Gangrène et Censure vont au spectacle.

Pasta

Par | Journaliste |
le

© Wich

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Lecture 8 min.

J’en ai de la chance : je suis incorruptible !
De nos jours, à lire les journaux, c’est plus très mode.
Oh ! c'est pas que je sois persuadé d’avoir une morale exemplaire. Non. Enfin, j’en sais trop rien, je n’ai jamais été dans le cas d’être corrompu ni d’être corrupteur.
Ben oui, je suis à l’abri. Du moins je le suppose, la nature humaine réserve tellement de surprises, même aux plus attentifs et je suis -le croiriez-vous ?- un être humain.
Mon bouclier, c’est que je n’ai aucun pouvoir. Qui pourrait m’acheter, en échange de quoi ? De mes salutations distinguées ?
Aggravant mon cas, je n’ai pas le goût du pouvoir. Je n’ai donc à corrompre personne pour en avoir. Et puis, c'est pas avec ma retraite d'agent contractuel de l'ancienne communauté française que j'aurais de quoi me payer un député, un magistrat, un flic, enfin, je ne sais quoi. Sans perdre de vue que je suis bien trop feignant pour ça ! Je préfère, médiocrement, diront les battants aux dents qui rayent l’asphalte, le tarmac et même le verre, mais pas les biftons, je préfère avoir la paix. Le pouvoir suppose un conflit larvé permanent, sinon ouvert, voire simplement de la méfiance, vis-à-vis de ceux sur qui on exerce son autorité (et ils ne sont pas nécessairement des Bisounours), en despote éclairé ou intransigeant. C’est pas le tout d’avoir le pouvoir, mais encore faut le garder. Sinon, à quoi bon ? Alors, c’est des insomnies, une digestion parfois difficile alimentée pourtant aux restaurants étoilés et toutes ces sortes de vilaines choses qui vous gâchent le teint. Sans compter des urines pas toujours claires.
Bien entendu, le pouvoir est l’arbre qui cache la forêt. La Brocéliande du pouvoir, c’est l’oseille. Elle permet des miracles.
On me dira que quelques exemplaires modernes du pouvoir sans partage, par exemple Hitler ou Staline, ne sont pas connus pour s’être outrageusement enrichis. La belle affaire !

