La vie dicte sa loi

Allo, allo, quelle nouvelle

Par | Penseur libre |
le
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Lecture 4 min.

La vie n’obéit jamais ni au doigt ni à l’œil, elle dicte sa loi. Rien ne se passe jamais comme il le veut. Quand il aime une femme, elle ne l’aime pas et quand elle l’aime enfin, il ne l’aime plus. Ses amis les plus chers ne prennent jamais de ses nouvelles et les gens qu’il ne veut pas voir sonnent à sa porte. Même problème avec l’argent qui coule à flot quand il n’en a pas besoin et qui se fait attendre quand il faut payer les factures. Sans parler de l’injuste répartition des richesses du monde qui menace les riches d’obésité et de maladies cardio-vasculaires alors que les autres meurent de faim. Puisque la vie n’en fait qu’à sa tête, il décide d’en créer une sur papier. Écrire un monde qui tournerait rond, enfin. Une vie où le bonheur serait réparti de manière égalitaire. Il veut fonder un monde meilleur. Hélas, alors qu’il vient de créer un extraordinaire superhéros qu’il a habillé d’un costume magnifique, doté de super pouvoirs inédits à ce jour et qu’il est en train de dresser une liste de missions à accomplir par son héros pour sauver le monde page 3,celui-ci se sauve de la page 1 pour acheter une paire de charentaises, un paquet de chips en promo (1 paquet acheté, le second à moitié prix ) pour s’installer confortablement devant une série débile qui parle d’amour tous les jours à heure fixe. Quand, devant ce désastre, l’auteur revient en page 1 pour signifier à son personnage de se bouger le cul afin de sauver le monde, il obtient invariablement la même réponse : « Attend un peu, putain, l’épisode n’est pas terminé ! »

Devant cet échec, l’auteur abandonne l’idée du Superhéros qui sauverait le monde. Ce personnage n’est décidément plus en phase avec notre époque, se dit-il. Et puis, plus on lui donne des super pouvoirs, plus le personnage est difficile à maîtriser. Le personnage est plus puissant que l’auteur. Il entame donc l’histoire d’un couple d’européens d’une cinquantaine d’années qui s’ennuie dans leur grande maison vide parce que leurs grands enfants sont partis. Ils n’ont plus vraiment d’objectifs ni d’envie. Un matin qu’ils s’emmerdent profondément, la femme propose d’accueillir une famille de réfugiés dans leur grande maison désertée pour redonner du sens à leur vie. Le mari trouve l’idée formidable. Enfin, ils auront quelque chose à raconter à leurs amis lors des prochains barbecues. Ils prennent contact avec des associations et un beau jour, une famille irakienne, un homme une femme, quatre enfants, s’installent chez eux. Le premier chapitre terminé, l’auteur est satisfait. Il est en train de créer un monde meilleur et ses personnages lui obéissent. Impatiente, sa femme commence à lire les premiers pages mais, très vite, elle s’arrête.

- C’est illisible, dit-elle.

- Comment çà, illisible ?

- Regarde !

C’est alors qu’il se rend compte que, si les personnages tiennent bien leur rôle, les lettres n’en font qu’à leur tête. Dans ce monde nouveau, c’est la guerre des lettres. Des consonnes ont envahi ses écrits et chassé des voyelles. Celle-ci se sont vengées en attaquant des mots sans défense ce qui donne des phrases telles que celle-ci : kjgkc mmyin lltyoui utmubµO.

Ou encore : tconiycjdtkucboin vyvoçbuni kyf iyo k lùpi hfgort.

Si l‘auteur en herbe est incapable de mettre de l’ordre dans sa vie, il n’est pas non plus capable de maîtriser son écriture. Pourtant, il ne se décourage pas.

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Ce n’est pas parce que ses personnages et ses mots en font qu’à leur tête qu’il doit abandonner l’écriture. Il suffira de recopier des textes classiques dont les mots et les personnages sont figés depuis des siècles. Homère ! Voilà un auteur qui avait de l’autorité sur ses vers et sur ses héros. Notre auteur commence à recopier l’Odyssée mot par mot sans oublier les espaces, les virgules et les points.

Malheureusement, même dans cette version soigneusement recopiée, très vite, tout part  en couille. Ulysse ne rentre jamais à Ithaque et Pénélope, cette salope, abandonne sa tapisserie pour se donner à tous ses prétendants.

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