Rencontrer Homère au Louvre Lens

Pérégrinations

Par | Journaliste |
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Les dieux de l'Olympe nous conduisent à Homère © Martin Michel- presse

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Lecture 4 min.

Bien que son existence soit toujours nimbée de mystère, l’immense poète grec Homère est au cœur d’une exposition qui interroge les fondements de la culture occidentale. Par tradition, Homère est l’auteur de l’Illiade et de l’Odyssée, deux célèbres épopées dont l’une raconte la guerre de Troie et l’autre le long retour d’Ulysse vers sa patrie, Ithaque.

Une flopée de dieux et de déesses s’y occupent des affaires des hommes. Cronos à l’esprit retors, Hermès aux semelles de vent, Hera et autres déesses, muses et monstres, entortillent le destin des héros de ces récits véhiculés par la tradition orale, puis par des écrits à partir du 8e siècle avant J.-C.

Si cette exposition évoque Homère par des représentations via des dessins, des sculptures assez différentes (barbu ? aveugle ?)  selon leurs origines et les époques, le principal de ce rendez-vous me semble être le phénomène d’ « homéromanie » qui a marqué la science archéologique et a inspiré quantité d’œuvres à travers les siècles et même des comportements.

Plus de 300 pièces anciennes et modernes - objets archéologiques, œuvres picturales, photos et vidéos - nous font revivre l’épopée d'Achille, d'Hector ou d’Ulysse et traversent pour nous les thèmes  profondément humains de ces épopées fondatrices.

À titre personnel, j’ai été très séduite par une sculpture d'Antoine Bourdelle représentant Pénélope debout, donc sans sa broderie. Par ailleurs j’ai été très amusée par les anachronismes d’une énorme tapisserie de la manufacture Gobelins montrant l’apothéose d’Homère, où tel un dieu, le prince des poètes domine toutes sortes d’artistes dont Molière et Shakespeare. J’ai aussi apprécié l’évocation d’un helléniste, Victor Bréard, aidé en cela par un photographe, qui - oubliant l’aspect mythique de l’épopée - s’est employé à reconstituer le trajet exact d’Ulysse depuis Troie jusqu’en Ithaque. Affaire de proposer Homère comme une sorte de géographe inspiré par les recueils nautiques des Phéniciens. C’est du moins ce que j’ai saisi de cette aventure originale.

Il est évident que cet événement Homère-Lens est la sortie scolaire rêvée pour tout instituteur ou professeur un peu avisé. Et c’est très touchant d’observer les enfants captivés par une conteuse évoquant la grotte du Cyclope. Et c’est tout aussi émouvant de voir nos ados munis de plusieurs pages de questionnaire, le nez sur une des multiples représentations de la mort de Hector. C’est que les vainqueurs et les vaincus, les vertueux, les cyniques, les violents, les cupides, les amoureux comme les jaloux, via Homère tissent leur toile jusqu’à nous  et nombre d’auteurs d’hier et d’aujourd’hui, témoignent dans leurs oeuvres de la grande fécondité du cycle homérique.

Homère : Louvre-Lens,rue Paul Bert 99, 62300 Lens, France. Jusqu’au 22 juillet 2019,

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Information : www.louvrelens.fr

 

Homère vu par Auguste Leloir - 1841 © RMN Musée du Louvre - Franck Raux

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