Trois cents sans-papiers occupent toujours l’église au Béguinage

Question d'optique

Par | Journaliste |
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Reportage photo © Jean-Frédéric Hanssens

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L'église Saint-Jean-Baptiste au Béguinage à Bruxelles est occupée par près de 300 sans-papiers depuis le 28 janvier. En 20 ans, ce lieu a connu l'équivalent de six années d'occupation. Daniel Alliët, prêtre de cette église du centre-ville de Bruxelles, est un ferveur défenseur des sans-papiers. Il en héberge chez lui "depuis toujours". « On se bat pour eux, pour leurs droits.  Ils ont construit leur vie ici. Il faut arrêter de les invisibiliser, ça ne peut plus durer", insiste l'octogénaire. »

Depuis le début de la crise sanitaire, plusieurs initiatives (manifestations, campagnes de communication) en faveur de la régularisation des sans-papiers ont été mises en place par des collectifs. Mais elles n'ont débouché sur aucune réponse du gouvernement. Actuellement, ils sont soutenus par 2 000 sans-papiers qui espèrent eux aussi décrocher un titre de séjour, explique Abdelhak Ziani de l'organisation de défense des sans-papiers Samenlevingsopbouw Bruxelles.

La plupart de ces sans-papiers, originaires du Maghreb, d'Afrique de l'Ouest mais aussi du Népal et de Thaïlande, vivent en Belgique depuis cinq, dix voire quinze ans. "Je suis arrivé à Bruxelles en 2004. J'ai toute ma vie ici. J'ai une femme, des enfants, un travail et un logement", raconte Mohammed, un Marocain devenu porte-parole de l'Union des sans-papiers pour la régularisation (USPR), une organisation créée au début de l'occupation fin janvier.

Le père de famille, employé au noir dans le secteur du bâtiment, dit travailler huit heures par jour pour un salaire quotidien maximum de 50 euros, "si j'ai de la chance". Il peut arriver que des patrons ne le payent pas. "Ici, tu peux participer à l'économie belge, mais tu ne peux rien demander", s'indigne Mohammed.

Les associations estiment à au moins 100 000 le nombre de sans-papiers vivant en Belgique. "Ils représentent l'équivalent d'une 20e commune de Bruxelles", signale Sophie Devillé. Mais ce chiffre pourrait être plus élevé car beaucoup passent sous les radars. C'est le cas des personnes hébergées chez un membre de leur famille en règle dans le pays, ou de ceux qui dorment dans des squats, qui se débrouillent entre eux et ne font pas appel aux collectifs d'aide.

Mohammed a déposé deux dossiers de régularisation, en 2009 et en 2014. Malgré les quittances de loyer qu'il a présentée et son emploi, ses demandes ont toutes été refusées.

En Belgique, c'est l'article 9bis de la loi de 1980 relative aux droits des étrangers qui régit les conditions d'obtention d'un titre de séjour. Ce document est délivré pour des "raisons exceptionnelles" si la personne réussi à démontrer qu'elle ne peut retourner dans son pays d'origine pour y introduire la demande, ou pour des "raisons médicales", si elle ne peut se faire soigner dans son pays. En clair, la loi belge considère qu'un sans-papiers entré illégalement en Belgique doit retourner dans son pays pour y déposer une demande de titre de séjour. "Ici, il ne faut pas rentrer par la fenêtre mais par la porte, sinon votre présence sera toujours considérée comme illégale et vous n'aurez aucun droit", résume Abdelhak Ziani. (1)

(1) Vers le site "INFO MIGRANTS" : https://www.infomigrants.net/fr/post/30532/bruxelles-environ-200-sans-papiers-occupent-une-eglise-pour-reclamer-leur-regularisation?fbclid=IwAR3vMS8lut2ltpcEZMrF610paq6T7oeBy4usLouXAjN2fhPCnXp4LkcfxF0

 

 

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