Antisystème, le mot dangereux

Poing de vue

Par | Journaliste |
le

Capture d'écran du soir.be. Certes titrer est caricaturer, mais présenté comme ça... La facilité du raccourci cache un danger inattendu.

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On n'entend plus que ce mot: le système. Les partis antisystème. Les dérives du système. Comme si le monde était devenu incontrôlable et la société, ingérable. Le monde n'est pas idéal et la société n'est pas juste. Mais de ce système, nous faisons partie et c'est à nous de nous en occuper, n'en déplaise au discours médiatique ambiant.

Le système, donc. En utilisant ce mot, ne voit-on pas qu'on le disqualifie d'office et que l'on condamne sans appel? On entre dans la logique perverse des totalitarismes de tout crin. Jean-Marie Le Pen fustigeait ce qu'il appelait l'établissement. Et à présent, où est le célèbre «Pas d'amalgame!»? De la même façon que tous les musulmans ne sont pas des terroristes, tous les hommes des harceleurs ou tous les chômeurs des profiteurs, les hommes et les femmes qui nous gouvernent ne sont pas tous des nuls, des vendus, des pourris, des corrompus et des «produits du système»...

La récente victoire (relative mais réelle) du MVS en Italie a à nouveau fait fleurir l'expression. Ce parti est-il «antisystème»? Et si oui, pourquoi En Marche ne le serait-il pas?

Qu'il y ait une fuite en avant des électeurs, chats échaudés craignant l'eau froide, et qu'on la constate partout, c'est l'évidence. Nous sommes à la fin sinon d'un monde du moins d'un modèle. La planète étouffe, les inégalités s'accroissent, il est temps de réagir! Qu'il faille réinventer en découle et c'est en cela que nous ne revivons pas du tout les années 30, où la démocratie fut tant mise à mal: en fait, ce qu'on reproche au système démocratique aboutit au constat qu'il faudrait plus de démocratie. L'idée qui effleure aussitôt est du ressort d'une utopie: la démocratie directe. La classe politique étant disqualifiée, que veut-on faire? Ce qu'on fait en justice avec la cour d'assises: introduire des représentants du peuple pris au hasard et non pas élus.

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Il n'est pourtant pas plus compliqué de remplir pleinement son rôle de citoyen. Car les contre-pouvoirs existent. Car finalement, les lois sont appliquées. Car enfin, les dérives sont dénoncées. Le paradoxe est que le système se met à mal lui-même parce qu'il accepte sa remise en question.

Il y a une manière assez simple mais radicale de résoudre ce problème: c'est d'imposer une stricte limitation du nombre des mandats électifs, et ceci globalement, non seulement en limitant les mandats dans une fonction et en interdisant les cumuls, mais aussi dans l'absolu, ceci afin d'éviter la comédie poutinienne. Le jour où les citoyens auront l'impression que la classe politique n'est pas comme la marée, revenant inéluctablement, ils n'auront plus l'impression que le système est confisqué et verront qu'il ne fonctionne pas toujours si mal.

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