Pour qu’on sache que c’est gratuit

ConsoLoisirs

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Pour Jacques Remacle, une nouvelle victoire qui a du sens: un subside pour médiatiser la gratuité de 150 musées, chaque premier dimanche du mois. Sans cela, comment de nouveaux publics en seraient-ils avertis?

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Il faut avoir conscience de l’existence de deux politiques fort différentes. Au fédéral, une dizaine de musées pratiquent une très mauvaise gratuité mensuelle (le 1er mercredi du mois de 13 à 14H quand la population active travaille) et n’en fait quasi jamais la promotion depuis 1997.
À l’inverse, à Bruxelles et en Wallonie, 150 musées préfèrent la gratuité pour tous du premier dimanche et médiatisent chaque mois cet avantage. Jusqu’à réaliser et financer un «46 pages» inséré une fois par an dans Le Soir et, ce qu’on sait moins, aussi offert aux médecins pour leur salle d’attente. 

Le souhait pour quand on aura un nouveau gouvernement fédéral: quel les musées fédéraux rallient le 1er dimanche gratuit. Alors, naîtra une mesure majeure de démocratisation de la culture au niveau national.

Il était grand temps d’interroger Jacques Remacle, Mr «Musées gratuits» sur les coulisses de cette mesure qui devient de plus en plus populaire. C’est chose faite dans le point 7 de la présente newsletter.

SOMMAIRE

1. Notre compte-rendu de l’audition au CSA de Jean-Paul Philippot
2. L’opposition parlementaire critique le quasi «pardon» pour le scandale salarial ertébéen
3. Pourquoi le boss actuel de la RTBF est-il le seul candidat à sa succession?
4. Les youtubeurs, les plasticiens, la protection du livre, la chronologie des médias...
5. Les quatre vérités d’Amandine Pavet
6. Êtes-vous contre le mécénat et le crowdfunding?
7. Sept questions sur la gratuité muséale du «premier dimanche du mois»
8. Un qualimat... sans La Trois
9. Le Théâtre National répond à trois critiques

1. Notre compte-rendu de l’audition au CSA de Jean-Paul Philippot

Bernard Hennebert a assisté à l’audition par le CSA du patron de la RTBF. Il a écrit son compte-rendu pour Consoloisirs et l’a diffusé immédiatement sur les réseaux sociaux. Ce texte a déjà suscité plusieurs réactions positives dont celle d’un réalisateur bien connu de documentaires: «J’ai beaucoup apprécié le texte remarquable que tu as écrit suite à l’audition de Philippot. J’aimerais te demander l’autorisation de l’envoyer à mes correspondants».
D’autre part, Marc Uytterhaeghe l’a résumé, le 24 janvier 2020 (en page 2), dans un article de L’Avenir qu’il a consacré aux réactions des syndicats et des téléspectateurs par rapport au feu vert accordé à l’administrateur général de la RTBF suite à cette audition.

Voici ce texte intitulé «Que penser de l’audition de J.P. Philippot au CSA?» dans son intégralité:

À propos du travail de réflexion mené actuellement à l’attention du gouvernement qui va bientôt devoir accepter ou non la demande de Jean-Paul Philippot d’exercer un quatrième mandat de six ans comme administrateur général de la RTBF, je constate que nulle part les usagers sont invités à s’exprimer sur ce dossier alors que le service public existe et se développe pour eux.

J’ose imaginer que je suis un expert axé sur cette thématique puisque la première pétition que j’ai lancée à propos de la RTB(F) date de 1973. Par la suite, j’ai notamment publié des centaines d’articles et quatre livres sur ce sujet, j’ai coordonné l’«Association des téléspectateurs actifs» pendant près de dix ans et initié récemment le collectif «La RTBF nous appartient». Enfin, j’ai, sur cette thématique, été auditionné à plusieurs reprises par le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ma page «RTBF: non à la pub» est actuellement suivie quasi quotidiennement par près de 700 amis sur facebook.

