Le frisson

C'était dans l'est du Rwanda en 2012. Nous roulions en direction du nord-ouest de la Tanzanie, plus exactement vers la rivière "Le Kagera". Jacques Collet, un confrère et ami rwandais, nous emmenait sur les lieux où les génocidaires jetaient leurs victimes, pour la plupart encore vivantes,  du haut de la falaise dans la rivière où ils étaient déchiquetés par les crocodiles.
Une dizaine de km avant d'arriver au lieu dit, nous nous sommes arrêtés sur la piste pour visualiser sur la carte l'endroit exact où ces crimes avaient été commis. Le ciel était chargé et le vent soutenu.
Il n'aura fallu que quelques minutes  pour que, venus de nulle part, ces trois gamins se collent littéralement devant l'objectif de mon appareil photo.  Quand j'ai vu la position que prenait l'enfant à droite sur l'image, j'ai déclenché sans regarder dans le viseur, tout en fixant du regard celui qui était planté juste devant moi et qui m'a tiré sa plus belle langue. Le plus petit à gauche avait compris le subterfuge.
Un frisson m'a parcouru l'échine en visualisant la photo sur mon appareil quelques kilomètres plus loin au pied de la falaise, en fixant les flots en contre bas.