Interdit de rêver sur le pont réservé à la promenade

A PA PEUR

Par | Penseur libre |
le
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Et pourquoi ne pas poser la question : « Connaissez-vous ce pays où l'on ne dort jamais » ? Parce que, il faut bien le dire ( le dire mal ?), quand le sommeil nous enveloppe de ses nombreux mystères, il faut reconnaitre que là où on se trouve emmené en des situations dantesques et rocambolesques, ça se concrétise en une vision d'une contrée inconnue mais qui ressemble à quelque chose qu'on connait surement sans vraiment en être sûr : certes, on ne la connait pas, quoique « ça » nous dit quelque chose, mais quoi ! Alors on continue à rèver sans le savoir, on évolue dans un lieu où on le découvre, où on le reconnait par des petites choses du genre : Tiens , j'ai l'impression d'être déja passé par ici...Cependant, c'est un endroit neutre où la fatigue, l'envie de repos ou le manque de sommeil ne se perçoivent pas, lesquels dans le monde réel, pourraient et devraient nous inciter à nous endormir, mais ici, je veux dire « là-bas », ça ne marche pas comme ça !!!

En vérité je vous le dis, rêver de rêver qu'on s'endort (et qu'on rêve) est une contre-vérité ! Dans les rêves, on ne s'endort jamais : essayez donc de vous souvenir d'un rève d'endormissement qui aurait permit à une 3ième vie d'exister au travers d'un rêve qui en aurait été le 2ième ! Si quelqu'un a rêvé une nuit, qu'il rêvait qu'il rêvait, qu'il le dise et nous explique de quelle façon il a réussi à se réveiller dans la réalité après s'être réveillé deux fois !!!

Soyez franc avec vous-même, chaque matin lorsque le coq nous avertit que le jour se lève, on a la sensastion désagréable qu'on n'a pas dormi assez longtemps, qu'il nous manque quelque chose, mais on ignore quoi exactement ? Peu-être est-ce la partie manquante de ce rève coupé abruptement, dans sa continuïté, par l'éveil, sans qu'il y ait eu vraiment de finale ? Ce serait comme une sorte d'arrèt brutal, la phrase qui se coupe au mitan d'un mot, la collision frontale qui arrète le voyage... c'est le film qui se casse en pleine projection, alors qu'une finale bien torchée nous aurait satisfait.

Les rêves qui nous submergent chaque fois que nous nous endormons, font partie d'une seconde vie, un autre quotidien toujours changeant, incontrôlé/incontrôlable, parrallèlle à celui de l'éveil, de la prise de conscience et que, pourtant, nous ressentons et vivons intensément malgré nous, qui ne la contrôlons même pas et même jamais !!!...Mais oui, vous avez deviné : on est tombé dans ce fichu inconscient freudien !

Parfois l'absurdité des situations ne nous apparait qu'au réveil, quand on reprend conscience de la réalité de notre corps engourdi sous les draps et couvertures et que, par la logique de la perception immédiate de nos 5 sens, elle nous force à reconnaitre que nos rêves ne sont que des constructions mentales, des mises en situations précaires, délicates, vibrantes qui nous déséquilibrent, en détruisant les appuis d'une logique illogique, immatérielle, et qui, en sachant ce que nous savons, nous forcent dans nos retranchements et nous obligent à considérer la réalité onirique avec la froideur de l'acuité introspective qui pourrait nous mener loin du quotidien, auquel on s'accroche désespérément parce qu'il nous affecte journellement et qui provoque ces angoisses existencielles insupportables accompagnées de poussées de fièvres concrétisées par des maudites sueurs que nous essayons de réguler tant bien que mal.

Malgré tout ce que nous tentons, dans cette appréhension du phénomène, pour nous persuader du bien-fondé de notre démarche intellectuelle, c'est que, finalement, tout ce fatras n'est rien du tout, ce n'est que du vent, un simple zéphyr qui se fait passer pour un ouragan ! Ça ressemble à une impasse, un passage à vide, ou à un coup de vent chaud qui s'estompe aussi vite qu'il n'est venu, et laisse supposer une finalité où, tout ça, va peut-être s'arranger...

