Le monde entier est plastique

Les calepins

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Lundi 10 septembre

 Michel Onfray, invité de l’émission C dans l’air sur France 5, discute de son dernier livre (Le Deuil de la mélancolie, éd. R.Laffont). Né un premier janvier comme Laurent le Magnifique, il entrera bientôt dans la décennie du sex-. Est-ce pour cette raison qu’il a choisi d’écrire des confidences autobiographiques ? Le sujet, inhabituel chez lui, est idéal pour agrémenter ce type de rendez-vous télévisuel. On aborde ensuite l’actualité de la journée. Réunis dans le but de désigner leur candidat au perchoir de l’Assemblée nationale, donc son futur président, les parlementaires de La République en marche (LREM) ont comme prévu choisi leur chef de groupe Richard Ferrand. Une occasion manquée de désigner une femme ? Onfray ne tient pas compte de ce raisonnement. Ce qui importe, dit-il à juste titre, c’est la capacité d’assumer le poste, l’identité n’est pas fondamentale. Pour une élection, « ce qui m’intéresse, c’est le programme ». Et l’animatrice de l’émission de rétorquer : « désigner une femme, c’est un programme !... » Personne ne relève, Onfray non plus qui, sans doute, n’en pense pas moins mais préfère laisser passer l’ange. Ce type de réflexion si fréquent dessert totalement les aspirations féministes. Car enfin, la réplique définitive est latente : s’il faut promouvoir des femmes quel que soit leur projet mais d’abord parce que ce sont des femmes, alors il fallait voter pour Marine Le Pen et non pas pour Emmanuel Macron…

Mardi 11 septembre

 Au début des année cinquante, Roland Barthes célébrait le plastique dans ses Mythologies (éd. du Seuil) : « Malgré ses noms de berger grec (polystyrène, phénoplaste, polyvinyle, polyéthylène) le plastique, dont on vient de concentrer les produits dans une exposition, est essentiellement une substance alchimique […] La hiérarchie des substances est abolie, une seule les remplace toutes : le monde entier peut être plastifié, et la vie elle-même, puisque, paraît-il, on commence à fabriquer des aortes en plastique. » Ainsi que Barthes l’avait pressenti, un demi-siècle plus tard, on constate que « le monde entier peut être plastifié » mais par l’afflux de déchets qui envahissent la planète et qui sont indestructibles. Toutes les secondes, dix tonnes de plastique sont fabriquées dans le monde et l’une d’elles file dans l’Océan pacifique. Le recyclage commence à être considéré mais il est, pour l’heure, loin d’être complet et parfait, laissant échapper des particules cancérogènes. En fait, le capitalisme sauvage et sa quête du profit à n’importe quel prix dominent, ici aussi, le système. L’exemple de Coca-Cola et de ses dérivés (Fanta, Sprite,…) est tout à fait significatif, comme le démontrait ce soir Élise Lucet dans son excellente enquête sur France 2 (Cash investigation – Les promesses en plastique). Avant de détruire la vie par la pollution, on a un peu oublié aujourd’hui que cette matière pouvait provoquer la mort par les armes. Roland Barthes s’aperçut très tôt, avec les attentats de l’OAS dans la décennie suivante, que le plastique était aussi devenu le jouet des terroristes. Frédéric Charpier le rappelle dans un livre dépeignant les conspirateurs d’un « ordre nouveau », partisans de l’Algérie française et retraçant la naissance du groupe Occident sous le septennat de Giscard, dont les jeunes membres se retrouvent désormais dans l’entourage de Marine Le Pen (Les Plastiqueurs. Une histoire secrète de l’extrême droite violente, éd. La Découverte). Car il ne faudrait pas l’oublier : avant l’islamisme, l’Occident avait aussi en son sein des meurtriers aveugles qui semaient la terreur.