L’info à la perlimpinpin

Le 14 janvier 2020, lors de son audition au CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel), J.P. Philippot s’est attardé plusieurs fois sur l’information qui est une mission de service public nécessaire, «pilier de service public». Il veut davantage de journalisme d’investigation dans le futur. Poudre de perlimpinpin ou promesse d’un changement radical?

Comment donc a évolué la programmation RTBF qui atteint le plus grand nombre de téléspectateurs? J’ai comparé les programmes du prime-time de La Une du 18 au 24 février 2002 (qui correspond à l’arrivée de J.P. Philippot à la direction de la RTBF) et ceux du 6 au 11 janvier 2020.
Quand J.P. Philippot a entamé son premier mandat d’administrateur général, cinq soirées par semaine proposaient sur La Une au prime-time des émissions fortement liées à l’infos: L’Ecran Témoin (film accompagné d’un débat), Faits Divers, Autant savoir, L’Hebdo, Le Jardin Extraordinaire.
Aujourd’hui, il n’y en a plus que deux: la soirée du mercredi consacrée aux magazines et le Jardin Extraordinaire. Donc c’est la mission de délassement qui est désormais fortement favorisée (il faut bien entendu du divertissement, mais autant?) dans ce créneau qui amasse les téléspectateurs par centaines de milliers: humour, séries, films (sans débat), téléfilms, joutes musicales, etc.
On peut même affirmer qu’il y a une inversion des proportions entre information et divertissement: on est ainsi globalement passé de deux à cinq soirées dédiées au «divertissement» par semaine. Est-il devenu la mission première du service public? Pourquoi?

Souvent, on pointe la marginalisation de la culture à la RTBF. Elle existe (Le Soir du 26/11/2014 a titré: Philippot: «La culture n’est pas faite pour le prime time») mais rarement on constate en même temps publiquement que cette invasion du divertissement au prime-time a surtout été mise en place au détriment des émissions plus sociales, au sens large. Ce fait est d’autant plus grave que nous vivons une période où les populismes se développent.

Sébastien Liefferinckx est le nouveau membre du Collège d’autorisation et de contrôle du CSA habilité à questionner le candidat à sa succession. Il connait bien la thématique des émissions à la télé puisqu’il a été directeur des programmes pour The Walt Disney Company et pour le groupe Lagardère. Il a expliqué qu’il s’était préparé à cette audition en analysant les grilles actuelles de La Une et La Deux. Son avis est fort mitigé et complète mon enquête sur le prime-time de La Une. Il a notamment constaté que sur la chaîne amirale, n'était diffusé qu'un documentaire par semaine. Qu'il y avait près de 90% de divertissement sur La Deux et une programmation très importante de contenus français (ceux-ci étant diffusés aussi sur les chaînes françaises alors que les usagers de la RTBF peuvent les y découvrir) dont même des programmes de la chaîne privée TF1, au détriment de la popularisation de notre production locale.

Un mot proscrit?

Par contre, il y a un autre mot que le candidat semble craindre de prononcer, peut-être de peur de s’étouffer: la «médiation» (service de médiation; émission ou séquence de médiation). Il lui préfère de loin «l’éducation aux médias», celle-ci lui permettant plus aisément de procurer des pansements aux victimes des problèmes médiatiques plutôt que de faire évoluer les situations porteuses de dégâts.

Pourtant une véritable médiation (service et émissions) est le couronnement symbolique du service public, la preuve qu’un diffuseur peut associer son public activement à sa destinée. Ce secteur a été initié, et dans ce sens-là, avec succès par son prédécesseur, Christian Druitte. Pendant près de dix-huit ans, J.P. Philippot l’a ensuite marginalisé (on est passé d’émissions hebdomadaires en télévision à de simples «séquences» au moins dix fois par an, quant aux programmes réguliers obligatoires en radios, ils ont disparus) en y semant une bonne dose d’auto-justification et d’auto-promotion. Le sens même de ce qu’est une «médiation» est désormais quasi totalement dévalorisé.

