Hiroshima, Arte et la propagande

Les indignés

Par | Journaliste |
le

Champignons atomiques sur Hiroshima (à gauche) et Nagasaki. Photo © George R. Caron, Charles Levy, Wikimedia Commons

commentaires 0 Partager
Lecture 3 min.

Les bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki par les forces étatsuniennes ont eu lieu les 6 et 9 août 1945. Ces villes abritaient respectivement 340.000 habitants et 195.000 habitants. Hiroshima était le siège de la 5e division de la deuxième armée générale et le centre de commandement du général Shunroku Hata, et Nagasaki a été choisie pour remplacer la cité historique de Kyoto. Il s’agissait donc d’objectifs stratégiques peu importants. Le massacre de centaines de civils provoque l’indignation de ceux qui dénoncent les véritables objectifs des Etats-unis. Roland Marounek écrit ceci dans « Alerte-Otan » :

Ce mardi (28 juillet 2020 NDLR) la chaîne Arte a passé un documentaire sur la bombe atomique, encore disponible sur son site (https://www.arte.tv/fr/videos/079408-000-A/la-bombe/)

De manière assez caractéristique, y est asséné à nouveau, en passant, sans la moindre contradiction, la thèse officielle que « la bombe atomique a permis d’arrêter la guerre et de sauver des millions de vies humaines » (à partir de 35 :50).

« L’étape suivante parait inévitable : l’invasion du Japon. Des milliers d’Américains et peut-être des millions de Japonais risquent de mourir. Pour Harry Truman la bombe semble être le moindre des 2 maux. Il a préféré une option lui permettant d’écourter la guerre. »

Le Japon devrait être reconnaissant aux USA en quelque sorte…

En août 45 le Japon était déjà défait militairement et en train de négocier la capitulation. Le prétendu point d’achoppement, la garantie du maintien du système impérial, devait d’ailleurs être accordé sans sourciller dans l’acte de reddition. La conclusion a incontestablement été accélérée par la déclaration de guerre soviétique (9 août) et la perspective de devoir partager des droits d’occupation du Japon avec l’URSS.
Le largage des bombes atomiques n’était pas militairement justifié, - mais parfaitement justifié comme démonstration à destination de l’ « allié » soviétique.

Un autre aspect qui semble complètement passer inaperçu avec cette thèse « le bombardement atomique d’Hiroshima et Nagasaki a permis d’arrêter la guerre », c’est qu’elle contient en elle-même une fantastique justification du terrorisme : Hiroshima était une ville peuplée de civils, pas un objectif militaire ; et on nous apprend tranquillement que la décision de massacrer sa population, femmes enfants, hôpitaux, écoles confondus, sur un rayon de plusieurs km, avait pour intention de forcer un gouvernement à se soumettre, et pire, que ça a très bien marché ! Comment mieux dire que le terrorisme c’est super efficace ? Qu’est-ce qu’on reproche, encore, aux Ben Laden et Daesh de tout poil ?

Il semble que vous appréciez cet article

Notre site est gratuit, mais coûte de l’argent. Aidez-nous à maintenir notre indépendance avec un micropaiement.

Merci !

Il y a 25 ans, à l’occasion de la commémoration des 50 ans de ce massacre, se tenait à l’Université de Mons un colloque international pour analyser les causes et les conséquences des bombardements atomiques, « Hiroshima sans amour ». Les textes issus de ce colloque exceptionnel peuvent être consultés sur le site du Parc Hibakusha de Mons : http://parc-hibakusha.be/index.php/docs/hiroshima-sans-amour . Ils sont remarquablement d’actualité.

Sur le même site, on peut également trouver le livre du regretté Prof Pierre Piérart et de Wies Jespers, « D’Hiroshima à Sarajevo », avec un regard beaucoup plus utile sur les raisons de ce massacre que les émissions de propagande d’Arte : http://parc-hibakusha.be/index.php/docs/d-hiroshima-a-sarajevo

commentaires 0 Partager

Inscrivez-vous à notre infolettre pour rester informé.

Chaque samedi le meilleur de la semaine.

/ Du même auteur /

Toutes les billets

/ Commentaires /

Avant de commencer…

Bienvenue dans l'espace de discussion qu'Entreleslignes met à disposition.

Nous favorisons le débat ouvert et respectueux. Les contributions doivent respecter les limites de la liberté d'expression, sous peine de non-publication. Les propos tenus peuvent engager juridiquement. 

Pour en savoir plus, cliquez ici.

Cet espace nécessite de s’identifier

Créer votre compte J’ai déjà un compte