Charleroi-Liège avec les rockers de Vacation

Chemins de traverse

Par | Journaliste |
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Face à la scène où il vient de présenter le groupe Vacation, Jacques de Pierpont s'imprègne du climat créé par ces rockers de toujours. Photo © Marcel Leroy

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Avant l'entrée en scène des cinq de Vacation, au Golden Age Rock Festival, Jacques de Pierpont a présenté le groupe formé en 1969 (par Sonny Bono) et toujours sur la route. Les paroles de l'homme de radio allaient droit à l'essentiel. Elles disaient à peu près ceci:  écoutez-les, ils se sont levés tôt, ils ont embarqué leur matériel, ils ont pris la route et ils sont là, garants de l'esprit des débuts. Malgré les coups durs et les disparitions comme celles de Sonny et Alain, grâce à une forme de résilence, la musique ne s'est pas arrêtée. Avec eux, pas de triche. La transmission est assurée.

C'est peut-être ça le rock. Ne jamais renoncer. Tenir le cap. Aller de l'avant sans rien oublier. Vivre juste sous la zone rouge. En jouer. Mépriser l'inertie. En 2017, autour de deux vétérans de l'époque 91, Fabrice Carloni (chant) et Thierry Limelette (guitare), le groupe a sorti l'abum du grand retour. "Back in Town"a décollé lors d'une sacrée nuit au Rockerill. Avec les premiers cités, les nouveaux venus, soit Laurent Debeuf (guitare), Simon Primerano (basse) et Franco Romano (drums, ) ont bossé dur. Après une rafale de concerts ils ont balancé "Stay online" récemment. Alors, à Liège, en un peu moins d'une heure, à une cadence de locomotive, ils ont fait cogner le coeur des gens avec les titres de cet album dont la couverture est, comme toujours, illustrée par une peinture de Philippe-Henri Coppée, compagnon de route depuis 69.  

C'est Fabrice qui écrit les textes, inspirés de la vie, de voyages, d'émotions, d'image et de souvenirs. Et la musique s'opère par l'alchimie du groupe. Avec cette once d'humour qui transparaît en scène, quand ces potes de diverses générations ne font qu'un. Créent une musique personnelle tramée de blues et des sons remontant de diverses époques et expériences. D'où ce son costaud, carré sans être lourd, allègre sans fragilité, soudé, compact et plein de liberté. Le public ne s'y trompe pas en fixant les mecs qui se détachent dans les lumières. Thierry avec son chapeau blanc et son manteau western. Fabrice avec sa veste de hussard, Laurent sanglé dans son gilet clair, Franco en marcel, Simon avec sa veste en jeans. Une belle équipe.

La connivence qui émane des titres amène les gens à battre la cadence. Fabrice lève les yeux vers le ciel et salue Sonny en entamant "No more tears". L'hymne remonte à 1991. Avec Sonny ils l'interprétaient déjà. Vinrent sans désemparer "Never give up",  "Las Vegas",  "Man in Hat";  "What can I do", "Up!", "Go on" . On cite au hasard ou quasi. Puis, en finale l'échappée belle de "Wonderland zoo". Du pur son "Vacation". Avec du sens et ces paroles qui ressemblent à des collages d'images vives. Discrets, à l'arrière-plan, Alan Will, le producteur (un homme-orchestre) et Pierre Bartholomé, l'ingénieur du son du Green Fields Studio, concentrés, voyaient la magie opérer. Indispensablespersonnages de l'ombre...

Ouvrir un festival de rock, à midi, c'est de la haute voltige, une dérive en décalage horaire. Les cinq ont abandonné leurs petits mondes pour rêver avec nous cette voie haute en couleurs, sombre et lumineuse à la fois, tissée par la voix et les instruments. Dans la salle, on était en route aussi. Dans un flash-back j'ai cru nous revoir, quatre heures plus tôt, sur le parking de la station-service de Spy. Les uns et les autres se retrouvaient. A l'arrière-plan un camion venu d'Ecosse était peint en bleu et blanc avec des zébrures rouges. Les bagnoles filaient sur l'aspalte. Les moulins pulsaient. Dans la salle, la dernière note retombée,  on aurait aimé que l'histoire continue. Pour la suite faudra venir le soir du 1er octobre à la Broc, à Charleroi. En attendant, au Palais des Congrès de Liège, dans le sillage de Vacation, vinrent  Robie Valentine,  Grand Slam, Pink Cream, Alcatraz, Girls school et Machiavel et la nuit est enfin tombée sur le pays, avec ses riffs éperdus.       

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Au bout de 50 minutes de voyage, Vacation salue un public international, à Liège. Photo © Marcel Leroy

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