La publicité

J.P. Philippot indique succinctement en une dizaine de secondes (à 11H47 précisément) vers la fin de son si long exposé (il avait droit à 45 minutes, mais a occupé 1H20, ce qui diminua d’autant le temps des questions, puisque l’audition commencée à 10H30 s’est terminé comme prévu à 12H30) que, selon la déclaration gouvernementale, «les moyens publicitaires vont probablement diminuer».
Ce «probablement» est étonnant puisque le programme gouvernemental le certifie. Serait-il encore dans l’illusion? Il ne serait pas alors un bon candidat, nous semble-t-il.

Le CSA était en droit de savoir comment J.P. Philippot va gérer cette évolution significative d’autant plus qu’elle se passera sans augmentation de la dotation.
Prendra-t-il cette mesure comme un fardeau ou comme un bonheur de renouvellement du service public voulu par nombre d’électeurs? Oublie-t-il que si la publicité rapporte, elle coûte cher également? À quoi bon supprimer la publicité, si c’est pour maintenir ses méfaits: notamment des programmes chers placés au prime-time et hyper annoncés dans les autopromotions et l’affichage public pour plaire aux annonceurs?

La diminution de la publicité grâce aux modifications éditoriales qu’elle pourrait enclencher est un grand espoir d’un «plus de service public». Il nous semble qu’il est indispensable qu’un candidat à la direction de la RTBF pour ces six prochaines années doive justement détailler aussi cet élément dans son projet de candidat.
Est-ce trop «éducation permanente» (tiens, un autre mot bien peu utilisé) d’y penser?
Et que diable, prévoir aussi l’avenir. Ne pas oublier qu’un des deux partis qui ont gagné les dernières élections, et qui est désormais au pouvoir, proposait dans son programme la suppression totale de la publicité en 10 ans, et 10% par année.

2. L’opposition parlementaire critique le quasi «pardon» pour le scandale salarial ertébéen

Jusqu’à la mi-février, la question lancinante se résumera à savoir si le gouvernement PS-MR-Écolo osera offrir un quatrième mandat de six ans à l’actuel administrateur général Jean-Paul Philippot.

Plusieurs me pressent de vous donner envie de lire l’article suivant déjà ancien mais qui garde aujourd’hui son intérêt. Je cède à cette amicale pression!

La presse écrite investigue, informe, commente... et tente peut-être parfois d’influencer le gouvernement dans sa décision de reconduire éventuellement l’administrateur général de la RTBF. Le Soir et Sudpresse (qui appartiennent au même groupe de presse) ont à plusieurs reprises rendu public les aléas du salaire de J.P. Philippot.
D’autre part, on peut constater que La Libre semble considérer dès le 24 janvier 2020 que les carottes sont cuites. Un article publié en page 7 titre «Philippot paiera sa dette avant de rempiler» et propose comme légende à la photo qui l’illustre: «Jean-Paul Philippot, en poste depuis 2002, va pouvoir poursuivre son parcours à la tête de la RTBF». Dans son texte: «Au final, il n’y a (...) rien de nature à faire barrage à un 4ème mandat»; «M.Philippot a désormais l’assurance que le gouvernement le prolongera à la tête de la RTBF»; etc. Et le journaliste préfère traiter les rebondissements du salaire du patron «(...) d’incident» plutôt que de faute.
Constatons aussi qu’aucun de ces quotidiens n’a investigué sur le choix des spécialistes sélectionnés par l’ancien CA de la RTBF pour faire rapport à la ministre. Et on parle bien peu du bilan du contenu des programmes (ce qui est essentiel pour les usagers... à qui on ne permet que de se taire à propos de ce dossier), si ce n’est que de relayer les déclarations de l’administrateur général où il s’auto-glorifie.

Ce 28 janvier 2020, il a été beaucoup question de la RTBF et de Jean-Paul Philippot au Parlement de la Communauté Française.
Les réactions des parlementaires, principalement de l’opposition, sont intéressantes pour nous, les usagers, car ceux-ci ont eu un accès direct à une série de documents que nous ne pourrons jamais découvrir et les analyser dans leur entièreté.
Pour certains d’entre-eux, nos élus devaient d’ailleurs en prendre connaissance sans aucun matériel pour les photographier ou les reproduire. Dans leurs interventions, ils sèment quelques éléments encore inédits pour le public qui montrent bien que les révélations sur les scandales du montant du salaire de Jean-Paul Philippot et de la dissimulation de celui-ci dans les rapports officiels de la RTBF sont encore loin d’être parfaitement clairs.