Mercredi 12 septembre

 Souvent influencé par des lobbyistes chevronnés, le Parlement européen ne prend pas toujours des résolutions qui paraissent évidentes. L’exemple récent du glyphosate  - ce produit toxique et donc nocif pour la santé dont l’interdiction à la vente ne fut pas décrétée – en est le cas le plus récent. On redoutait donc le vote sur la directive réformant le droit d’auteur. Il fut acquis, à une très large majorité. C’est une bonne nouvelle pour la liberté de la presse et la création intellectuelle, à l’heure où les réseaux sociaux donnent l’illusion que tout est information et que les grosses machines numériques pillent les journaux en reproduisant des extraits sans imaginer une quelconque rémunération en faveur de la source. Il était temps que les riches Gafa (l’acronyme du siècle : Google, Appel, Facebook et Amazon) soient sommés d’entrer dans la législation qui, depuis Beaumarchais, garantit au mieux la liberté d’écrire et, autant que possible, d’en vivre.

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 Les substantifs « aoûtiens » et « juilletistes » ont fait leur entrée dans le Petit Larousse au début de la décennie ’70. Il faudra désormais compter avec les « septembristes », un néologisme figurant à la une du Parisien - Aujourd’hui en France. Un rapide tour d’horizon des stations balnéaires montre qu’en effet, nombreux vacanciers goûtent le soleil des ultimes journées de l’été. On connaît leur caractéristique principale : il s’agit de personnes sans enfants scolarisés. L’évidence surgit donc illico : les septembristes appartiennent souvent au troisième âge.

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 Salman Rushdie sur le plateau de La Grande librairie (France 5) : « Si la nature humaine n’était pas un mystère, nous n’aurions pas besoin de poètes. »

Jeudi 13 septembre

 La cote de popularité de Macron est plus basse que celle de François Hollande à la même période du quinquennat. Beaucoup de faits et de paramètres alimentent les commentaires traduisant cette courbe inquiétante. Une chose est sûre : le nouveau monde à vécu ; l’ancien est de retour. Et justement, dans son livre, Hollande achève le chapitre consacré à Macron par une allusion à l’ancien monde. « C’est le mien. Il a de l’avenir. » Un visionnaire le louseur ?

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 La commune de Châteaudouble (Pas-de-Calais, 477 habitants) devrait accueillir 72 migrants dans une maison de retraite à l’abandon. Pensant que la disproportion numérique lui laisserait le loisir d’un discours réprobateur, Marine Le Pen avait effectué le déplacement. Mal lui en a prit. Elle fut accueillie par des sifflets et des cris peu amènes. « Cassez-vous ! » lui conseillait-on. Elle suivit la recommandation et remonta dans sa voiture sous les lazzis.

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 Lutte des classes. Le petit port de Logeo est un des endroits les plus retirés de la commune de Sarzeau (Golfe du Morbihan, Pointe de Rhuys, 8000 habitants). Le panneau touristique décrivant le lieu donne quelques informations sur la vie et les activités des marins selon les saisons. Il décrit aussi l’activité du hameau en précisant qu’autrefois, on y comptait plusieurs bistrots, « lieux de cohésion sociale ». Ainsi, en face du Café à Sandrine se trouvait le plus animé, Le Cap Horn. Dans ce bistrot-là, il y avait deux salles : l’une pour les capitaines, l’autre pour les matelots. La cohésion sociale, vraiment ?

Vendredi 14 septembre

 C’est donc officiel : Lula da Silva, toujours en prison, ne pourra pas concourir à la prochaine élection présidentielle au Brésil. Le Parti des Travailleurs a désigné Fernando Haddad en remplacement de son champion. L’ancien maire de São Paulo a 45 ans. Pourra-t-il comptabiliser un maximum de suffrages qui se seraient portés sur Lula ou celui-ci est-il avant tout une icône plutôt qu’un homme de gauche ? Réponse les 7 et 28 octobre. Mais d’ici-là, le plus grand pays de l’Amérique du Sud aura vécu des heures de campagne électorale ardues et, il faut le craindre, souvent violentes.

