Les biches et les daims de Bouddha

Décodage EXPRESS

Par | Penseur libre |
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Voici un exemple de daim de temple bouddhiste, un travail datant des années 1970, vendu par un décorateur en France. Photo © Vintage Addict

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L’engouement s’est calmé pour l’instant, mais on les rencontrait partout, ces daims graciles, ces biches aux yeux tendres, faits de bronze ou de cuivre, que les touristes rapportaient précieusement dans leurs valises, au retour de leur voyage en Thaïlande. Ils passaient la douane sans difficulté, alors que les grandes effigies de Bouddhas devaient être accompagnées de documents et cachets officiels, tant les vols internationaux de statues se multipliaient à une certaine époque.

Ils ont fait le bonheur des décorateurs d’intérieurs car ils les plaçaient aisément dans tous les styles, contemporains ou classiques. La beauté des motifs en forme de flamme entre les yeux et les flancs rehaussait l’élégance du port de tête, cette tête, tournée délibérément vers l’arrière… Et pourquoi ? Pour l’élégance de la pose ?

Parfois, les dames attachent colliers et bagues dans l’enchevêtrement des bois dressés vers le ciel… Mais l’objet mérite un meilleur sort. Il appartient à la croyance religieuse des Bouddhistes. La légende raconte comment le prince Siddhârta, le futur Bouddha, commença sa longue recherche du sens de la vie.

Cela s’est passé à Bodghaya, un des lieux saints de l’Inde, six siècles avant la venue de Jésus Christ. Après une longue méditation, Siddhârta comprit le pourquoi des souffrances humaines et atteint l’illumination.

Devenu le “Bouddha”, il donna son premier sermon à Sarnath, près de Bénarès dans un parc merveilleux peuplés de cervidés. Et c’est alors que biches et daims, charmés par le discours, ont tourné leurs têtes vers lui pour mieux entendre ses paroles suaves.

C’est ainsi que ces objets immortalisent la légende. Pour nous, c’est une belle histoire. Mais à Nara, au Japon, les biches et les daims sacrés évoluent librement autour des temples, les touristes les nourrissent avec enthousiasme depuis des siècles… Mais voilà, dernièrement, dès l’apparition du covid, l’absence de touristes a bouleversé la vie de ces daims. Privés de nourriture, ils sont descendus au centre-ville de Nara et se sont retrouvés dans le trafic, au beau milieu des voitures pour réclamer les attentions et les soins qui leur étaient réservés depuis des siècles.

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Alors, les autorités nippones, avec beaucoup de respect, les ont ramenés dans le beau parc et se sont chargés de leur bien-être.

Les touristes qui reviennent petit à petit, continuent à pratiquer la distribution de nourriture et s’imprègnent de tolérance dans les yeux fendus des cervidés de l’Asie.

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