Voici quelques extraits du compte-rendu

Benoît Dispa (cdH): Nous avons reçu un message du greffe nous signalant que les rapports pouvaient être consultés. J’ai effectivement pu vérifier que la ministre avait demandé la confidentialité pour les annexes, mais pas pour les rapports eux-mêmes.
Force est de constater, et la Conférence des présidents s’en est émue à juste titre, qu’à ce jour nous n’avons toujours pas reçu lesdits rapports. Sans vouloir cibler qui que ce soit, cette situation pose problème et témoigne d’un défaut dans l’information due aux parlementaires sur ces questions de rémunérations au sein de la RTBF. Ce n’est pas la première fois que nous nous heurtons à une forme de résistance et de réticence! J’insiste donc pour que ces rapports soient communiqués sans délai à l’ensemble des membres de cette commission et à ceux qui souhaiteraient les consulter.
J’ai quand même pu les consulter, sans pouvoir disposer de mon GSM ni d’une photocopieuse, et je dois dire qu’ils sont instructifs (...).
Hormis le rapport de trois pages du Collège des commissaires, qui est objectivement indigent et ne donne aucune information, deux autres rapports sont beaucoup plus accablants, à savoir le rapport des commissaires du gouvernement, qui compte 19 pages, et le rapport de l’audit interne, qui en contient sept. Le rapport des commissaires du gouvernement indique clairement que les plafonds n’ont pas été respectés, mais dépassés, que les obligations de la RTBF concernant la transparence n’ont pas non plus été respectées et que les montants individualisés des rémunérations n’ont pas été transmis à la ministre (...).
Pour sa défense, l’administrateur général répond qu’il s’agit d’une «malencontreuse omission administrative». Précisons que celle-ci a quand même duré quelques années, en dépit des questions parlementaires posées sur le sujet, y compris sur la transmission des informations à la ministre (...).
Le rapport des commissaires du gouvernement souligne aussi que les services administratifs de la RTBF, les organes de gestion et les organes de contrôle interne et externe n’ont pas exercé correctement leur mission. Ce constat est accablant. Selon le rapport d’audit interne, les rémunérations sortent du périmètre de l’enquête, ce que je trouve un peu curieux.
Il est écrit noir sur blanc que les rémunérations n’ont jamais été considérées comme présentant un risque élevé en termes d’analyse de risques. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les faits démentent cette appréciation.
La responsabilité des commissaires du gouvernement est épinglée dans le rapport, qui revient sur les recommandations d’un audit de gouvernance précédent, qui invitait à revoir le fonctionnement du comité de rémunération.
Ces recommandations n’ont jamais été suivies.
Des questions y sont aussi posées sur la gestion du dossier par la direction des ressources humaines de la RTBF. J’insiste pour que ce document nous soit transmis sans plus tarder (...).
On s’est accordé sur un remboursement de 60.000 euros. Il me semble avoir lu dans le rapport des commissaires du gouvernement que si nous allions au-delà de 2014, le montant à rembourser pourrait s’élever à 100.000 euros.
Cela démontre la nécessité absolue, pour nous, de disposer de ces rapports. Il n’est pas normal que nous puissions échanger aujourd’hui sans avoir les documents en main, alors qu’ils ont été transmis par le gouvernement la semaine dernière (...).
Malgré les efforts du gouvernement pour tenter de recadrer les choses, j’ai le sentiment que nous ne sommes pas au bout de cette affaire (...).
Au-delà de la nécessité d’instaurer de nouvelles règles, il me paraît important de pouvoir entendre l’administrateur général de la RTBF dans notre commission (...).
Je ne comprendrais pas que le gouvernement s’en tienne à une procédure de renouvellement restreinte. Sur la base des avis que vous avez reçus du CSA, vous pourriez procéder à une sorte de reconduction automatique (de Jean-Paul Philippot). Au vu du contexte, une procédure totalement ouverte devrait être lancée afin que l’on sorte enfin de l’entre-soi.

