revienne pas à la Belgique d'arrière-grand-papa. Sa profession de foi unitaire, dans un pays qui n'a jamais connu que six réformes de l'état, ressort du syndrome de la nostalgie qui n'est plus ce qu'elle était – exactement comme le royaume, soit dit en passant.

Georges-Louis Bouchez, puisque c'est de lui qu'il s'agit, a bien entendu précisé que c'était son idéal et qu'il se rendait compte, naturellement, qu'il n'était pas à deux doigts de l'atteindre. Il n'empêche: dans son désir de se faire connaître, le fringant personnage y est allé un peu fort, suscitant ricanements gênés, commentaires désagréables et réponses cinglantes.

Le constat du président libéral est simple: rien ne marche mieux en Belgique depuis que les réformes de la constitution ont créé communautés et régions, fédéralisant l'état construit auparavant selon la forme jacobine (lire l'édito de la semaine passée). Il ne sait probablement pas qu'en réalité, la Belgique n'a vraiment jamais bien fonctionné. Dès sa naissance, un mouvement rattachiste (il reste sous-jacent au sud, même si beaucoup en doutent) voulait la renvoyer en France. Puis très vite, les forces centrifuges sont entrées en action, au départ de manière bien moins transversale qu'aujourd'hui, où la société européenne a été déchristianisée: l'opposition catholiques-laïques, les problèmes linguistiques devenus ensuite communautaires et la question sociale.

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On entend à gauche et à droite (surtout à droite) des personnes bien intentionnées qui essaient de ramener l'expression de cet amour passéiste pour un constat plus intelligent, il y a des domaines où peut-être – mais tout en en fédéralisant d'autres – une certaine refédéralisation de certaines branches, à commencer par le sport où pour l'instant, la Belgique connaît un âge d'or, avec de grands champions et des équipes très performantes en football et en hockey, mais aussi par exemple le commerce extérieur (surtout que bien des choses, en ce domaine, se jouent à l'échelon européen). Pour cela, c'est clair, il faudrait une septième révision de la constitution et donc une discussion fondamentale dont on voit mal comment elle pourrait s'emparer d'une grande éponge et effacer 190 ans d'histoire. S'il y a bien une leçon à retenir de celle-ci, c'est que les retours en arrière n'y existent pas. Même le congrès de Vienne ou la royauté française, en 1815, avaient compris qu'il n'était plus possible de rétablir l'ancien régime et l'Europe comme avant la Révolution de 1789...

Un niveau d'inculture historique pareil laisse pantois. Cela n'a rien à voir avec l'âge de M. Bouchez: à 33 ans, en général, on a fini ses études. On dira que c'est aussi l'âge où les résurrections sont les plus spectaculaires... Mais il faudrait qu'elle le soit, spectaculaire, pour éviter ce qui pend au nez du parti de M. Bouchez, à savoir ce qu'il voudrait faire de l'histoire: un effacement total. Car c'est un paradoxe de l'époque: le triomphe de l'ultra-libéralisme s'accompagne d'une bérézina pour les partis libéraux et la droite traditionnelle. Tenir des propos stupides et irréalistes, c'est charger sabre au clair face aux mitrailleuses.

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