Petites comptines de printemps

Le Chant la vie

Par | Penseur libre |
le

Photo © Jean-Frédéric Hanssens

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Lecture 3 min.

1.

elle est petite elle est charmante

sous un ciel d’ombre notre chambre

à moins que nos dires ne mentent

nous nous aimons sous un ciel d’ambre

 

étoiles qui tremblez ici

et lune jamais reposée

tout semblerait possible si

vous ne saigniez à la rosée

 

tremblant de tous vos feux grégaires

ou solitaire d’or imbue

objets de songes que naguère

je contemplais quand j’avais bu

 

quand je dérivais sur la plage

où murmuraient les vagues lentes

ça ne se fait plus avec l’âge

on ne voit plus d’étoile filante

 

cette nuit je dors avec toi

et j’oublie les années qui passent

chemin sucré dessous les toits

dont l’aube tendre fait impasse

 

jardins secrets jardins publics

où tintent les muguets de mai

le printemps met sa robe oblique

et je ne t’oublierai jamais

 

 

2.

ce sera cet été ensemble

que nous marcherons sur la rive

où le canal qui ne ressemble

à rien de lointains ports arrive

 

nous aurons dans nos mains légères

toi un lilas sec et fané

moi comme un souvenir où j’erre

entre le rêve et les années

 

il coulera une pluie tendre

si lumineuse si secrète

que nous ouvrirons pour l’entendre

nos cœurs et là-bas sur la crête

 

où dorment les rêves et les ormes

brillera une lune intense

là où les rêves prennent forme

là où les ormes à la nuit dansent

 

nous irons par les chemins courts

qui mènent du matin au soir

vers les sous-bois et dans les cours

où l’âme un moment vient s’assoir

 

le printemps déjà sera loin

nous serons aux portes du vent

ainsi mon aimé le jour point

dans l’ombre où l’âme pleure souvent

 

 

3.

et viendront marcher dans nos pas

les gais printemps du temps jadis

les amis et les bons repas

les passions que les aubes disent

 

tous les bienheureux souvenirs

mêleront leurs doux parfums d’août

aux souffles bleus et aux soupirs

de nos aveux et de nos doutes

 

et comme nous n’oublions rien

nous accompagneront encore

comme le mal avec le bien

comme le cœur avec le corps

 

les visages des frères perdus

les amants las et l’amour mort

les espoirs qui se sont pendus

les enfants noirs que le vent mord

 

à Tanger les matins d’hiver

quand la mer est grise et que gagne

la mort où les barques arrivèrent

dans un brumeux rêve d’Espagne

 

sur nos épaules et dans nos ventres

nous suivront calmes les cohortes

de rêves qui étaient à vendre

de projets laissés à la porte

 

des cendres de quarante deux

viendront des violons déchirants

nous nous contenterons d’un peu

du vin d’un malheur enivrant

 

ainsi nous aurons sur nos lèvres

le goût d’aimer tendre et amer

ainsi dans notre douce fièvre

brûleront l’enfant et la mère

 

et nous ne saurons bienaimé

ce qui toujours nous fait chanter

de l’aube au soleil acclamé

ou de la nuit désenchantée

 

 

4.

et j’ai chanté dans la nuit noire

toi tu dormais depuis tantôt

j’attendais la timide moire

d’une aube qui viendrait bientôt

 

dans la nuit que les pensées cousent

au tissu doré des beaux jours

tu dors et je t’entends Mafous

rêver de bonheur et d’amour

 

rêver de pays enfantins

rêver d’un monde où le blé pousse

pour donner à chacun son pain

 

et quand dans le petit matin

tu t’éveilles et chantes Mafous

j’entends chanter le genre humain

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Bruxelles, mai 2019

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