Entre deux chaises

On finirait par dire que les élections sont dangereuses. Elles échappent de toute évidence de plus en plus à ce qu'on pourrait appeler la démocratie. Fake news et trolls, bien sûr, derniers rejetons de la propagande vieille comme le monde. Mais aussi la désinformation inhérente aux algorithmes qui même en dehors de toute volonté malveillante renforcent les propres croyances de chacun, dont on sait comme Proust l'a écrit que les faits n'y pénètrent pas. Et surtout les calculs qui sont fait à l'extérieur par tel ou tel pays.

La Russie, par exemple, mais c'est plutôt universel. Détaillons. Sur un premier plan, on peut jouer Le Pen contre Macron. La France n'est pourtant plus qu'une moyenne puissance, mais que dire alors du remake Biden-Trump? Le conflit entre Hamas et Israël influence l'élection américaine dont la campagne elle-même est influencée par ce conflit. De même évidemment que la guerre entre la Russie et l'Ukraine. Et ce jeu, Biden est toujours perdant. La guerre coûte cher. Le soutien presque sans faille à Israël rapporte l'appui d'un lobby mais le coupe d'une gauche critique à l'égard de la poursuite obstinée du conflit qui tend sans cesse à s'élargir et qui vire en drôle de guerre entre Israël et l'Iran. Certes Trump présente-t-il bien des côtés répugnants qui ne facilitent pas les transferts de voix en sa faveur mais il ne sera peut-être pas nécessaire d'avoir plus de voix que la fois passée si Biden en perd... Alors le voilà assis entre deux chaises, envoyant Blinken faire vaguement les gros yeux à Netanyahou. C'est paraît-il l'homme le plus puissant du monde. Mais que peut-il? Aujourd'hui les bellicistes partout ont le vent en poupe. Pourquoi voulez-vous que quelqu'un cesse quand finalement il n'y trouvera aucun avantage? Même la paix n'est plus à sauver... L'histoire n'a jamais été prévisible, les causes, on les détermine toujours a posteriori. Aujourd'hui, elle se complique tous les jours de nouveaux facteurs technologiques, psychologiques et économiques, sans même compter la démographie ou le dérèglement climatique, et tous ces problèmes de l'heure monopolisent la réflexion qui tourne en rond - à l'inverse du monde, qui lui tourne de moins en moins rond.