Brimborions quotidiens

Projet de loi sur l’entrave méchante à l’autorité de l’État : 'Le Gang des Vieux en Colère' monte au créneau dans son fauteuil roulant. Ça va saigner.

Il y a parmi les vieux des survivants d’une époque où aucune loi ne portait explicitement ce nom, mais dont eux-mêmes, ou leurs proches, ont pu prendre la mesure de ce qu’il est possible de faire sans en dire le nom. Alors, vous pensez si la canne leur en tombe des mains en découvrant ce que de zélés défenseurs des bonnes manières, de l’ordre mercantile et décologique*, se proposent de leur faire avaler, en plus de leur camomille avant d’aller dormir.
C’est ce qu’il y a de chiant avec les vieux ; ils ont vu de près toutes sortes d’entourloupes et se souviennent où ça peut mener. Alors, ils s'agitent. Heureusement, on sait qu’ils radotent, disant qu’il y a déjà toutes sortes de lois qui répriment l’entrave méchante à l’autorité de l’État. Même l’évasion fiscale ! C'est dire ! Mais là, la répression reste discrète et mesurée, la compétitivité de nos entreprises est en jeu. Chuuut !
L’application de cette loi dépendra, comme c’est l’usage, mais il n’y a pas moyen de faire autrement, de l’appréciation du juge. Toutefois, comme elle touche aussi à des sujets très politiques : liberté d’expression, de manifester, de désobéir ou d’appeler à le faire (même sans violence), les jugements risqueront encore plus de dépendre des opinions politiques du juge, ou de sa servilité dans la perspective de l'évolution de sa carrière. Ça s’est déjà vu. Durant l’occupation allemande en France, une mauvaise langue dont j’ai oublié le nom disait, à propos de la justice, qu’il y avait trois sortes de Magistrature : la Magistrature assise, la Magistrature debout et la Magistrature... couchée. Bien sûr, les temps ont changé, mais on note tout de même une certaine tendance dans nos contrées à les faire revenir, ces jours hideux. Tiens ! même aux États-Unis, modèle de démocratie, comme chacun sait, où la Cour Suprême (on ne lésine pas sur le superlatif) est aux mains de l’idéologie la plus réac qu’il soit, et si Trump-la-mort est réélu... Mais c’est démocratique.
Preuve qu’ici aussi la démocratie bat son plein, c'est qu’on annonce clairement que l’arbitraire y sera de rigueur. Suffit de lire le projet de loi sans avoir la moindre notion de droit. Poutine fait pareil, vous me direz, horrifiés. Oui, mais nous, ici, on est contre Poutine. C’est ça qui fait la différence. Poutine est un dictateur. On n’en a jamais vu un qui déclare au peuple, une fois la loi votée par ses larbins : « Et maintenant, vous allez en chier, bande de bâtards ! ». Ici, pareil ! C'est pour le bien de tous ! C’est pas dit clairement, c’est un pré-supposé démocratique. Affirmer le contraire serait une entrave méchante à l’autorité de l’État.

Vaut mieux être riche et rien foutre que pauvre et travailler.
La Libre du 29/02 a rencontré diverses personnes qui triment et gagnent juste de quoi bouffer de la vache enragée, et encore pas tous les jours, comme disait je ne sais plus qui. Par contre, on apprend aussi, dans le même journal, que le groupe pharmaceutique UCB séduit les investisseurs, car son cours, en bourse, a progressé de 8%. Investisseur, c’est pas un métier trop éreintant. Heureusement ! manquerait plus qu’en plus de faire fructifier la compétitivité de nos entreprises, un investisseur soit obligé de trimer comme un§ livreu§ de Deliveroo ou une journaliste débutante !
Capitalisme, terre de contraste ! Ce qui en fait le charme ! nous dirait Monsieur GLOUB.

« L’eau, liquide si impur, qu'une seule goutte suffit pour troubler l'absinthe ». Alfred Jarry
Si vous l’achetez encore en bouteille (à 300 fois le prix de celle du robinet + la bouteille en plastique à recycler), sachez qu’elle n’est, généralement, plus « de source » que sur l’étiquette. Les plus gros marchands de flotte emballée viennent de se faire choper, les doigts dans le goulot, pour avoir un peu triché avec l’appellation. Les nappes phréatiques où ils pompent, trafiquent et revendent à prix d’or leur Château la pompe, sont notoirement polluées, nous dit-on, par les pesticides, les fongicides et autres bouillons de onze heures des paysans, qui, pour gagner leur vie sont tenus, notamment par les banques où, ils sont endettés jusqu’aux sourcils, d’empoisonner leurs semblables. C’est la vie. Si en plus, en soutien au cultivateur, vous ne lésinez pas sur les fruits et légumes locaux, assaisonnés aux Pfas comme on avait encore jamais vu, ils vous procureront la délicieuse sensation de vivre dangereusement.
Comme disait Reiser qui a eu l’heureuse idée de mourir d’un cancer plutôt que mitraillé, comme ses camarades de Charlie Hebdo, par des islamistes : On vit une époque formidable !
Que le Monstre en Spaghetti Volant vous touche de son appendice nouilleux.
Ramen.

* Décologique : qui se fout de l'Écologie