À gauche, c'est à droite?

Zeitgeist

Par | Penseur libre |
le
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Il n'était sans doute pas donné à tout le monde d'avoir entre les mains Le Figaro de ce mardi 25 janvier 2022. Il n'est qu'à voir l'érosion constante, par faillite ou par pur désespoir, des vendeurs de journaux pour imaginer que ledit journal quotidien (3 euros 30 centimes, soit quelque 130 de nos anciens francs!) ne s'est pas trouvé en beaucoup de mains, en Belgique.

Idem pour Le Soir, La Libre, Le Monde ou n'importe quel autre truc archaïque à encore d'imprimerie sur papier. Et je ne parle pas alors du magnifique The Times de Londres (ses nécrologies plein page!), que le Brexit nous a rendu, sur le "continent", hélas inaccessible.

Mais donc, ce Figaro. Il avait titré, en Une, aux côtés des nouvelles créations de haute couture Dior, ainsi: "La méfiance grandit entre les Français et les politiques". Ce qui n'a en soi rien pour étonner. Les partis, les institutions: plus très à la mode. Et pourt cause.

Côté PS français, c'est Bérézina, comme on sait. Quelque 160.000 membres en 2015, il n'en restait plus qu'environ 40.000 quelques années plus tard.

Mais la chose qui intrigue, c'est un des résultats du sondage sur lequel s'appuie la manchette en Une. Pour ce qu'ils valent, les sondages, ici un "large panel" de 10.500 personnes interrogées par une boîte nommée OpinionWay, diable sait comment. Passons.

D'après çui-ci, la top préoccupation des sondés se reflète dans leur adhésion très majoritaire (73%) à la proposition "L'économie actuelle profit aux patrons aux dépens de ceux qui travaillent". (En deuxième, soit dit en passant, c'est "Il y a trop d'immigrés": 63%. C'est un autre débat.)

Traduit en belge de tous les jours, cela veut dire 73% qui font une analyse critique gauche toute de leur vie, des élites gouvernantes, du blabla dominant, etc.

Mais alors, c'est à ne plus rien y comprendre, car, lorsque ces sondés sont invités à se situer sur l'échelle gauche-droite, ils se rangent majoritairement (32%) à droite, la gauche venant loin derrière (17%), soit un peu moins que les indécis (20%) et à peine plus que les centristes (14%), extrême-gauche et extrême-droite faisant 6 et 11% respectivement.

Bref, la gauche se sent chez soi à droite.

Cela fait un peu penser à ce que notait Eric Hobsbawm au sujet de la croyance en un soulèvement populaire lors des catastrophiques années trente: "Cette croyance était si puissante que, lorsqu'un chômage de masse a fait son retour quelques années plus tard, et plus encore durant la grave dépression au début des années quatre-vingt, les observateurs (dont moi-même) étaient confiants dans la survenance de troubles sociaux, puis n'en revenaient pas de constater qu'il n'en fut rien." (C'est dans L'Âge des extrêmes, 1994, page 95 dans l'édition originale de poche Abacus de 1997.)

Plus ça va mal, plus il y a d'apathie.

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Et la gauche se sent chez soi à droite.

Certes, cela se discute.

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