La croyance revient contre le savoir

L’avenir de l’école

Par | Penseur libre |
le

Photo © Laurent Berger

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À l'heure des progrès de l'intelligence artificielle, des mondes virtuels, du tout est possibe rapidement, de l'omniprésence des écrans, de la fausse spontanéité, du relativisme excessif, du mélange incessant du fait et de l'opinion, il est de plus en plus difficile pour certains élèves de voir la réalité, de reconnaître les faits, de respecter la consigne donnée, d'entrendre le sens commun, d'entendre la vérité, de prendre conscience de la vie en commun, de comprendre les enjeux collectifs, de s'ouvrir. 

Voici troix exemples vécus qui démontrent ce phénomène qui atteste de la présence d'une forme d'agressivité, d'arrogance lorsqu'on met les élèves face à la vérité, à la réalité. Un jeune homme de rhéto affirme que "la vie vrai" n'est pas une faute d'orthographe et ne comprend pas pourquoi il a été sanctionné en orthographe, selon lui, "ce n'est qu'une faute de genre et de nombre." Je lui explique l'orthographe grammaticale et usuelle et il persiste dans sa croyance spontanée, je l'envoie chez le proviseur lui demander son avis. Ce qui est marquant dans cet exemple, outre l'arrogance de l'élève qui ne se gène pas pour parler devant tout le monde et pour retarder le cours de manière irrationnelle, c'est sutout la passivité des autres élèves qui ne remettent pas en question leur camarade, il semblerait que cela les indiffère, après tout la croyance de l'élève est à respecter et passe au-dessus des faits tels qu'ils sont.

Dans la même classe, à propos de la consigne de la lettre ouverte il me demande s'il peut parce c'est plus facile reprendre les arguments d'un raciste en faisant semblant d'être d'accord avec lui. Je lui rappelle que la consigne exige une opinion personnelle et non pas de jouer à faire semblant d'être d'accord, mais pour lui respecter la consigne n'est pas important, il a envie de produire un écrit comme cela l'arrange. Accommoder la réalité, la truquer, l'arranger, la gommer, c'est le jeu à la mode à notre époque. La liberté, c'est faire tout ce qu'on veut parce que cela marche avec cette tolérance déformée si bien vendue! 

En général, lorsque je soumets un document aux élèves, je vérifie s'ils comprennent bien le sens des mots, je constate souvent que ce sont les mots courants qui posent problème. J'interpelle quelqu'un au hasard, il m'assure qu'il a bien compris le texte qu'il est supposé avoir lu. Je lui demande que signifie une loi qui est répressive, il ne comprend pas le mot, bien sür, il ne lui est pas venu à l'esprit de prendre le dictionnaire à côté de lui. Il continue à me prétendre qu'il a compris les propos de l'auteur. La vérité à entendre semble donc le déranger. Je lui évoque aussi le fait qu'il se laisse influencer par un agitateur discret, il nie le fait. Je lui propose l'initiative de changer de place afin de ne plus être dérangé.

Ces exemples qui ne sont pas inventés me paraissent révélateurs d'un renoncement à chercher la vérité, une forme d'obscurantisme qui s'accompagne d'une arrogance. Certes, ne pas en vouloir à quelqu'un qui ne sait pas, mais observer que pour certains l'ignorance devient un moyen d'attaquer, de mettre en cause l'autorité de l'expérience, la richesse de la transmission, la reconnaissance des faits.

Encore un fois qu'on me comprenne bien, mon intention n'est pas de condamner notre époque par des propos qui seraient rapidement qualifiés de réactionnaires. Tous les élèves ne se comportent pas de cette façon, cependant ces cas minoritaires jusqu'à présent prennent plus de place dans l'espace public. Les revendications privées, les particularismes, les croyances personnelles et religieuses s'expriment sans complexe, avec aisance, elles comptent sur la passivité et la complicité de ceux qui les écoutent, sur la tolérance de ceux qui s'abstiennent de les dénoncer.

Ce constat m'incite à observer une force d'inertie, de paralysie, d'autocensure qui peut provoquer chez l'enseignant une démission, une réduction de sa liberté d'expression, si pas une dépression ou au moins une réelle lassitude, mais que le lecteur se rassure, il remarquera que ma thérapie est l'écriture et le témoignage et que je refuse de me censurer. Mais j'avoue qu'il faut une patience à toute épreuve pour supporter le fait que la minorité sous prétexte qu'elle doit toujours être défendue devienne agressive, impose sa loi comme ces orthodoxes qui ne veulent pas des femmes prennent le bus avec eux. Le bus est pourtant un transport public. Remarquer que si vous interpellez un adulte qui pratique la trotinette avec son casque sur ses oreilles, vous pouvez risquer de recevoir des coups!

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Alors chers lecteurs, je vous laisse méditer sur ces questions, ce que j'ai écrit n'est pas très politiquement correct, mais justement être de gauche ne l'a jamais été contrairement à une certaine croyance bien diffusée! 

 

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