Petites comptines de printemps
1.
elle est petite elle est charmante
sous un ciel d’ombre notre chambre
à moins que nos dires ne mentent
nous nous aimons sous un ciel d’ambre
étoiles qui tremblez ici
et lune jamais reposée
tout semblerait possible si
vous ne saigniez à la rosée
tremblant de tous vos feux grégaires
ou solitaire d’or imbue
objets de songes que naguère
je contemplais quand j’avais bu
quand je dérivais sur la plage
où murmuraient les vagues lentes
ça ne se fait plus avec l’âge
on ne voit plus d’étoile filante
cette nuit je dors avec toi
et j’oublie les années qui passent
chemin sucré dessous les toits
dont l’aube tendre fait impasse
jardins secrets jardins publics
où tintent les muguets de mai
le printemps met sa robe oblique
et je ne t’oublierai jamais
2.
ce sera cet été ensemble
que nous marcherons sur la rive
où le canal qui ne ressemble
à rien de lointains ports arrive
nous aurons dans nos mains légères
toi un lilas sec et fané
moi comme un souvenir où j’erre
entre le rêve et les années
il coulera une pluie tendre
si lumineuse si secrète
que nous ouvrirons pour l’entendre
nos cœurs et là-bas sur la crête
où dorment les rêves et les ormes
brillera une lune intense
là où les rêves prennent forme
là où les ormes à la nuit dansent
nous irons par les chemins courts
qui mènent du matin au soir
vers les sous-bois et dans les cours
où l’âme un moment vient s’assoir
le printemps déjà sera loin
nous serons aux portes du vent
ainsi mon aimé le jour point
dans l’ombre où l’âme pleure souvent
3.
et viendront marcher dans nos pas
les gais printemps du temps jadis
les amis et les bons repas
les passions que les aubes disent
tous les bienheureux souvenirs
mêleront leurs doux parfums d’août
aux souffles bleus et aux soupirs
de nos aveux et de nos doutes
et comme nous n’oublions rien
nous accompagneront encore
comme le mal avec le bien
comme le cœur avec le corps
les visages des frères perdus
les amants las et l’amour mort
les espoirs qui se sont pendus
les enfants noirs que le vent mord
à Tanger les matins d’hiver
quand la mer est grise et que gagne
la mort où les barques arrivèrent
dans un brumeux rêve d’Espagne
sur nos épaules et dans nos ventres
nous suivront calmes les cohortes
de rêves qui étaient à vendre
de projets laissés à la porte
des cendres de quarante deux
viendront des violons déchirants
nous nous contenterons d’un peu
du vin d’un malheur enivrant
ainsi nous aurons sur nos lèvres
le goût d’aimer tendre et amer
ainsi dans notre douce fièvre
brûleront l’enfant et la mère
et nous ne saurons bienaimé
ce qui toujours nous fait chanter
de l’aube au soleil acclamé
ou de la nuit désenchantée
4.
et j’ai chanté dans la nuit noire
toi tu dormais depuis tantôt
j’attendais la timide moire
d’une aube qui viendrait bientôt
dans la nuit que les pensées cousent
au tissu doré des beaux jours
tu dors et je t’entends Mafous
rêver de bonheur et d’amour
rêver de pays enfantins
rêver d’un monde où le blé pousse
pour donner à chacun son pain
et quand dans le petit matin
tu t’éveilles et chantes Mafous
j’entends chanter le genre humain
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Bruxelles, mai 2019
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