Féérie russe à La Monnaie

Pérégrinations

Par | Journaliste |
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 Le Conte du tsar Saltan de Rimski-Korsakov : une partition éblouissante au service de l'imagination ©Forster 

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Lecture 3 min.

Jusqu’ici, peu d’amateurs d’opéra ont eu l’occasion d’entendre et de voir Le Conte du tsar Saltan qui est un opéra de Nicolaï Rimski-Korsakov et lequel fut créé à Moscou en 1900. Même si on peut toujours émettre des réserves sur lesquelles je reviendrai, c’est un spectacle magique porté par des solistes exceptionnels, comme la basse Ante Jerkunica, le ténor Bogdan Volkov ou la soprano Svetlana Aksenova pour les rôles principaux ainsi que le chœur de la Monnaie parfaitement drillé pour interpréter en russe cette très russe partition. À la tête de tout ce beau monde et forcément aussi de l’orchestre de La Monnaie, le chef Alain Altinoglu anime cette œuvre brillante et en décline tous les contrastes.

C’est Dmitri Tcherniakov qui signe la mise en scène du spectacle composé de pas mal de tableaux dépeignant les étapes de ce conte à la séduisante fantaisie, mais dont le fil échappera aux esprits rationnels. La solution est de lâcher prise et se laisser aller à la fête visuelle et musicale. Quasi sans décor au sens propre, les personnages évoluent à l’avant-scène. Le plus souvent ils sont habillés de costumes tels qu’on les trouve dans les illustrations des contes traditionnels russes. C’est très graphique et, quelque part, exotique. Une autre réussite sont les animations visuelles, genre de dessins animés dans lesquels les chanteurs sont incrustés (où est-ce l’inverse ?). Tout cela vient bien à propos et mérite beaucoup d’éloges. 

Côté réserves, quelques inscriptions en blanc projetées à même le rideau de scène doré et lesquelles, pour beaucoup, restèrent illisibles et donc mystérieuses. Un inconvénient bien plus envahissant vient de ce que de nos jours le metteur en scène se doit de relier le passé au présent et donc de jeter un pont entre l’oeuvre et notre sensibilité actuelle. Ici la proposition est de rendre le jeune tsarévitch autiste. Élevé par sa mère sur une île déserte et privé de son père le Tsar, le garçon aurait développé cet handicap qui le fait gesticuler d’un bout à l’autre de la partition. Cela a pour effet de jouer un rôle d’éteignoir qui, selon ma perception, est dommageable à cette œuvre d’essence féérique. Toutefois il y aura toujours des personnes qui trouveront cette idée géniale. Alors, si on se concentre sur la partition, sur les voix splendides et sur les nombreux aspects positifs du spectacle, les mélomanes qui se déplaceront à La Monnaie pour Le Conte du Tsar Saltan termineront assurément la saison en beauté.

Le Conte du tsar Saltan : Opéra royal de la Monnaie, 1000 Bruxelles. Les 21, 25, 27, 29 juin à 20 h et les 16 et 23 juin à 15 h. 

Informations : lamonnaie.be

 

 

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