¡No pasarán!

Les calepins

Par | Penseur libre |
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Une photo de l’écrivain soviétique Mikhail Koltsov prise à Madrid entre 1936 et 1937. Photo © Wikimédia Commons.

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Vendredi 26 avril

 Trois caractéristiques à souligner dans la campagne électorale qui s’achève en Espagne en vue des élections législatives qui auront lieu après-demain :

1. Des cinq grandes formations en lice, l’extrême droite n’a pas été admise dans les débats télévisés au prétexte qu’elle n’est pas représentée au parlement.

2. Un parti écologiste ne figure pas dans ce quintet.

3. La génération des quadras conduira l’Espagne, quel que soit le résultat. Le plus jeune lider est Pablo Casado Parti populaire, droite classique, 37 ans), et le plus âgé est Pedro Sanchez (PSOE, socialiste, Premier ministre sortant, 47 ans)

 Observer les élus aux élections européennes afin de vérifier l’éventuelle conformité avec le présent constat.  

Samedi 27 avril

 Et si Raphaël Glucksmann était la surprise du scrutin européen ? S’il n’était pas le pantin des vieux briscards devenus frileux ? S’il n’était pas que le gadget des intellectuels désenchantés ? S’il était le bon joker déniché par le (trop) discret Premier secrétaire Olivier Faure ? En radio comme en télé, il épate. Parce qu’il parle juste, parce qu’il parle vrai. L’homme s’est engagé par conviction, en toute sincérité, sans calcul, sans plan de carrière. Il visite des sections et des fédérations du Parti socialiste où l’on est satisfait du contact. Il aurait aussi rencontré François Hollande pendant deux longues heures. Le voilà qu’il propose un impôt européen pour financer la transition écologique. Simultanément, il prône une politique culturelle neuve et dynamique pour l’Europe, vieille revendication à dépoussiérer. « L’urgence est climatique et sociale. Elle est aussi idéologique donc culturelle » clame-t-il. Parce qu’il est neuf et non pas rôdé aux sempiternelles adéquations du pouvoir et aux arrangements tactiques, Glucksmann ose. L’Europe a aussi besoin d’audacieux lucides.

Dimanche 28 avril

 Les élections législatives espagnoles se soldent par le résultat que l’on prévoyait : les socialistes arrivent en tête sans atteindre la majorité absolue et l’extrême droite fait son entrée au parlement. Un commentaire plus approfondi devrait préciser que les socialistes sont largement le premier parti, à tel point qu’une alliance du centre libéral et de la droite conservatrice ne pourrait pas le doubler dans la recherche d’un compromis gouvernemental ; ce qui, eu égard à la situation de la social-démocratie européenne, est remarquable. Pedro Sanchez est donc quasiment assuré de redevenir Premier ministre. Olé ! Reste à souhaiter que pareil résultat émergera aussi lors du scrutin européen dans un mois où l’exilé Carles Puigdemont conduira une liste depuis sa résidence de Waterloo, proche de la morne plaine.

                                                                        *

 Exercice de projection historique. Pourquoi faudrait-il toujours choisir entre la peste et le choléra ? On peut très bien souffrir en même temps de la peste et du choléra. Exemples, Complétez vous-mêmes !

Lundi 29 avril

 Confirmation : en Espagne, hormis les deux partis indépendantistes (le Basque et le Catalan), cinq formations se partagent les sièges : l’extrême gauche, la social-démocratie, les libéraux, les conservateurs et l’extrême droite. Il n’y a donc pas en Espagne une écologie politique structurée. Aucun commentateur belge ou français n’y fait mention. Sur ce plan-là aussi, l’observation du scrutin européen dans ce pays sera significative. En attendant les autorités espagnoles annoncent qu’elles interdisent à Carles Puigdemont d’être candidat aux élections européennes. Sur une liste catalane bien sûr… Et si les nationalistes flamands, ou Le Pen, ou Salvini, l’accueillaient sur la leur ? C’est le moment de tester la solidarité entre nationalistes de l’Europe. 

                                                                        *

 Depuis janvier, 28 agents de la police française se sont suicidés. Emmanuel Macron peut-il se rendre compte du péril ? Tous les samedis matin de ces six derniers mois, des fonctionnaires de police quittent leur cadre familial pour, en tenue de combat, se retrouver toute la journée devant des abrutis qui ne pensent qu’à les tabasser. Certains observateurs – comme Jean-François Kahn – ne mâchent pas leurs mots. Ils estiment que les casseurs, qui recueillent de plus en plus de sympathie chez les Gilets jaunes, veulent un mort, afin d’en faire un martyr et d’atteindre le régime dans l’opinion. Pour l’heure, ils en ont déjà 28 dans l’autre camp.

Mardi 30 avril

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 « No pasarán ! » Ce cri trouble toujours la mémoire de tous ceux qui se souviennent des horreurs du franquisme et qui furent, par témoins interposés, emportés dans un romantisme en faveur d’un idéal républicain au service du peuple. Tout se mélange, tout se bouscule : les Brigades internationales, les poètes, Chavée, Machado ; les écrivains, Orwell, Hemingway ; le cinéma, Frédéric Rossif Mourir à Madrid ; les chansons, Paco Ibanez, Paul Louka Ma guitare n’est plus espagnole, Marc Ogeret ; les photographes de guerre, Robert Capa ; les peintres, Picasso Guernica, et tous les réfugiés qui sont venus descendre dans nos mines comme pour demeurer dans le deuil, loin du soleil qui brûle la peau et réjouit les cœurs. Dolorès Ibárruri, La Pasionaria… C’est elle qui avait lancé le slogan No Pasarán ! Ils sont pourtant passés, écrasant le combat pour la justice, le combat de la justice. Le combat qui défendait la démocratie légalement instaurée. Quarante années de nuit fasciste. Et puis, Felipe Gonzalez, et aujourd’hui Pedro Sanchez. Les images de minuit dimanche, face au siège de Parti socialiste espagnol, semblent presque être d’un autre âge. Et pourtant elles sont bien d’aujourd’hui. Des centaines de drapeaux rouges qui virevoltent. Et dans ce vent d’espérance recouvrée, une jeunesse en joie. On chante l’Internationale et pour saluer le score de l’extrême droite moins impressionnant qu’annoncé, cette jeunesse qui s’époumone en criant : No pasarán ! Ce sont les arrières petits-enfants de Dolorès Ibarruri. Ce cri trouble toujours la mémoire de tous ceux qui se souviennent… Il émeut. Jadis, la République se défendait aussi grâce aux artistes, aux créateurs. Une nouvelle Movida pourrait-elle accompagner la génération Sanchez qui est là, vibrante, volontaire ?  Les partageux ne meurent jamais.     

 

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