« Plaisirs d’hiver » bruxellois

Zooms curieux

Par | Journaliste |
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Les revendications du secteur culturel dépassent les "frontières" linguistiques. Photo © Gabrielle Lefèvre

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Rue Neuve, un Saint-Nicolas sans père fouettard (non politiquement correct) déambule devant les vitrines rutilantes des magasins. A ses pieds, mendie un couple de sans-abris avec un enfant d’environ 5 ans, coiffés de dérisoires bonnets de père Noël rouge vif. Catapultage de dates de fêtes factices et consuméristes, dans l’indifférence de la foule des promeneurs-acheteurs-consommateurs dont beaucoup ne voient rien d’autre que l’écran de leur smartphone, semblant guidés par cette petite lumière bleue dont ils ne sortent que pour être aspirés vers une boutique plus scintillante d’envies fugaces.

Sur le piétonnier, magnifique parcours d’urbanités mélangées, la circulation des piétons semble plus sereine, moins bousculée par les trottinettes impertinentes et les cyclistes dangereux. Les promeneurs viennent en effet en masse, en famille, rêver quelques moments lumineux à la Grand-Place régal d’incandescence de couleurs qui balaient les façades et les transforment en décor de théâtre historique fascinant. Au centre, un superbe sapin meurt lentement, symbole d’une nature dont les gestionnaires se souviennent maintenant qu’elle doit reconquérir les espaces urbains si l’on veut qu’on y vive plus sainement. Une pensée que n’effleure pas la plupart de ces promeneurs venus en voitures polluer les rues environnantes, pestant contre les obstacles à leur « liberté » de conduire tout en empestant cette ville qu’ils souhaitent admirer. Ils n’ont pas encore appris à laisser leur voiture près d’une entrée de métro ou d’autre transport en commun afin de gagner calmement le centre-ville. Et ainsi, de savourer tranquillement les multiples tentations gustatives proposées par les dizaines de petites boutiques des « Plaisirs d’hiver ». Le réflexe transports en commun leur viendra après quelques heures passées dans les embouteillages !

Ce jeudi 5 décembre, la Place des Martyrs dont l’architecture sobre et blanche incite à la sérénité, vibrait furieusement d’une manifestation enthousiaste, forte, créative. Normal : c’est tout le secteur culturel flamand qui déployait son incroyable énergie pour protester contre la politique budgétaire du gouvernement flamand : 60% de réduction des subsides des associations culturelles y compris les plus importantes pour la démocratie : la VRT priée de s’adapter au « canon » du nationalisme flamand vu par la NVA. Du jamais vu en Belgique ! On avait déjà assisté aux tentatives libérales de mesurer l’ « efficacité » des associations socio-culturelles comme si elles étaient de simples entreprises ou commerces. Le monde politique se soumet aux diktats des chantres d’une « bonne gouvernance » visant à surveiller l’usage que l’on fait de l’argent public afin qu’il ne soit pas utilisé pour aider des mouvements, des associations, des révoltés qui ne se conformeraient pas aux normes de l’action politique, sociale et culturelle autorisées pour les pouvoirs en place, que ce soit en Belgique ou ailleurs dans le monde.

La troisième étape est venue grâce au gouvernement Jambon : bâillonner la culture, la presse, l’information en général, l’expression des gens. Des syndicalistes rappellent que le prétexte de faire des économies est faux puisqu’on sait parfaitement bien qu’un euro investi dans la culture rapporte 4 à l’économie, que cela sert à créer de très nombreux emplois et que cela permet à la Flandre de rayonner dans le monde entier par sa créativité culturelle impertinente, innovante, dérangeante parfois. La NVA ne veut pas être dérangée.

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Place des Martyrs, ce ne sont pas des perdants qui manifestaient mais des combattants culturels, pacifiques et créatifs pour notre bien à tous, pour notre avenir commun.

Espérons qu’une partie de la foule aveugle circulant rue Neuve aura découvert cet appel pour soutenir une culture humaniste et solidaire. 

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