Jori Dupont (PTB): L’audit interne révèle un véritable manque de transparence de la part du comité de rémunération. Le rapport fait état de l’audition d’un certain nombre de personnes, mais non de celles qui ont dénoncé les faits.
Je pense notamment à la responsable du SIRH de la RTBF, qui parle de «mensonge volontaire». J’aurais souhaité avoir son avis.
Je prends acte, Madame la Ministre, du fait qu’en dépit de tout cela, vous continuez à accorder votre confiance à l’administrateur général.

Christophe Magdalijns (DéFI): Je me joins à M. Dispa pour demander que les députés non membres d’une commission ou d’un groupe, mais qui souhaitent prendre part au débat soient dûment informés (...).
Je suis surpris d’avoir lu et entendu que la responsabilité au sein de l’entreprise était surtout collective.
J’ai l’impression que l’article du journal «Le Soir», où l’on identifiait très clairement certaines personnes, responsabilités et influences au sein de l’organisation, a déjà été oublié (...).
Il existe quand même, Madame la Ministre, une forme de complaisance à l’endroit de l’administrateur général.
On comprend que vous avez rapidement décidé, par exemple, de ne pas mettre en péril le renouvellement du mandat de M. Philippot, présenté comme un homme providentiel, y compris pour le redressement financier de la RTBF.
Il suffit pourtant d’examiner l’évolution de la dotation publique de la RTBF au cours de ces dernières années pour comprendre que le redressement des comptes et de la situation financière lui a fortement été facilité.
Les hommes et les femmes providentiels, ça n’existe pas!

D’autre part, en lisant L'Echo du 24 janvier 2020, on a pu découvrir une piste concrète pour financer indirectement le prochain manque à gagner d’une RTBF privée partiellement de rentrées publicitaires sans augmentation de la dotation:

L’Écho: TF1 ne provoque pas sur le marché pub belge le tsunami redouté. Dès lors, le dispositif de compensation anti-TF1 négocié en son temps par la RTBF (trois millions par an) ne devrait-il pas être supprimé et l’argent affecté à autre chose?

La ministre Bénédicte Linard (Écolo): Ce dispositif est prévu pour les exercices 2019 et 2020, pas au-delà. Ce montant nous permettra pour la suite de travailler à des orientations contenues dans la déclaration de politique communautaire, notamment la réduction de la publicité. Mais il faut rester attentif et garder un œil sur la situation. La déclaration prévoit notamment un audit du marché publicitaire belge francophone. Il faut le mener.

Consoloisirs trouve cette option déplorable. Il faudrait plutôt que la RTBF fasse des économies importantes en supprimant la production ou l’achat d’émissions coûteuses et trop nombreuses de divertissement souhaitées par les annonceurs.

Vous pouvez lire ici l'Intégralité du compte-rendu de cette séance du 28 janvier 2020.

3. Pourquoi le boss actuel de la RTBF est-il le seul candidat à sa succession?

Beaucoup ne comprennent pas pourquoi actuellement Jean-Paul Philippot est seul candidat à sa succession à la RTBF.
Pour répondre à cette question, il suffit de découvrir la procédure de désignation de l’administrateur général telle qu’elle est décrite à l’article 17 §§ 2bis et 2ter du décret portant statut de la RTBF.
Attention! Dans le cas présent, c’est bien l’article 17 § 2ter qui a été appliqué (vous trouverez ce texte dans la deuxième partie du présent point).

On sait que le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), après audition publique de Jean-Paul Philippot, a remis un avis favorable pour sa reconduction à un 4ème mandat de 6 ans et que le gouvernement PS-Écolo-MR a jusqu’à la mi-février 2020 pour prendre sa décision.

C’est le Collège d’autorisation et de contrôle du CSA qui, réunis à huis clos, a opté pour cet avis positif. Qui fait donc partie de cet organe? Découvrez sa composition avec les noms: celle-ci est détaillée à la fin de cette page.