Mais on sait aussi que les problèmes insolubles, ça n'existent pas !...S'il ne sont pas résolus immédiatement, ils le seront plus tard sans même parfois que nous le sachions ! Alors, on se persuade que, dans la vie, il n'y a pas de problèmes dont on ne vient à bout... et , après tout, si une aide psychologique parait nécessaire, on peut se tourner vers le conjoint, le voisin ou la voisine, le confesseur ou le psychologue et (peut-être) un psychanalyste...qu'importe son patronyme, n'importe lequel fera l'affaire car il-elle va aligner les planètes et nous régler tout ça en deux coups de cuillère à pot !!!...

Est-ce que ce qu'on croit est vrai ? Parce qu'il ne faut pas laisser admettre aux sceptiques que c'est pur hasard si la solution s'est avérée ! Et si la décantation prodiguée par nos soins confiés à un interlocuteur a révélé les divers éléments constitutifs des rêves, il n'est pas interdit de tenir compte de cette nomenclature exaustive, jusqu'à ce que apparait le magique « Ce Qu'il Fallait Démontrer », une finale un peu have, décavée, tremblotante, mal posée sur des assises fragiles que, dans notre candeur naïve, nous avions cru plus solides que le roc !

Les résultats que nous obtenons à force de réflexions et de raisonnements, dont la logique n'apparait pas au premier chef, ces premiers résultats prometteurs auxquels nous avions cru sans preuves, apparaissent comme crédibles et révèlent parfois et parfois souvent, des lacunes et des absences cruciales que, à posteriori nous aimerions combler, (en tous cas compléter) mais que la raison et la détermination de nos imbrications (implications?) internes nous interdisent de mettre en avant sous peine d'annulation pure et simple, par manque de cohésion. On abandonne alors, à regret, la grande idée que nous nous faisions de la solution géniale, celle que nous avions espérée et qui nous apparaissait balbutiante dans le lointain, tel un phare sur une côte déchiquetée qu'il fallait absolument éviter, mais où, parait-il, existerait un passage obligé, unique, difficile à trouver par notre seule intuition et qui devait nous mener vers un havre que la grandiloquence des Autres, les sceptiques, n'était pas parvenue à dissimuler.

« Morbleu, matelot du hunier, ne voyez-vous pas ce que je vois agrandi dans ma lunette ? N'y a-t-il pas là, au sommet de ce qui ressemble à une colline, quelque chose, une batisse, une sorte de maisonnette charmante entourée d'un jardin fleuri, dont la cheminée fume et qui laisse supposer que le diner mijote sur le feu ? Ça a l'air tellement vrai, tel si on était vraiment proche, qu'on en humerait le fumet fameux d'un boeuf mironton, si pas d'un cassoulet d'agneaux à la Navarine..... »

L'impression de l'image se fige un instant puis se fond pour laisser place à une phase imaginative séquentielle : la porte s'ouvre et une femme en tablier met la main en visière pour lorgner l'immensité liquide...elle croit rêver elle aussi, qui découvre bien loin, une minuscule tache blanche qui s'agrandit imperceptiblement et qui ne peut être que la voilure du bateau qui a emporté son homme il y a déja des mois si pas des années ?

