Soudan, Algérie: des révoltes et des espoirs

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Par | Journaliste |
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Cette image d'Ala'a Salah, chantant la «révolution» au milieu d'une foule de manifestants à Khartoum, lundi 8 avril, a fait le tour des réseaux sociaux.
© Courtesy Lana H. Haroun/via REUTERS

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Notre petite planète est bouleversée par sa population humaine prolifique, dévastatrice, consommatrice et polluante mais tellement créative. Pour l’instant, une de ses plus belles et plus imparfaites créations, la démocratie, agite quantité de populations.

Une « révolution du sourire » oblige un pouvoir algérien que l’on croyait indéboulonnable à changer de dirigeants, selon la volonté du peuple ; et cela sans violence comme cela s’était produit en Tunisie.

Une révolution populaire vient de se produire au Soudan, pays pourtant ultra violent où la répression des dissidents était féroce au point que le président Omar Hassan el-Béchir a été mis en accusation par la Cour pénale internationale pour génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis pendant la guerre du Darfour, cette province de l’ouest du Soudan en proie à une guerre civile depuis 2003. Des ethnies différentes se révoltaient périodiquement contre la mainmise arabe. Ensuite, la découverte de pétrole attisa les convoitises du pouvoir, d’où la répression sanglante qui a été qualifiée par l’ONU de génocide, parmi les ethnies en place, commis par des milices arabes (les janjawids) qui auraient provoqué la mort de 300.000 personnes et 2, 27 millions de déplacés dont 230.000 vers le Tchad.

Précisons que la Chine achète 65% du pétrole soudanais et a construit des usines qui produisent les armes utilisées par la dictature de Béchir.

Béchir était président depuis le 16 octobre 1993, la junte militaire qu’il dirigeait avait pris le pouvoir en 1989. « Trente ans de répression, de corruption, d’abus de droits, c’est assez », disent les manifestants rassemblés en masse, bravement, face au siège de l’armée.

C’est la décision du gouvernement de tripler le prix du pain, en décembre dernier, qui a provoqué ce mouvement de masse, cette protestation populaire d’abord réprimée par la force, irrésistible malgré 49 morts.

Comme en Algérie où les femmes ont manifesté en masse (le désormais célèbre « carré féministe »), une jeune Soudanaise de 22 ans Alaa Sanah est devenue l’icône de la révolution soudanaise, étudiante en ingénierie et architecture à Khartoum. Habillée de blanc, elle symbolise les précédentes révoltes de femmes au Soudan, elles qui sont les principales victimes d’une dictature patriarcale et religieuse. Cette photo rappelle aussi les reines noires du Kouch, les Kandaka de Nubie. Magnifique symbole d’un pouvoir féminin accepté par des civilisations plus anciennes.

Le tyran est à présent tombé mais que deviendra le pouvoir dans ce pays divisé, meurtri, supplicié même ? Une démocratie sera-t-elle instaurée ? Saura-t-elle réconcilier les Soudanais au-delà des différences ethniques, religieuses, politiques et économiques ? La Cour pénale internationale pourrait-elle enfin juger Omar Hassan el-Béchir ?

L’avenir nous dira si une démocratie est enfin possible au Soudan.

En Algérie, il s’agit d’un « système de pouvoir » au sein d’une démocratie qui devra changer. L’enjeu : la redistribution de la richesse réelle de ce pays vers les populations qui ont besoin d’un développement économique permettant la création d’emplois pour une population jeune et porteuse de diplômes.

L’avenir de la démocratie se trouve donc dans les mains de ces jeunes, l’avenir de notre monde.

A lire et à voir, sur le Soudan :

https://www.tsa-algerie.com/video-soudan-une-jeune-femme-de-22-ans-devient-le-symbole-de-la-revolution/

http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article48402

Sur l’Algérie :

http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article48363

https://www.facebook.com/brutofficiel/videos/alg%C3%A9rie-les-femmes-au-premier-rang-des-manifestations/2219171541437153/

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https://www.mediapart.fr/journal/international/040419/en-algerie-le-carre-feministe-essaye-de-s-imposer-dans-la-marche

 

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