Mais... dans son avis remis au gouvernement, le CSA propose aussi qu’on fasse à l’avenir évoluer les règles du jeu: «(...) La procédure de renouvellement de l’Administrateur général de la RTBF, qui date de 1997, prévoit que, si l’Administrateur général en poste fait l’objet d’une évaluation favorable au terme de son mandat, le Gouvernement peut (mais ne doit pas) renouveler ce mandat sans passer par un appel à candidatures comme ce fut également le cas lors des deux renouvellements précédents. Cette manière de faire, si elle présente l’avantage de permettre la continuité, pose cependant question en ce qu’elle limite la réflexion et de facto la possibilité de candidatures alternatives. Si le Gouvernement ne souhaite pas limiter le nombre de mandats successifs à ce poste, une réflexion pourrait être menée sur les conditions du renouvellement qui pourrait passer par une remise en concurrence qui donnerait l’occasion d’une réflexion plus approfondie sur les objectifs à atteindre pour les six années suivantes. Le Collège aurait ainsi eu l’opportunité de mettre en perspective le projet d’entreprise du candidat avec la lettre de mission du Gouvernement, comme le prévoit la procédure en cas d’appel à candidatures (...)».

Voici donc le texte du décret qui produit la situation actuelle que nous trouvons si regrettable: la candidature Jean-Paul Philippot qui n’est pas mise en concurrence avec celles d’autres personnes.

«Article 17 § 2bis. L'administrateur général est désigné par le Gouvernement dans le respect de la procédure suivante:

1° le Gouvernement arrête la lettre de mission de l'administrateur général sur proposition du conseil d'administration. Cette lettre comporte la définition précise des missions générales de gestion et les objectifs à atteindre;

2° le Gouvernement lance un appel à candidature:
a) interne par voie d'affichage aux valves de l'entreprise et;
b) externe par voie de publication dans trois journaux quotidiens nationaux francophones.
Cet appel exige notamment le dépôt d'un projet culturel et de gestion par chaque candidat;

3° un collège de quatre experts externes désignés par le conseil d'administration, remet à ce dernier un avis sur chaque candidature dans un délai d'un mois;

4° après avis de ce collège, le conseil d'administration présélectionne au maximum trois candidats, dans un délai d'un mois;

5° le Gouvernement soumet à l'audition du Collège d'autorisation et de contrôle du Conseil supérieur de l'audiovisuel le(s) candidat(s) présélectionné(s). Les modalités d'organisation de cette audition sont fixées par le Collège d'autorisation et de contrôle. Le Collège remet un avis au Gouvernement dans le mois de sa saisine;

6° après sa désignation par le Gouvernement, l'administrateur général présente son projet culturel et de gestion au Parlement de la Communauté française, dans les trois mois, selon les modalités fixées par celui-ci.
Le Gouvernement arrête la procédure visée au présent paragraphe.

Article 17 § 2ter. Le mandat de l'administrateur général est de six ans. L'administrateur général fait l'objet d'une évaluation, en milieu et fin de mandat, par un collège de quatre experts externes désignés par le conseil d'administration.
Une évaluation défavorable entraîne une délibération motivée à prendre par le Gouvernement sur le maintien ou la révocation de celui-ci dans sa fonction d'administrateur général. La délibération ne peut intervenir qu'après audition de l'administrateur général par le Gouvernement.
Dans le cas où l'évaluation de fin de mandat est favorable, le Gouvernement peut renouveler le mandat de l'administrateur général sortant, selon la procédure visée au § 2bis, 5° et 6°, laquelle ne s'applique qu'à ce dernier».

4. Les youtubeurs, les plasticiens, la protection du livre, la chronologie des médias...

Notre quatrième émission mensuelle de «Radio Consoloisirs» se déroulera en direct le lundi 17 février de 21H à 22H sur Radio Air Libre.

Le sommaire de cette émission consistera à détailler davantage le contenu de la présente newsletter. N’hésitez pas avant le 15 février 2020 à nous interroger à propos de tout ce que vous lisez ici, et si vous avez des questions ou des suggestions, c’est le moment: écrivez à consoloisirs@gmail.com

L’invitée «fil rouge» de cette émission sera Isabelle Emmery, députée bruxelloise (PS) et également présidente d’Escale du Nord, le centre culturel d’Anderlecht depuis 2013.

