La très triste et très lamentable histoire de : Koveit le XIXème

Une édition originale

Par | Penseur libre |
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art brut-Lausanne

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Moi, celui qu'on nomme « le vieux russe » ( vî-russ en wallon ) de Corona's land, habituellement en résidence forcée en pays d'Orient, surtout chez la dame chauve qui sourit, ou chez ce galopin d'Oppossum, j'ai la prétention d'être présent et actif, aujourd'hui même, demain et aussi après-demain dans toute la communauté européenne des hominidés ! Et même chez les Saxons, n'en déplaise au 1er ministre !

En effet, sachez que je me présente et m'introduis donc chez vous, chez tous et chez chacun, bref chez l'Autre, même au travail, dans les troquets, dans les restos, dans les conseils d'administration, dans les salles de spectacles et dans les concerts publics ! Je m'introduis en douce, malgré vos défenses immunitaires, malgré que vous soyez dans la pleine force de l'âge, je force votre porte avec, dans ma poche, mes spécialités spéciales de spécialiste afin de vous faire profiter de mes infections infectes, celles que j'adore, celles qui donnent  mal de tête, maux de gorge, fièvre, courbatures et difficultés respiratoires...surtout n'allez pas me confondre avec les symptômes de ma cousine la Grippe-hivernale qui, lorsque je suis sur le point de m'installer chez n'importe qui, en profite pour rester tranquillement dans son fauteuil et pour me laisser faire tout le boulot ! Alors qu'elle pourrait très bien préparer le terrain, c'est à dire vous, mesdames mesdemoiselles messieurs, pour me faciliter la besogne afin que je puisse proliférer à l'aise et m'établir à demeure et sans complexe, dans votre merveilleux intérieur, votre cage thoracique au contenu si attrayant...

Vous croyez peut-être que c'est facile d'être ce que je suis, vî russ de Coronasland ? Détrompez-vous : c'est pas du tout facile de fermer ma gueule, de me cacher continuellement, de profiter d'une seconde d'inattention pour m'introduire insidieusement dans le corps d'un de ces êtres à 4 pattes qu'on nomme humain (si, si : vous en faite partie), cette espèce grouillante et grenouillante qui prolifère sans scrupule, sans s'inquiéter de la place qu'il pourrait prendre à quelqu'un d'autre !... alors que moi, malgré ma laideur repoussante, malgré ma tête hérissée de diverticules, l'être humain m'accueille, m'ouvre ses bronches pour que j'y entre comme dans du beurre, parce qu'il sait et que moi aussi je sais, pertinemment, que ma place est toute trouvée dans Son inté-rieur, (qui n'est pas si rieur que ça)..... et qu'il m'est loisible, sans vraiment le gêner dans l'immédiat, de prendre mes quartiers dans sa partie la plus vulnérable !!! En effet, chez l'hominidé, son système respiratoire qui n’arrête jamais, même quand il dort, bercé du rythme cardiaque tout proche, est un endroit magnifique plein de cachettes alvéolées, saturées de chaleurs humides ! Pour moi, « vî russe » de Coronasland, c'est le lieu idéal, j'y fait mon nid, mon lieu de reproduction ! ...Ha !...que voulez-vous, je suis fait comme ça, mon instinct dicte mon comportement, et c'est ça, hélas, ma faiblesse : à force de me complaire dans cet endroit toujours ventilé, toujours humide, je ne peux que me répandre et prendre mon plaisir : celui de me reproduire sans discontinuité et de lâcher mes enfants pareilles à moi-même afin qu'ils trouvent eux aussi ailleurs, cet endroit de prédilection..... jusqu'à ce que, hélas, in fine, une espèce de chevalier Lancelot, nanti de fausses douceurs aux relents d'antibiotique et de produits désinfectants, va, sans avertissements, nous entourer de ses illusions bienveillantes et nous asperger de nuages délétères avant de nous jeter à la porte, sur le pavé, dans le ruisseau où, en quelques secondes nous agoniserons sans avoir eu le temps de dire Ouf !

