L'enfant

Allo, allo, quelle nouvelle

Par | Penseur libre |
le

© Serge Goldwicht

commentaires 0 Partager
Lecture 3 min.

Papa et Maman ont du faire de grosses bêtises parce que la police attend notre bateau dans le port. Pas un ou deux policiers mais des centaines avec des armes et des chiens qui nous détestent déjà, je le vois dans leurs yeux. Ils veulent voir des papiers, toujours des papiers qu’on n’a pas. Les policiers attachent les poignets de Papa et de Maman qui me dit, en voyant mes larmes : 

« Ne pleure pas, ma chérie. Tout va bien se passer ».

Mais même Maman ne sait pas tout parce que rien ne s’est passé comme elle l’avait prévu. Nous sommes arrivés dans un pays dont elle ignore les règles. Et, ici, les règles sont différentes des nôtres.

On nous a mis en prison. Une prison avec un toboggan dans la cour mais une prison quand même car nous sommes enfermés et aucun enfant n’a envie de jouer. Qui a envie de jouer quand ses parents sont tristes ?

Dès que la porte de la cellule s’ouvre, Papa et Maman accablent le surveillant de questions sur le temps que nous passerons dans cette cellule, pourquoi nous y sommes et quelle est notre faute ? mais le surveillant ne sait rien. Il n’est responsable de rien. C’est un autre, le responsable, se défend- il. On dirait que personne n’est responsable dans ce pays. Papa et Maman ne cessent pas de s’excuser auprès de moi mais je leur réponds que c’est inutile.

Je sais bien qu’ils voulaient le meilleur pour moi mais c’était sans compter sur les gens qui veulent le pire pour nous. C’est parce que je ne suis pas née dans ce pays que je suis en prison ? Il est né ici, le toboggan ?

La nuit, le sommeil vient difficilement à cause des barreaux qui l’empêchent de nous atteindre. Alors, je regarde le ciel à travers les barreaux pour que le sommeil me trouve. Là-bas, très loin, Grand-mère doit s’inquiéter pour nous. Elle pleurait quand nous l’avons quittée en lui promettant de lui envoyer des nouvelles et de l’argent mais, prisonniers dans ce centre fermé, nous ne pouvons lui envoyer ni l’un ni l’autre. Je me concentre très fort pour envoyer des pensées douces à Grand-mère. Lui dire que nous sommes arrivés, que nous sommes prisonniers mais vivants alors que tant d’autres se sont noyés en mer.

Il semble que vous appréciez cet article

Notre site est gratuit, mais coûte de l’argent. Aidez-nous à maintenir notre indépendance avec un micropaiement.

Merci !

Je me concentre fort pour envoyer mes pensées vers le Sud, vers Grand-mère mais le ciel est surveillé par des drones qui ont pour mission de s’emparer des pensées et des rêves des enfants dans le ciel et de les détruire. Leurs drones sont rapides  mais pas autant que moi qui ai passé des journées entières à jouer aux jeux vidéos chez mes cousins. Ah ah ! Faut voir la tête des drones quand mes pensées leur échappent !

 

commentaires 0 Partager

Inscrivez-vous à notre infolettre pour rester informé.

Chaque samedi le meilleur de la semaine.

/ Du même auteur /

Toutes les billets

/ Commentaires /

Avant de commencer…

Bienvenue dans l'espace de discussion qu'Entreleslignes met à disposition.

Nous favorisons le débat ouvert et respectueux. Les contributions doivent respecter les limites de la liberté d'expression, sous peine de non-publication. Les propos tenus peuvent engager juridiquement. 

Pour en savoir plus, cliquez ici.

Cet espace nécessite de s’identifier

Créer votre compte J’ai déjà un compte