Au parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, elle assume la vice-présidence de la Commission de la culture et des médias.
Elle pose à la ministre de nombreuses questions. Parmi les plus récentes: la protection culturelle du livre, la rencontre des youtubeurs au CSA, la règlementation européenne de la chronologie des médias, la rémunération des plasticiens ou les coupes financières dans les subsides culturels en Flandre.

Nous invitons des représentants de tous les partis démocratiques: après Écolo, le PTB et le PS, nous pouvons déjà vous signaler que d’ici l’été, nous recevrons notamment Joëlle Maison (DéFI) et Olivier Maroy (MR).

Comment écouter Radio Air Libre en direct? En cliquant ici.

Si vous n’avez pas la possibilité de l’écouter en direct, vous pourrez, une dizaine de jours plus tard, la (re)découvrir en cliquant ici.

5. Les quatre vérités d’Amandine Pavet

(Ré)écoutez notre émission du lundi 13 janvier 2020, avec, en invité, Amandine Pavet, parlementaire PTBcliquez ici.

Chaque mois, sous forme d’un «test», les mêmes quatre questions sont posées à l’invité fil rouge de notre émission. Voici les réponse données le 13 janvier 2020 par Amandine Pavet.

Dites-nous quelle est la «pratique» que vous aimeriez soutenir dans les activités culturelles «de chez nous»?

Amandine Pavet: Les initiatives culturelles de quartier. Nous, on aimerait aller à l’inverse de la culture élitiste. Il ne faut pas nécessairement avoir des talents éprouvés pour pouvoir s’exprimer. Comme aux Pays-Bas, on voudrait développer des coordinateurs de culture par quartier. Ils permettent aux gens qui ont des idées, des envies, des projets, de les mettre en place et ils incitent le public à les découvrir, et ceci à une échelle très locale.

Dites-nous quelle est la «pratique» à laquelle vous vous opposez particulièrement dans les activités culturelles «de chez nous»?

Amandine Pavet: Le phénomène d’uniformisation de la culture: dans le monde, 80% de musique sont distribués par seulement quatre sociétés. Quand le gouvernement pousse les initiatives culturelles dans les bras du marché, du «tout au fric», je pense que la culture y perd, qu’elle s’appauvrit et s’uniformise. On voudrait empêcher le monde des affaires de prendre le contrôle des conseils d’administration de la culture, et notamment le monde bancaire. À l’inverse, il faut donner plus de place aux citoyens et aux travailleurs de ces institutions.

Dites-nous quelle est la «pratique» que vous aimeriez soutenir dans l’univers des médias «de chez nous»?

Amandine Pavet: La liberté de l’information (qui n’est hélas pas toujours garantie): c’est quelque chose de très important pour nous. Que les chaînes de radio et de télé qui sont publiques... le restent. Et on voit bien à quel point c’est remis en cause. Toutes les aides d’état données à la VRT et à la RTBF subissent de grandes attaques pour le moment. Et ces aides en Belgique sont parmi les plus basses d’Europe. Qu’elles soient donc rehaussées au moins à un niveau moyen européen. Nos aides publiques ne sont pas à la hauteur, d’où, des sous effectifs, des pressions accrues au travail, des contrats médiocres. On souhaite que ce qui est «public» soit réellement «public» et que l’argent soit à la hauteur des besoins dans ce secteur.

Dites-nous quelle est la «pratique» à laquelle vous vous opposez particulièrement dans l’univers des médias «de chez nous»?

Amandine Pavet: L’uniformisation de l’information. Et là, on va revenir sur le privé. On a des groupes privés qui s’emparent de l’information. Leurs intérêts sont mêlés et la liberté de l’information n’est plus toujours garantie. C’est quelque chose de très important pour nous.

6. Êtes-vous contre le mécénat et le crowdfunding?