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 Quand on crée une revue ou que l’on reprend la direction d’une autre, le premier numéro est toujours lié à l’enthousiasme suscité par la nouvelle aventure et l’intelligence qui le nourrit. Il importe donc de rester prudent à propos de la livraison de Marianne version Natacha Polony. Sous réserve de confirmation, on saluera néanmoins le résultat. Il est remarquable et prometteur. La patronne annonce d’emblée la couleur : si Emmanuel Macron se veut un président jupitérien, ainsi qu’il le clama sans vergogne, il devra le prouver. Polony l’a mis sous contrôle ; elle n’est pas disposée à laisser passer des faiblesses et des failles, surtout si celles-ci, à l’instar des péripéties de l’été, sont béantes. L’intéressé est sous surveillance et la sévérité de celle-ci sera proportionnelle à la prétention de l’élyséen (La Démocratie humiliée, titre de l’éditorial, illustre bien la ténacité de la plume). Mais Natacha Polony ne s’est pas contentée d’une entrée en matière dense et bien positionnée. Elle s’est aussi fendue d’un long article démontrant que la prochaine campagne pour les élections européennes reposera sur l’immigration, en indiquant déjà que Marianne (c’est-à-dire Natacha) refusera le duel simpliste entre les partisans du rejet et ceux de l’hospitalité. Une troisième voie en ce domaine aussi ? On l’attend avec intérêt. Entre ces deux apports, il y a juste une page pour que Jacques Julliard insère sa réflexion. Pour rester dans le ton, il intitula son papier Immigration : Parler clair. Eh oui, c’est bien ce que la cheffe exige cher ami… Ce n’est pas tout. Le reste du numéro (Oskar Lafontaine et le néolibéralisme, Michel Onfray et le populisme…) dégage aussi des traces et des empreintes. Là encore, il conviendra d’attendre quelques livraisons. Á l’heure où toute la presse semble parler le même langage en regrettant que la baisse du lectorat soit commune à l’ensemble des titres, il se passe peut-être quelque chose, comme en mai 1953 lorsque Jean-Jacques Servan-Schreiber et Françoise Giroud lancèrent L’Express, ou comme en novembre 1964, quand Jean Daniel et Claude Perdriel créèrent Le Nouvel Observateur. Peut-être… Mais chût ! Prudence… Pas d’emballement a-t-on dit…

Samedi 15 septembre

 Deux Gazaouis ont succombé à des tirs israéliens. Depuis le 30 mars, cela porte à 178 le nombre de Palestiniens de Gaza tués par les soldats israéliens. Si l’on exclut les jours de chabbat, la moyenne est de plus d’un Palestinien par jour. Cela ressemble à une prescription médicale.

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 Il y a dix ans, la banque Lehman Brothers s’écroulait,  provoquant la plus grave crise financière mondiale depuis celle de 1929. Une décennie plus tard, les riches sont encore plus riches et de la classe moyenne ont été enfantés de nouveaux pauvres. Le populisme, creuset de l’extrême droite, se répand partout. Plus embêtant : personne n’oserait affirmer que semblable  phénomène ne pourrait plus survenir. « Quand les dirigeants publics chargés de concevoir la politique applicable au secteur financier viennent du secteur financier, pourquoi attendre d’eux d’autres points de vue que ce que souhaite le secteur financier ? » (Joseph Stiglitz, Prix Nobel d’Économie, 2001)

 Dimanche 16 septembre

 La conservatrice CSU est en congrès à Munich. Markus Söder, le ministre-président de la région, se fait acclamer à tout rompre en citant le défunt « taureau bavarois », Franz Josef Strauss, mort depuis 30 ans mais toujours bien présent dans les mémoires : « il n’y a pas de place pour un parti démocratique à la droite de la CSU. » Au temps où cette affirmation avait été prononcée, il n’y avait pas de parti d’extrême droite capable d’entrer dans les parlements. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Si donc la CSU veut respecter le dogme de tonton Strauss, elle doit encore serrer un peu plus ses positions conservatrices et le populisme xénophobe qu’elles entraînent. Merkel aura sûrement saisi la réflexion. Du reste, elle n’en attendait pas moins, vu les déclarations en forme de bâtons dans ses roues que son ministre de l’Intérieur, issu de la CSU, ne cesse de proférer.

