Salman Rushdie, ce Quichotte poignardé

Zooms curieux

Par | Journaliste |
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Un livre à la fois initiatique sur le sens de la vie et critique sur la société U.S.

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Lecture 3 min.

Je fermais le livre « Quichotte », signé Salman Rushdie, la tête pleine encore de ce prodigieux tour de magie d’un écrivain créateur de personnages qui sont aussi lui-même et ceux qu’il côtoie. Une première information venue de la presse US venait de tomber : des dizaines d’adolescents états-uniens mouraient à cause de l’usage frauduleux de fentanyl, ce puissant opiacé de synthèse qui a supplanté les drogues plus habituelles que sont l’héroïne, la cocaïne, le haschisch, le crack...

Or, le fentanyl intervient dans ce roman de Rushdie, comme symbole d’une société incapable de supporter l’anxiété, la douleur, provoquées par un mode de vie absurde et l’impossibilité d’être soi dans la société du spectacle permanent, du divertissement par rapport aux valeurs humanistes chères à Salman Rushdie. Il met en scène la quête spirituelle d’un homme que l’on qualifierait de « loser » aux Etats-Unis et qui entame une recherche de lui, des autres, des significations de la vie et s’invente même un fils qui acquiert sa propre identité. Quichotte suit un long chemin initiatique à travers les Etats-Unis que l’écrivain décrit avec ironie mais aussi tendresse, parfois. Il dépeint le profond racisme anti noir mais aussi anti indien, anti musulman, contre tout ce qui n’est pas blanc, et qui prolifère à travers les idéologies suprémacistes croissantes.

Réfugié aux Etats-Unis afin d’échapper à la bêtise meurtrière des religieux radicaux, Salman Rushdie, a été rejoint par l’extrême violence qui règne dans nos sociétés de plus en plus inégalitaires et qui devient la seule expression possible pour des esprits faibles et tourmentés. Ce fut le cas avec cette agression au poignard qui a gravement blessé l’écrivain.

Cet épisode tragique remet en lumière le combat permanent entre l’obscurantisme des religions devenues pouvoirs politiques et l’esprit des Lumières qui a conduit à l’élaboration de la déclaration universelle des droits humains.

La mort de ces adolescents déboussolés, la violence raciale et religieuse sont les conséquences d’une forme de civilisation qui a oublié son histoire, ses philosophies, l’esprit critique, l’émancipation par l’art et la culture en privilégiant la consommation individuelle abrutissant les cerveaux et le cœur humain au détriment du bien commun et de la survie de notre écosystème.

Lisons et relisons Salman Rushdie mais aussi ces écrivains hommes et femmes, de tous pays, qui nous montrent le chemin vers un humanisme de bonté et de beauté. Il n’est possible que dans des sociétés où règne la paix, la justice sociale, la primauté à l’enseignement sans œillères, la libre expression des opinions, le libre accès à l’information.

Le temps de la fatwa

Pour resituer le contexte historique de la fatwa prononcée contre Salman Rushdie et initier une réflexion sur l’Islam, voici un texte de Mohammed Harbi, historien algérien, paru en 1990.

https://sinedjib.com/index.php/2018/11/12/rushdie/?fbclid=IwAR3Dquq-Y4nO61ToBEYYijiwqxAhE4xvEE-50E4DYkICWTmAhX7gCLy8jCE

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Salman Rushdie lors d’une réception à New York City en 2008 Photo ©David Shankbone, C.C Wikipédia

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