Certes, je fais partie d'une grande famille, celle qui gouverne Coronasland ! Et comme dans toute les familles, il y a les mal-aimés, les mis à l'écart, les enfants non-désirés : les Hendra, Nipah, Ebola, Marbourg, Zika, Peste, Variole ou Rougeole et puis, il y a moi, le petit dernier : Koveit le 19ième...oui, je sais, pas besoin de me le rappeler, on est une famille qui compte un très grand nombre de « Vîs Russes » dont le Sras, par exemple, nous sommes tous « vî russ » qui pouvons, chez l'hominidé, provoquer des affections très diverses : ça va du rhume banal à la grippe carabinée avec ses complications qui mènent à la pneumonie et même à l'arrêt cardiaque et respiratoire !!! ... Et alors ? Que voulez-vous que j'y fasse ? Est-ce ma faute ? Non, non et non : c'est pas ma faute si les humains ne supportent pas ma présence ou celles de mes frères ! Non, décidément je n'ai pas de chance, je suis fait comme ça et eux, les humains, sont fait autrement...c'est comme ça ! Et puis, après tout, les humains n'ont qu'à développer une immunité plus grande encore, plutôt que de nous chasser de chez eux où nous étions tranquilles et peinards, bien au chaud dans leurs bronches, nom d'un pétard mouillé ! ...Non vraiment, Je n'ai pas de chance d'être le mal aimé dans cette famille coronavirusienne !

Donc, Moi, Koveit le 19ième, au jour cent septante-septième de l'imposition du confinement de l'espèce humaine, reconnaît hélas, que les hostilités dont font preuve ces humains soi-disant doués de raisons, que ces hostilités donc, sont au plus haut point dirigées contre nous les Vî-russ de Coronas'land !...elles sont destinées à notre élimination, ce que nous ne pouvons tolérer ! Dès lors, avec l'accord des autorités les plus virulentes de notre Coronas'land, nous déclarons la guerre déclarée ! Nous ne nous laisseront pas faire : à partir de dorénavant, tous les moyens seront bons pour contrer ces attaques perfides contre notre communauté qui, au dernières analyses, résiste encore sur quelques fronts mais qui, si on ne fait rien, vont produire sur nos frères, soeurs, cousins, cousines, neveux, nièces et apparentés, vont produire une réduction drastique des effectifs comme une peau de chagrin!

Cette situation catastrophique pourrait dans un proche avenir, nous obliger à une retraite précipitée, et d'avoir même l'obligation de signer la reddition pure et simple ! Sachez donc que notre défaite signifierait la fin des hostilités et laisserait ainsi la victoire définitive au genre humain !

Il n'est peut-être pas trop tard, mais il est temps ! Conora Veirus XIX de tous les pays, Unissez-vous !

Le temps a passé, les restrictions confinatoires et les obligations masquériennes ont eu raison de nous et de notre addiction contagionnaire ! Voilà maintenant que je me retrouve bel et bien emprisonné ! ...

Au secours, à moi, sortez-moi de là ! Je n'en peux plus ! Help ! Aïuto ! C'est comme si j'étais en confinement dans cette éprouvette qui n'a jamais si bien porté son nom : éprouvé je le suis totalement par cette épreuve éprouvante : qu'est-ce qui leur a pris ? J'étais bien peinard dans les bronches d'une petite gonzesse de 88 ans quand on m'en a extirpé brutalement et fourré dans un immonde tube en verre qu'ils nomment éprouvette, où je me suis retrouvé avec quelques dizaines de mes camarades !

Alors maintenant, imaginez qu'il y a un rigolo en blouse blanche et masqué comme Zorro , qui m'a sorti d'où j'étais à l'aise avec mes frères et soeurs, pour me mettre, tout seul dans cet autre tube en verre...Il m'a plongé dans une sorte de liquide liquoreux qui a le don de me stimuler et qui me force à me reproduire !!! Certes ce n'est pas désagréable et les premières fois j'étais ravi ! Seulement voilà : une fois que je me suis reproduit, on m'extirpe prestement de cette fontaine de jouvence, on me laisse me reposer 24 heures, et puis hop-hop-hop on me replonge dans la mélasse ! Je ne peux pas résister ! Je dois recommencer le processus : au boulot pour la reproduction !!! ...et ça fait la cinquante-troisième fois !... je n'en peux plus, au secours sortez-moi de là, je vais mourir, je n'ai plus de quoi faire des petits, Aïuto ! Au secours, Help, help, help !..............