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 La Fête de l’Huma bat son plein. Les débats sont animés. Ce n’est pourtant pas là que la gauche circonduira sa renaissance.

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 Yannick Noah peut lever le poing : en battant l’Espagne sans avoir douté, l’équipe de France de tennis s’offre une nouvelle finale de Coupe Davis. Celle-ci aura encore lieu à Lille, soit contre les États-Unis, soit contre la Croatie. Ce sera la dernière compétition en cette version de la Coupe Davis, pourtant si passionnante et si accaparante, rassembleuse aussi, en un patriotisme de bon aloi, ce qui est tellement rafraîchissant. Mais l’argent est encore venu polluer cette légendaire entreprise sportive. La France pourrait donc inscrire encore son nom à l’ultime ligne du palmarès. On attend déjà aussi le coup de gueule de Noah lors de la conférence de presse à Lille. Qu’il soit vainqueur ou non. Mais ce serait mieux s’il l’était. Pour la légende surtout.

Lundi 17 septembre

 Le parc Maximilien de Bruxelles est cet endroit devenu célèbre que des migrants occupent depuis plusieurs mois. Ce matin, les journaux les plus sérieux annonçaient qu’un policier y avait été poignardé. Au fil de la journée, on apprenait que l’incident était survenu dans une rue voisine du parc et, un peu plus tard, que l’agresseur était un Belge. Trop tard. La plupart des citoyens auront enregistré dès le petit déjeuner qu’un migrant (car ce ne pouvait être qu’un migrant…) avait attaqué un policier à l’arme blanche. On apprendra que finalement le policier n’eut que quelques éraflures au visage tandis que l’agresseur reçut, une balle dans le torse et une autre dans la jambe.

                                                           *

 Éric Zemmour a repris du service. Il court de micro en micro distillant des affirmations fallacieuses et parfois fantaisistes. Son aplomb est insensé. Tous ceux qui ne sont pas de la droite extrême en prennent pour leur grade. Croit-il vraiment ce qu’il dit ou joue-t-il le triste rôle du destructeur austère ? Peu importe la réponse. Cet homme est nuisible.

                                                           *

 « C’est chose tendre que la vie, et aisée à troubler… » Chaque jour au petit déjeuner, lire une pensée de Montaigne. Ne serait-ce pas un beau précepte pour s’élever en sagesse dans l’échelle du Temps ?

Mardi 18 septembre

 Sommet européen à Salzbourg. Il est informel donc on peut tout se dire et l’on n’est pas obligé d’aboutir à un texte cohérent et commun. Partant de ce principe, les participants se sentent déjà plus légers. Ils sont satisfaits. La maison brûle mais les pompiers sont prévenus.

                                                           *

 L’artiste est prophète (suite). Lorsque Les Charlots, groupe de chanteurs-comiques dézingués, entonnaient La Biguine au biniou, on était en 1976. Il n’y avait pas beaucoup d’Antillais dans le Golfe du Morbihan, et encore moins d’Africains, comme les nègres qui lissent les  r  en  w. Mais aujourd’hui, à Sarzeau, à Surzur, à Arzon et, bien entendu, à Vannes, il y a, comme partout ailleurs, des migrants. Et comme partout ailleurs, ceux-ci sont accueillis soit chaleureusement, soit avec méfiance par les autochtones. Alors la chanson rigolarde des Charlots prend tout à coup des accents d’une authenticité déconcertante. Elle se prépare une nouvelle vie. Un hymne local ?

