Covid-19 : Après le « Bac », le cap sur Shengen-Ville

Confidences du chauffeur du Ministre

Par | Penseur libre |
le
commentaires 0 Partager
Lecture 3 min.

« Shengen-Ville ». « Mputu-Ville ». « Gica-Ville ». « Bundes-Ville ». « Miguel-Mikili ». « Panama ». Autant de vocables insolites pour mon patron, le Ministre des Affaires Stratégiques et Tactiques (à prononcer avec respect…). Tous ces surnoms sont le vocabulaire courant, obsessionnel de son neveu, fraîchement diplômé du « Bac », avec juste 50 % aux « examens d’Etat », et déjà candidat empressé aux études supérieures.

N’ayant rien compris aux requêtes et au vocabulaire pour lui incongrus, de la part du neveu, mon Ministre m’a refilé le dossier, sans grand enthousiasme… J’ai donc pris rendez-vous avec le neveu du Ministre à notre bar-nganda du quartier. Après l’avoir pour ainsi dire arrosé de bière à gogo, question de délier sa langue et son esprit, je me suis mis à son écoute.

Dans un flux plus ou moins cohérent et dans un cahoteux « li-français » (contraction   insipide, inodore et incolore des langues lingala et français), le neveu du Ministre m’a soumis sa requête : après ses études secondaires « réussies », il comptait s’inscrire à l’université. Mais pas chez nous, au pays des « encaquements », des « embouteillages », des « cop », et du « covid » ; mais  loin à l’étranger, par  exemple à  ‘’Mputu-Ville’’, à  ‘’Gica-Ville’’, à ‘’Bundes-Ville’’, ou à  ‘’Miguel-Mikili » ». Si possible, plus loin encore à ‘’Panama’’.

Habitué de ce vocabulaire dans l’ « ambiance » des cuiteurs du bar-nganda, j’ai décodé : « Mputu-Ville » = Paris. « Gica-Ville » = Bruxelles. « Bundes-Ville » = Berlin.   « Miguel-Mikili » = n’importe où en Europe, loin de l’Afrique.  Et « Panama » = chez l’ex-Trump…

Entre deux bières « coups-de-tête » et particulièrement capiteuses, le neveu s’en est pris violemment à son oncle, mon Ministre, parce que sourd à ses requêtes. En revanche, il m’a avoué à moi qu’il me considérait comme plus qu’un simple « oncle-sang-pour-sang » ; mais vraiment comme un … « oncle–cent-pour-cent ». Et comptait beaucoup sur moi pour un choix de « pays-lola », de pays-paradis, d’université « pas chère et facile d’accès ». Avec de préférence une bourse d’études cossue. A ce stade des pourparlers, je n’ai pas voulu le décourager. J’ai promis d’investiguer, mais en exprimant quand même des réserves sur ses dernières prétentions. Le neveu du Ministre n’était pas tout à fait content, et il l’a manifesté.  Puis il a sorti de son cartable une immense affiche de pub sur des bourses d’études soi-disant généreuses accordées par la République d’OUZBERBAITADJIKISTAN. Avec visa, séjour, équivalence de diplôme sans conditions ; et même sans contrôle d’étrangers en matière de Covid-19…

Il semble que vous appréciez cet article

Notre site est gratuit, mais coûte de l’argent. Aidez-nous à maintenir notre indépendance avec un micropaiement.

Merci !

Après avoir scruté l’affiche dans tous les sens, j’ai demandé au neveu du Ministre s’il savait situer géographiquement ce pays mystérieux. Non seulement il m’a avoué ses faiblesses en géographie, mais surtout m’a dit toute sa difficulté à simplement prononcer le nom de ce paradis lointain et énigmatique : Ourberbaitadjikistan !

Chuuut ! Entre nous, moi-même je ne suis pas arrivé à me prononcer sur ce pays mystérieux : Ouzber… Ouzber… ?

commentaires 0 Partager

Inscrivez-vous à notre infolettre pour rester informé.

Chaque samedi le meilleur de la semaine.

/ Du même auteur /

Toutes les billets

/ Commentaires /

Avant de commencer…

Bienvenue dans l'espace de discussion qu'Entreleslignes met à disposition.

Nous favorisons le débat ouvert et respectueux. Les contributions doivent respecter les limites de la liberté d'expression, sous peine de non-publication. Les propos tenus peuvent engager juridiquement. 

Pour en savoir plus, cliquez ici.

Cet espace nécessite de s’identifier

Créer votre compte J’ai déjà un compte