On a tout mangé

Poing de vue

Par | Journaliste |
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Quelques petites éoliennes ne devraient pas suffire à nous faire oublier les lourds nuages qui s'accumulent... Photo © Jean Rebuffat

 
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Depuis aujourd'hui, 10 mai 2019, nous, Européens de l'ouest, nous avons mangé toute la planète. Derrière cette affirmation quelque peu sensationnaliste se cache, ou plutôt se cachait une réalité refoulée: nous pensions être les bons élèves de la lutte contre le réchauffement climatique et estimions que les Chinois et les Américains, pour ne prendre que ces deux exemples, étaient de bien plus vilains pollueurs. Or l'an passé, ce fameux jour du dépassement, qui intervient chaque année un peu plus tôt, était calculée à l'aune de la planète entière et cette année est la première où le calcul a été fait rien que pour nous. Et en 2018, pour la terre, c'était le 1er août, un jour plus tôt qu'en 2017. Près d'un trimestre d'avance pour l'Europe!

Bien sûr, ce calcul vaut ce qu'il vaut. Il correspond en théorie au jour où les ressources naturelles renouvelables en un an sont épuisées. Autrement dit ensuite on vit à crédit.

On objectera deux choses. La première, c'est que ces chiffres alarmistes se multiplient tant et tant qu'une suspicion légitime peut en naître. Penser par exemple que quelqu'un qui est imposé à 50% et qui paie la TVA comme tout les citoyens ne travaille pour lui qu'à partir du 5 octobre est aberrant: n'a-t-il pas besoin des routes, des écoles, des hôpitaux, de sa retraite plus tard, etc.? La seconde, c'est que comme cela dure depuis des décennies, le gaspillage s'additionnant, on doit avoir des années et des années de retard. Eppur si muove... Mais elle ne tourne plus rond, c'est clair, une extinction massive (un million d'espèces!) est en cours, la météo se déchaîne en se déréglant et de toute façon, on aura bientôt fini d'épuiser les ressources naturelles. Et pendant ce temps-là, on apprend que Monsanto fiche les décideurs selon toute apparence illégalement et on constate que le monde entier au fond s'en fiche complètement, refusant de changer de style de vie sauf pour imiter les plus gourmands – c'est-à-dire nous. C'est que d'une part la logique de profit se moque de l'avenir (il est temps de s'interroger sur la nature éthique des privatisations) et que de l'autre, la nature humaine, ce n'est pas nouveau, est insouciante parce que la vie est belle, en général, et que notre style de vie nous apparaît comme ...naturel. Alors qu'il abîme la nature. Cette conjuration d'un certain égoïsme individuel avec un système économique qui y pousse et qui aggrave les inégalités de tous ordres n'est pas neuve mais jamais elle n'a été autant nocive.

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