« On n’fait pas du sucre de canne

Dans le Morbihan

On n’cultive pas les bananes

Dans le Morbihan

Il n’y a pas de vaudou à Vannes

Dans le Morbihan

Oui mais quand vient le sam’di soir, mon Vieux !

Dans les crêperies, dans les bars,

On peut dire que tout l’monde est noir

Dans le Morbihan

 

Et moi je danse avec la Mawie

La biguine au biniou

Oh ! Je lui fais voir du pays

Avec la biguine au biniou

Je lui prouve que les bananes – Oh ! You, you

Qui font plaisir aux doudous

On peut en trouver à Vannes

En dansant la biguine au biniou – Aïe, aïe, aie …

(…)

Mercredi 19 septembre

 Les grands appels des scientifiques du monde entier en faveur de la planète sont montés de plusieurs crans. Il n’est plus question de paraître de doux dingues. Le drame est en train de s’accomplir. Ce qui compte désormais, c’est de le rendre le moins catastrophique possible. Pour y parvenir, il importe de conscientiser tous les individus et de prendre des mesures désagréables, impopulaires. Réfléchies au pied de la lettre, les propositions de solutions n’auraient de sens de réussir qu’avec un gouvernement mondial. On est loin du compte. C’est encore de la science-fiction. Il est illusoire de dépasser le step by step. Tout au plus pourrait-on en accélérer un peu la cadence. Qui vivra verra…

                                                           *

 L’Union européenne a inversé le proverbe. Elle tient désormais son principe d’action : Qui peut le moins peut le plus. Un ange passe. Peu importe son sexe…

Jeudi 20 septembre

 Pour avoir diffusé des photographies montrant des exactions commises par Daech, la justice ordonne à Marine Le Pen de se soumettre à un examen psychiatrique. S’il s’agit d’un nouveau type de sanction juridique à l’adresse des politiques ayant fauté ou dérapé, Divan-le-Terrible sera davantage qu’un bon mot. Comment se fait-il que les magistrats étatsuniens n’y avaient pas encore pensé ?

                                                           *

 Lionel Duroy n’aura que 39 ans dans une dizaine de jours mais sa bibliographie est déjà impressionnante. On se souvient aussi de ses articles dans L’Événement du jeudi et dans Libération. La lettre ouverte qu’il adresse au président Macron dans Le Monde vaut la peine d’être épinglée. Il le supplie de tendre la main aux réfugiés, d’être une grande voix « d’être Churchill ou de Gaulle plutôt que Chamberlain » en faisant référence aux accords de Munich et, comme le pressent que ce type de comportement ne lui serait pas illico favorable électoralement, il conclut : « ne vaut-il pas mieux un grand mandat que deux petits qui ne laisseront dans le cœur des Français qu’une infinie tristesse ? » On aimerait savoir ce que le président a pensé en lisant cette adresse… S’il l’a lue…

                                                           *

 Herman De Croo, 81 ans, libéral flamand détenant une vie parlementaire de plus d’un demi-siècle, Ministre d’État, très proche de la famille royale, publie ses mémoires (Enraciné dans la vie, éd. Racine). Cet homme doué d’un humour parfois grinçant, qui n’a jamais mâché ses mots, écrit : « La Belgique est un cas d’espèce. J’ai toujours pensé que si ce pays n’existait pas, il faudrait l’inventer, ce qui fut le cas avant 1830 et notre indépendance. Quitte à provoquer, je pourrais même dire qu’il ne peut disparaître puisqu’il n’existe pas. » Herman De Croo commença ses études chez les jésuites à Mons, chef-lieu de la province de Hainaut, où le surréalisme s’épanouissait pendant que le jeune et brillant étudiant apprenait l’art de vivre par le latin.

                                                           *

 Est-ce que Paul Mc Cartney (Liverpool, 18 juin 1942) chantera plus longtemps que Charles Aznavour (Paris, 22 mai 1924) ? Les paris sont ouverts mais le verdict pourrait ne survenir que dans 18 ans au moins. En tout cas, l’ancien Beatle vient de sortir un nouvel album (Egypt Station, Universal) qui ne recueille que des critiques élogieuses.