C'est donc cette similitude-là que l'imaginaire de notre inconscient suggère sans impatience et qu'il construit aussi solide qu'avec des briques et du ciment. Ce n'est qu'après avoir visité les tréfonds de l'inconscience, cet abîme vertigineux, et fouillé les restes putrides aux remugles infects qui subsistent encore après une existence parcellisée, morcellisée, atomisée, qu'il parvient donc à recueillir une quantité suffisante d'éléments, minuscules certes, aux formes et aux poids disparates et croirait-on disssemblables, mais fondamentalement cohérents dans leur structures, qu'il lui est alors possible de ré-ajuster par on ne sait quel miracle d'adhérence, en une entité étonnante, inédite, dont il ne reste plus qu'à décoder cette nouvelle alliance de signes innovateurs de nouvelles significations. On n'y aurait jamais cru si on ne l'avait vu de nos yeux vu ! Les connexions s'effectuent sans effort apparent, selon des normes miraculeuses que personne n'avait jamais eu l'audace d'imaginer ! En effet, tout cela s'exécute sans aide aucune, et dès lors, s'établissent, s'assemblent, se révèlent puis apparaissent en une clarté indéniable, les véritables signes de la traduction et ces interprétations multiples.....

Sauvé ! Sauvé ? Par qui, pourquoi, comment, quand ?

C'est à ce moment là qu'intervient l'homme au divan, le traducteur-adaptateur et possible éducateur/séducteur ! On lui raconte notre incroyable nouvelle histoire et « il ou elle » décortique le propos, donne des significacations particulières à chaque mot ou chaque phrase et nous, c'est à dire vous ou moi, on le regarde bouche bée et-et-et-et... on ose lui expliquer que ce n' est pas exactement ça qu'on voulait dire et que ce qu'il imagine n'a rien à voir avec la réalité du déroulement de ce bout d'existence, de telle date à telle date !

L'interlocuteur ne dit rien mais n'en pense pas moins! C'est la phase dite d'opposition, dans le transfert qu'on nomme plus communément résistance !

Le maître se lève de son fauteuil et dit : « la séance est terminée, ça fait 50 euros! » «  ...on se reverra la semaine prochaine pour discuter de tout ça ! ».

Voilà qu'on se retrouve à la rue, la rage au coeur en se demandant ce qu'on a pu dire pour que cet abruti de psy. nous laisse tomber comme une merde.....Alors on cherche un pont enjambant un fleuve, pour y franchir la parapet et s'y laisser tomber sans trop réfléchir, pour s'enfoncer dans l'eau glauque et glacée comme du mercure.....

Mais au dernier moment, alors qu'on est au mitan du pont et qu'on regarde l'eau noire et silencieuse défiler rapidement sous les arches, une réflexion dite par ce fichu psy ralenti nos gestes et notre détermination... c'est une réflexion qui demande réflexion : ben alors, puisque le rendez-vous est pris pour la semaine prochaine, c'est qu'il compte sur moi dans son horaire surchargé ? Peut-être est-il dans la mouise, qu'il a des dettes et qu'il a besoin de ces 50 euros, plus ceux des autres pour survivre à la fatalité de l'endettement qu'il n'a pas voulu, certes mais dont il est incapable de sortir et que donc, par conséquent, subséquemment, assurément, ces séances lui sont fort utiles pour continuer à croire qu'il a un avenir possible ?... sauveteur sauvé des eaux, arroseur arrosé, sauvé par le gong, n'est pas gong qui veut....et si je cherchais moi aussi à comprendre cette nouvelle histoire alambiquée qui a surgi à ma conscience en mettant simplement bout à bout ces bribes d'informations si difficilement sorties de mon propre inconscient ?

Ne faudrait-il pas que j'aie d'autres clés pour ouvrir les portes derrière lesquelles sont dissimulées les compréhensives compréhensions de ces différents malaisés malaises que hier encore je ne soupçonnais pas l'existence ???

Alors on met de coté l'absolue détermination déterminante qui nous poussait vers, finalement, une finalité finale définitive et, après avoir respiré un grand coup l'air froid qui monte du fleuve, on avise un fast-food proche et on décide, en entrant dans l'établissement, de prendre un petit quelque chose avec une boisson revigorante et que, en finir de trainer sa garce de vie, ça sera pour une autre fois, s'il y en a une .......

Conclusion : « Faut pas rêver ! », tout en mastiquant le petit quelque chose.....

C'est décidé : à pa peur.

 

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