La main de Bouddha

Décodage EXPRESS

Par | Penseur libre |
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Le Mudra qui appelle au calme afin de trouver la sérénité. Photo © Yolande Valois.

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Lecture 3 min.

Qui n’a pas eu en sa possession une effigie de Bouddha, héritage de la Tante Irma ou souvenir émouvant d’un voyage en Thaïlande, Laos ou Birmanie ?

Depuis des années, les décorateurs (trices) d’intérieurs se sont emparés de cette vision de beauté. Le Bouddha au regard empreint de sagesse, au corps parfait, décliné en version assise, debout ou couchée, apporte présence et douceur, peu importe le style des meubles, qu’ils soient d’époque contemporaine, anciens, ou Art Déco. Plus douteux est « l’objet détourné » : un Bouddha sous forme de vase, la tête remplie de fleurs, ou, pire, monté en lampe flanquée d’un abat-jour qui ombre son visage. Et ce n’est sûrement pas pour évoquer l’éveil du Bouddha historique assis en méditation sous l’arbre de Bo ! Pire encore : il a trouvé place dans la salle de bain et chez les esthéticiennes pour son côté confortable, favorable au « lâcher prise ». Pourtant, la grenouille dont les longues pattes de céramique se plient si bien en position de yoga ferait l’affaire, avec son œil rigolo et plein d’humour, elle n’est pas encore assez exploitée dans les sanitaires, quoique très demandée déjà.

Ceci pour dire qu’il est frustrant de constater que l’art statuaire, art religieux dont les codes sont immuables, est souvent transformé en Occident en « représentation utile ». Je parle ici de l’art bouddhique d’Asie du Sud-Ouest. Bien sûr les autres conventions de cette religion – philosophique - sont bien connues ici grâce à l’exode tibétain des grands maîtres chassés de leur pays par les Chinois. Le bouddhisme Zen est également très répandu mais je parle ici du Bouddha historique dont le parcours terrestre au sixième siècle avant notre ère est rappelé par les Mudra ou geste utile des mains.

Elles représentent son éveil, sa doctrine, sa mort et son entrée au Nirvâna. C’est ce qu’on peut lire sur les représentations de Bouddha en Thaïlande, au Laos, en Birmanie et à Ceylan. Les gestes sont toujours les mêmes depuis des siècles. Parmi ces gestes symboliques il en est un qui nous parle plus que les autres : c’est l’Abhaya mudra, le nom sanskrit de « l’apaisement de la colère », cette main du Bouddha levée à mi-hauteur dans un geste généreux évoquant l’appel au calme, l’appel à la réflexion pour retrouver la sérénité.

Peut-on y percevoir un sentiment de résilience dont on parle tant aujourd’hui, si précieux en ce temps de pandémie et de turbulence mondiale ?

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Au-delà de sa beauté, cette main n’inspire-t-elle pas la paix intérieure, à divers niveaux de tolérance, de tendresse, de sérénité, bien au-delà des connotations religieuses ?

Il est encore permis de rêver, non ?

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