Vendredi 21 septembre

 Les étrangers ne sont jamais les bienvenus nulle part. La crainte de l’Autre est ancienne comme le monde. Cet axiome doit néanmoins être soupesé : les étrangers riches, ceux qui, par leur talent (les vedettes de football), par leur statut social (les aristocrates) apportent à la nation succès ou renommée ne sont pas à rejeter, bien au contraire. Prenons monsieur Viktor Orbán, le maître de la Hongrie. Il est radicalement opposé aux migrants au point d’avoir entouré ses frontières de fils barbelés, de négliger les règles de l’Union européenne auxquelles son pays appartient, et de répandre chaque fois qu’il en a l’occasion des paroles venimeuses contre les réfugiés qui recherchent une terre d’asile. Ce même Viktor Orbán a cependant accueilli 6600 familles entre 2013 et 2017 qui ont pu élire domicile en Hongrie contre un versement de 300.000 euros en obligations d’État. Comme la Hongrie fait partie des accords de Schengen, ces riches étrangers, pour la plupart des Chinois paraît-il, bénéficient de la libre circulation sur le territoire européen et peuvent donc développer leurs affaires au détriment des autochtones. Sur la Méditerranée, seules les embarcations sont de fortune. Aucun de leurs passagers ne possède 300.000 euros en poche pour trouver un toit chez le bon monsieur Viktor Orbán.

                                                           *

 Emmanuel Macron va décorer une vingtaine de harkis (légion d’honneur ou ordre du Mérite) afin de réconcilier des parties qui se sont déchirées autrefois, pour donner à la Guerre d’Algérie un caractère historique moins pesant. Jean-Marie Le Pen, qui a toujours défendu ardemment cette communauté-là, ne peut que s’en réjouir. Sa fille devrait en faire autant.

Samedi 22 septembre

 Plus besoin d’un putsch pour s’emparer du pouvoir et le garder sans consultation populaire. Désormais, les dictateurs ont apprivoisé le suffrage universel. Aux Maldives, on votera demain pour élire le président. Abdulla Yameen, le sortant, musèle la presse et emprisonne ses opposants. Mais il se soumet aux élections. Ce dimanche, les images en provenance de cet archipel de rêve perdu dans l’Océan indien montreront des files d’électeurs aux portes des bureaux de vote attendant d’accomplir leur devoir de citoyen. Le peuple va prononcer (comme disait Lamartine). Mais l’on sait déjà qu’Abdulla Yameen sera reconduit à la tête de l’État. Comme beaucoup d’autres, que l’on doit qualifier de démocrates puisque leur peuple les a choisis. Monsieur Recep Erdogan par exemple. Si la démocratie est née avant notre ère, le suffrage universel n’est pas encore centenaire. Sa remise en question est taboue. C’est la meilleure garantie de sa subsistance.

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 S’il n’y avait la fameuse réplique « Que diable allait-il faire dans cette galère ? » passée dans le langage courant, Les Fourberies de Scapin serait une pièce de Molière un peu délaissée, à juste titre. Ce n’est en fait qu’une grosse farce. D’autres comédies de Poquelin ont mieux dénoncé les mesquineries et les cachotteries propres à l’être humain avec plus de raffinement et d’ironie légère. Thierry Debroux (Théâtre du Parc, Bruxelles) a transposé l’histoire dans la turbulence de mai’68, en respectant le texte dans son intégralité. Son apport se situe donc dans la mise en scène où domine le comique de situation. Celui-ci verse parfois dans le burlesque. Il lui arrive d’y sombrer. Le public rit, la salle et les balcons s’amusent. Les applaudissements nourris s’adressent donc à Debroux, pas à Molière. Revient la question sempiternelle : est-ce rendre service à un auteur que de démontrer la soi-disant modernité de son œuvre en la transposant dans une époque éloignée de plusieurs siècles ?

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