...à ce jour, mesdames messieurs, moi Koveit le 19ième de Coronas'land, me voilà totalement affaibli, et réduit à quasi rien !... moi qui me croyait invincible, imputrescible, j'ai pris 30 ans en quelques jours !!! ...Et voilà, je crois que c'est fini. Hélas, trois fois hélas, nous avons perdu non seulement la bataille, mais aussi la guerre ! On m'a retiré de mon gynécée où je poussai déjà un ouf de soulagement...

Cependant j'étais toujours enfermé... Je me souviens avoir raconté ma déchéance : j'ai été capturé et emprisonné et, dès lors, je suis devenu un des derniers représentant de mon espèce, les Vî-russ-19 de Corona's Land...On m'a relégué maintenant, avec quelques autres, dans un tube en verre hermétiquement bouché...chacun d'entre nous essaye de se faire tout petit, de ne pas trop s'agiter, de ne pas se faire remarquer pour ne pas attirer l'attention de ce laborantin maniaque, qui je le vois bien, extirpe régulièrement de ce tube d'essai, l'un ou l'autre d'entre nous pour, n'ayons pas peur de le dire, nous torturer !!!... Oui, nous torturer, c'est sûr et certain ! Car maintenant qu'il a obtenu la quantité de virus nécessaire à ses expériences, il a une nouvelle marotte : il teste notre résistance, il nous met en présence d'autres bestioles microscopiques avec lesquelles nous devons nous affronter  ! Malheureusement, nous ne sortons pas vainqueurs de ce combat pour le moins inégal, nous y laissons des plumes à chaque fois, je ne vous dis que ça, et souvent même, toutes nos plumes.....

Comment savez-vous tout cela me direz-vous, alors que vous êtes enfermé dans un tube en verre ? Mais nom d'une chauve-souris birmane, si je vous le dis, c'est que je le sais ! Et si je le sais, c'est que j'ai eu ces informations d'une source sûre : les confidences de mon petit cousin Ebola que j'ai croisé sous un microscope, qui m'a assuré de leurs véracités, à en croire les dernières paroles de son grand-père Eb-olala qui les avait proférées avant de disparaître à la suite de ce que ces fichus êtres humains l'ont confronté en l'obligeant à-à-à-, oserais-je le dire...ooh, non, non, non, je ne peux entrer dans ces détails morbides, je dois m'arrêter là.....c'est suffisamment éprouvant de raconter les misères des autres, en sachant pertinemment qu'un jour ou l'autre, on va y passer !...

Oui, ce sera notre tour, ce sera la fin ! Finies nos petites escapades dans les homes, les hôtels, les restaurants, les maisons de repos, les réunions au sommet, les hôpitaux et les grandes surfaces ! C'est la grande finale ! Celle où on remet les distinctions et les médailles du Mérite agricole ! Il ne me reste plus qu'à faire mon testament...

Moi, Koveit le XIXième, coronavirus de Corona's land, encore capable de raisonner malgré le peu de force qu'il me reste, reconnaît avoir flanqué une pagaille pandémique chez l'espèce humaine ! Je reconnais aussi n'avoir pensé qu'à ma survie en oubliant que, sur la planète Terre, il y a des millions si pas des milliards d'êtres vivants qui ne demande qu'une chose : vivre leur vie.

Personnellement, étant donné ma condition virale et l'éradication dont je viens de faire l'objet, je n'ai absolument plus rien à léguer à qui que ce soit !... il ne me reste rien, sinon une pointe d'orgueil d'avoir fichu la trouille à des centaines de millions d'individus alors que ma taille ne dépasse guère 250 nanomètres , c'est à dire 250 milliardièmes de mètre !!!

On m'a toujours considéré comme n'étant pas un être vivant et même comme un alien, un parasite, dont on doit se débarrasser au plus vite !

Finalement je regrette tout ce qui s'est passé et tout le remue-méninge que j'ai provoqué ces derniers mois...J'ai aimé, j'aime et j'aimerai toujours l'espèce humaine pour son accueil sans conditions, mais je comprends leur haine et leur volonté de m'exterminer une fois pour toutes ! Pardonnez-moi, si c'est possible...

Fait à l'hospital Erasme ,

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Koveid le XIXième!

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