lls avaient à leur disposition tout un pays, ils n’avaient qu’à se servir. À quoi bon accumuler un pactole puisqu’ils avaient toute l’Économie du pays et le personnel qui va avec, à leur disposition ? Dans ces conditions, ils pouvaient même afficher un certain ascétisme. Inversement, Poutine, lui, est un foireux qui ne croit pas à son destin : il s'en est mis plein les fouilles pour le cas où ça tournerait mal. Il n'est pas le seul, convenons-en.
Évidemment, nos escrocs à la petite semaine, qui font l’actualité ces jours-ci, n’ont rien d’Hitler ou de Staline. Encore heureux.
Mais leur défense les rend encore plus lamentables. Déjà que se faire choper la main dans le sac, c’est pas très glorieux.
L’une qui ne savait pas d’où venait tout ce pognon qu’elle avait chez elle et encore moins dans les valises de ses proches. On peut être vice-présidente du Parlement européen et ne pas faire attention à la manière dont est tenu son ménage. Si ça se trouve, c’est justement la femme de ménage qui avait introduit tout ce fric dans la maison. Pour quoi faire ? C’est une affaire de femme de ménage, et on a d’autres soucis que de s’occuper de la vie privée des domestiques quand on vice-préside une grande institution.
Un autre pitoyable, c’est Kubla, qui fait plutôt cul bas (oui, c’est pas bien de se moquer comme ça, mais c’était trop tentant), lui qui ne lésinait pas sur la frime du temps de sa splendeur. Pauv’ chéri. On l’embête pour des vétilles. Car, au fond, il a toujours été un gentil garçon, bien serviable avec ses potes ; ils n’ont jamais hésité à le récompenser pour son amabilité, soulignons-le. Si on peut plus se rendre service entre amis ! Et modeste ! comme il ne tenait pas à ce que le public soit au courant de sa générosité, il a un peu dissimulé le fruit de ses pourboires à l’Administration. Pas de quoi fouetter un chat. C’est de l’acharnement.
Le plus mignon de toutes ces victimes de l’obstination de la presse, ajoutée à celle de l’opposition, toujours prête à nuire, c’est ce malheureux Jean-Claude Marcourt.
Il ne savait rien des comportements et des folles dépenses de son greffier. S’il fallait tout contrôler !
Et puis son rôle réel en tant que président du bureau du parlement Wallon, c’était de faire en sorte que les choses entre les membres de cette honorable assemblée, tous issus de la majorité, donc de riants amis, se passent le mieux du monde. Pas de vague, rien qui ne vienne troubler sa somnolence pendant les séances ! (Vous ne trouvez pas qu’il a une tête à somnoler pendant les séances ? Moi, si. Mais je suis un dangereux gauchiste.) Bon, allez, c’était bien assez qu’il soit tenu de s’y rendre aux séances. Que les places soient retenues à temps dans les meilleurs restaurants, que les chauffeurs des voitures officielles soient à leur poste pour l’une ou l’autre emplette imprévue qu’un député aurait à faire et toutes ces sortes de petites choses qui font la vie heureuse aux élus du peuple professionnels, tel était son devoir démocratique. Vous imaginez dans quel état serait la Wallonie si ces gens étaient tourmentés et de mauvaise humeur toute la sainte journée ?
Tssss ! C’est ingrat parfois la politique. Un monde de brutes.
Et pis, c’est pas fini ! il semblerait que la FIFA (Fédération Internationale de Fous de l’Artiche) et l’UEFA (L’Union des Elus du Fric Abondant) vont avoir du souci à se faire depuis que des juges acrimonieux, qui n’ont aucune idée de la beauté du sport, ont décidé d’aller mettre le nez un peu plus profond dans leurs affaires.
Putain ! On n’est plus chez soi.
Enfin, il y en a au moins un qui a touché au but, c’est Antonio Panzeri, le président de l’asbl Fight Impunity (et d’autres anciens titres glorieux). Il a bien combattu l’impunité : il est en cabane ! C’est juste pour prouver qu’il est un honnête homme allant au bout de ses convictions.

Renvoyez la censure.
La semaine dernière, à travers le livre d’Yves Frémion (Images interdites, la censure au XXe siècle) je vous parlais des méfaits de la cinglée aux grands ciseaux, Anastasie qui nous anesthésie.
Là, sous nos yeux, elle en remet une couche. Elle s’en prend à un dessinateur de BD Bastien Vivès, dont une rétrospective de l’œuvre a été programmée au festival de BD d’Angoulême.
Des associations de cafard§s, ou des cafard§s tou§s seul§s l’accusent, sur les réseaux sociaux évidemment, où voulez-vous que ce soit, pas moins que de pédopornographie, de donner dans l’image dégradante des femmes, de culture du viol, de lesbophobie. (Ça existe, donc)
Pas rien tout ça !
Il est donc question de renoncer à l’évènement, car à ces accusations, s’ajoutent des menaces.
Bah ! Tant que ça demeure verbal, pourquoi s’énerver ? Ceux qui n’aiment pas les BD de Vivès ont parfaitement le droit de le faire savoir.
L’inconvénient de nos jours, c’est que les menaces, on l’a déjà vu, s’accompagnent de passages à l’acte quelquefois sanglants.
La prudence est de rigueur.
Perso, je ne connais pas le travail de Vivès, mais il me semble que si ce qu’on lui reproche tombait sous le coup de la loi, ce dangereux érotomane aurait été convoqué chez un juge, au moins pour s’expliquer !
Il n’en est rien.
Ça devient mode : plutôt que de porter plainte, on fait justice soi-même au nom de ses phantasmes mal assumés, c’est plus attrayant. Se voir en justicier libre de toute contrainte, ça donne une identité à ceux qui ont du mal à trouver la leur.
Ainsi que le dit Benoît Mouchard, directeur éditorial chez Casterman : « Est-il désormais impossible de représenter les tabous ».
Craignons que oui !
Louons Fesses-de-bouc, Instagram, et autres réseaux personnels (car chacun a son réseau, prêt à mettre à mort, au moins verbalement, toute déviance : ils nous permettent de savoir un peu mieux dans quel monde nous vivons).

Que le Monstre en Spaghetti Volant vous touche de son appendice nouilleux.
Ramen.

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