Cinéma: un chef-d’œuvre signé Tarantino

Les calepins

Par | Penseur libre |
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Qu'on l'aime ou pas, ce film est une balise dans l'histoire du cinéma.

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Vendredi 9 août

 Ce n’est plus qu’un cri, après la publication du rapport du GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du climat) : « Mangez moins de viande ! » Dans « Drôle de drame » (Carné – Prévert), Jean-Louis Barrault incarnait William Kramps, qui tuait des bouchers parce que les bouchers tuaient des animaux. Nos compères préfiguraient ainsi l’arrivée du temp végan. Il ne faudra bientôt plus les tuer : ils vont disparaître emportés lentement par la vague du chômage technique.

                                                                        *

 Iván Duque, le jeune président de Colombie, annonce qu’il va naturaliser d’un coup 24.000 enfants nés sur le sol colombien, de parents vénézuéliens en exil. Si Duque vivait en Europe, il appartiendrait à la même famille que Viktor Orbán  et d’autres, du même acabit.

Samedi 11 août

 Á un journaliste qui l’interrogeait sur les difficultés d’harmoniser les concepts de croissance et d‘environnement, le président brésilien Jair Bolsonaro répondit : « Il suffit de manger un peu moins. Vous me parlez de pollution environnementale. Il suffit de faire caca un jour sur deux, ce sera mieux pour tout le monde. » Dieu que cet homme est spirituel !

Dimanche 12 août 

 En attendant l’heure de la résignation, se choisir un dernier objectif philosophique.

 Être celui qui n’en pense pas moins.

                                                                        *

Tant de poètes ont chanté la pluie, tant de philosophes l’ont méditée ! Il se pourrait bien que l’expression de Raphaël Enthoven fût pourtant exceptionnelle. « Barreaux liquides » écrit-il. Superbe image où l’averse synthétise la prison. Qu’en pense Gene Kelly ?

Lundi 12 août

 C’était le 28 septembre 2000. Ariel Sharon s’en était allé se balader sur l’esplanade des mosquées à Jérusalem, là où se trouvent les lieux saints de l’Islam en surplombant le Mur des Lamentations. On perçoit d’emblée les difficultés de la cohabitation à l’observation de cet espace sacré pour plus d’un, mais pas toujours de la même sanctification. Cette promenade avait déclenché la deuxième intifada, quelques semaines plus tard, Sharon devenait Premier ministre. Depuis plus d’un mois, des heurts se produisent sur l’esplanade. Des gamins lancent des pierres, des policiers répliquent. C’est pas moi qui ai commencé m’sieur ! On a enregistré deux ou trois morts ces jours-ci. Et la loi du plus fort est encore la meilleure, autant que la raison. Dieu soit loué : Israël a la conscience tranquille.

Mardi 13 août

 Il est beaucoup plus facile d’être naturalisé Belge en étant fonctionnaire européen britannique plutôt que vagabond syrien rescapé de la Grande Bleue. L’État des Flamands, des Bruxellois, des Wallons et de plusieurs autres annonce qu’il a déjà naturalisé 3000 citoyens du Royaume-Uni et que ce chiffre sera probablement porté à 4000, vu les demandes, au 31 octobre, lorsque, selon Boris Johnson, le Brexit prendra cours, quoi qu’il arrive. Á la manière de Pierre Dac (« Échangerais femme de soixante ans contre deux de trente »), qu’attend le gouvernement belge, si fertile dans l’art d’arranger les problèmes institutionnels, pour proposer un deal au Premier ministre de Sa Gracieuse ? Quelque chose comme : « Échangerais un membre du Labour contre deux migrants » ? Johnson devrait y porter intérêt, car il pourrait bien être débordé par les travaillistes de Jeremy Corbyn qui le mettraient en minorité en vue de décréter un nouveau référendum. L’Histoire tousserait : le Royaume-Uni demeurerait dans l’Union et 4000 nouveaux Belges tenteraient de redevenir Britanniques.

 Une prédiction est une mise en perspective qui a bien tourné. 

Mercredi 14 août

 Á Rome, Matteo Salvini, qui ne se tenait plus, réclamait « les pleins pouvoirs ». Il n’obtient même pas du Sénat la chute de son propre gouvernement qu’il réclamait à cor et à cri, et qu’il considérait déjà comme acquise en se pavanant de plage en plage, selfies abondants à l’appui de ses coups de gueule musclés. En fait, cette crise qui n’en est pas encore une aura une conséquence immédiate : remettre Matteo Renzi au centre du jeu. Et qu’on le retrouve un peu plus mûr, un peu moins sûr de lui, est souhaitable, ô combien !. L’Italie a besoin d’un grand homme afin d’exercer le rôle qui lui revient dans l’évolution européenne.

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Jeudi 15 août

 Il y a, dans « Once upon a time in Hollywood » - le film de Quentin Tarantino qui a laissé Cannes perplexe et qui est désormais en salles – une multitude d’allusions à la machine des rêves, ses chefs-d’œuvre, des musiques devenues rengaines, des scènes mythiques, des moments de grâce cinématographique. Le cinéphile en remarquera quelques-unes, le cinéphile averti en pointera davantage, et le cinéphile spécialisé dans les grandes heures de la Fox, de la Paramount ou des Frères au Lion en repèrera plus encore. Une seule personne pourra les énumérer toutes, Quentin Tarantino himself. En étalant sa culture hollywoodienne, en se faisant plaisir, le cinéaste déjanté aurait pu rater son œuvre. Mais il a fait appel à deux stars, Leonardo Di Caprio et Brad Pitt, et se paya même le luxe d’obtenir la participation d’Al Pacino. Dès lors, son film est à classer dans les jalons de l’aventure LA. C’est l’époque de la triste fin des hippies au charme dissolu et de l’assassinat de Sharon Tate. Il y a cinquante ans. Une reconstitution parfaite où d’autres allusions forcent le talent, celles qui ramènent les deux vedettes dans les images et les sons de leur enfance. Trois heures d’évasion comme seul un chef-d’œuvre peut en procurer. Jack Deray était parvenu à réunir Jean-Paul Belmondo et Alain Delon au faîte de leur gloire (Borsalino, 1970) ; Michael Mann en avait fait de même avec Robert de Niro et Al Pacino (Heat, 1995) ; Tarantino les rejoint en transformant un duo en tandem prodigieux ; autre raison pour laquelle « Once upon a time in Hollywood » sera, qu’on l’aime ou non, une balise dans l’histoire du cinéma.

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