A Jeumont, le Bananalab naviguait dans les imaginaires

Chemins de traverse

Par | Journaliste |
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Jeumont, automne. Arnaud Verley et Philémon Vanorlé présentent leur bateau, le Bananalab", aux jeunes du collège Charles de Gaulle, dans le cadre d'une idée de l'association Idem+Arts. L'art contemporain dans la vie de tous les jours...Ph.ML.

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Comme à Maubeuge, voici quelques mois, j'écoutais au début de l'automne les artistes de la Société Volatile expliquer à des mômes ce qu'est leur navire. Les enfants, réunis autour d'une sorte de longue banane jaune supportant une plate-forme, riaient en découvrant dans la cour de récré cet étrange esquif. Arnaud Verley et Philémon Vanorlé parlent de notre monde en créant des objets qui font un pied-de-nez à la société mercantile. A bord du Bananalab, ils ont exploré le cours de la Sambre, côté France, récupéré les déchets qui gâchent les rives, parlé aux riverains, rencontré des tas de gens dont pas mal de jeunes. Les deux artistes, équipés de palmes, poussaient l'engin flottant pour emprunter des voies d'eau discrètes voire oubliées pour amorcer des échanges autour du climat, de la vie, bref, de tout ce dont avaient envie de parler les personnes croisées chemin faisant. Ils n'oubliaient pas, lors de ce voyage extraordinaire, que le grand écrivain Robert louis Stevenson les avaient précédés, dans les années 1870, avec un compagnon de route, à bord de kayaks. Comme quoi les "Iles au Trésor" sont partout. 

D'autres enfants, à Jeumont, écoutaient aussi Louise Young. L'artiste, comme ses copains Arnaud et Philémon, utilise l'art pour jouer avec les points de vue. Elle a survolé Maubeuge, dans l'imaginaire, partant de l'idée qu'autrefois la ville abritait un énorme hangar à dirigeables, disparu depuis belle lurette. Comment voit-on la ville, du ciel, installé dans la nacelle d'un dirigeable? D'en haut, l'image renvoyée serait plate mais ses reliefs tiendraient des images engrangées dans nos têtes. D'où la possibilité de rêver au départ de ces riens, de ces moments de vide que nous traversons, de ces impressions qui finissent par écrire le réel mieux que ce qui est concret. Sans doute étais-je en train de divaguer en pensant ainsi face aux maquettes et dessins de Léonie. Tant pis, me dis-je, ce qui compte, après tout, c'est de se sentir léger comme un ballon et de suivre les sentiers qui ne mènent nulle part sinon à la perception intense du moment qui passe.

Pas le moindre problème de vécu pour les enfants. Ni d'écoute. Ni d'engagement. Les filles et les garçons se sont assis dans l'herbe, sous un soleil inattendu, pour donner corps à des images dans des éclats de couleurs. Celles qui, après avoir vu le Bananalab et approché L'Utopie fantôme, se déploient comme des fleurs s'ouvrent à la belle saison. Pas loin de ce jardin prolongeant les salles de classe la Sambre coulait,descendant de France vers la Belgique pour se jeter dans la Meuse à Namur après avoir traversé Charleroi. On a parlé de voyages, de dessins, de villes lointaines et d'animaux fantastiques, de foot et de potagers, de nos familles et des rêves dont le plus grand mérite est de ne pas être obligés d'être reliés au concret. Les animatrices de l'association Idem+Arts (active dans la région de Maubeuge pour placer l'art contemporain dans le champ du quotidien) savouraient ces heures-là. Comme les professeurs qui voyaient les enfants libres dans leur tête. Ils vivaient leur métier comme jamais, peut-être, ils ne l'auraient imaginé.   

Après avoir vu le Bananalab et écouté son histoire, les enfants laissent dériver leurs crayons. Ils travaillent dans le grand jardin de l'école, proche de la Sambre. Ph.ML.

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