Voici la mise par écrit d’un moment fort de notre émission «Radio Consoloisirs» du lundi 13 janvier 2020 avec, en invité, Amandine Pavet, parlementaire PTB:

- Consoloisirs: Deux propositions de la déclaration de politique communautaire de la majorité (PS-MR-Écolo) vous ont particulièrement inquiété. Pourquoi donc? Il s’agit d’«encourager le mécénat et les dons». Vous pointez aussi le fait de «développer le financement participatif» pour financer la culture...

- Amandine Pavet: Ces deux propositions constituent pour nous une déresponsabilisation du pouvoir public. Cela veut dire qu’on va proposer des avantages fiscaux à des mécènes privés qui vont eux-même choisir d’investir dans tel ou tel projet artistique. C’est donc eux qui choisissent! C’est une vision très libérale d’une politique culturelle. Ce n’est pas du tout notre «truc». Nous, ce qu’on préfèrerait, c’est que ces mécènes paient leurs impôts à un niveau normal. Que tout le monde paie ce qu’il doit normalement et, du coup, les caisses seront remplies, y compris pour la culture. Et avec l’argent public, alors, qu’on décide de manière collective quels projets aider.
Le crowdfunding est une plate-forme en ligne où on présente des projets notamment artistiques et où on invite les gens à participer financièrement à hauteur de leurs envies. C’est souvent à des amis, à des proches qu’on demande de payer. Quand j’ai vu que ce financement participatif était mentionné dans la déclaration de politique communautaire de notre Fédération Wallonie-Bruxelles, honnêtement, j’ai rigolé car c’est dire (et je vais être polie!): débrouillez-vous et trouvez vous-même votre financement. Est-ce qu’on a besoin d’un gouvernement pour dire ça? Pour le public et pour les artistes, cela revient à mettre un sparadrap. Ce n’est pas une solution.

Pour (ré)écouter l’émission, cliquez ici.

En France, Bernard Hasquenoph, coordinateur du site louvrepourtous.fr tient une rubrique régulière fort pertinente sur le mécénat culturel dont voici le nouvel opus.

7. Sept questions sur la gratuité muséale du «premier dimanche du mois»

Changement radical de politique par rapport aux deux ministres CDH qui l’ont précédée: la nouvelle ministre de la culture Bénédicte Linard a opté pour une aide de 50.000 euros de la Fédération Wallonie-Bruxelles afin de financer durant 2020 la promotion de la gratuité du premier dimanche du mois de 150 musées bruxellois et wallons par l’asbl «Arts&Publics».

Voilà l’occasion idéale pour publier l’interview de son administrateur délégué Jacques Remacle (celle-ci ayant été réalisée quelques jours avant l’annonce de cette excellente nouvelle financière).

Mais d’abord, un peu d’histoire. En 2003, s’entame le développement dans les musées de la gratuité du «premier dimanche du mois» en Belgique. À la manœuvre, Consoloisirs qui a découvert que le Centre de la Gravure et de l’Image Imprimée la pratique à La Louvière d’initiative. Il s’agit d’une importation chez nous d’une chouette «pratique culturelle» qui a déjà commencé à se développer en France. L’hebdo «Le Ligueur» de la Ligue des Familles publie, le 6 mars 2003, l’article «Gratuit, le dimanche?».

Aujourd’hui, dix-sept ans plus tard, il n’y a plus 1 mais bien 150 musées qui pratiquent cette gratuité mensuelle «pour tous» en Wallonie et à Bruxelles.

À partir de 2008, pour populariser la mesure, chaque mois, une fête de la gratuité est organisée dans un musée différent. La «première» de cette initiative qui se poursuit toujours en 2020 se déroule le 3 février 2008 à la Fonderie, le musée bruxellois de l’industrie et du travail. Voici les photos et un compte-rendu.

Depuis 2012, l’asbl Arts&Publics poursuit le combat en le coordonnant et le professionnalisant. Consoloisirs soutient avec enthousiasme cette évolution.

Dès janvier 2013, les musées reconnus par la Fédération Wallonie-Bruxelles appliquent la mesure (celle-ci fait partie d’obligations négociées avec eux lors d’un important refinancement structurel du secteur).

En mai 2013, le journal de «Culture & Démocratie» publie, en pages 20 et 21, le témoignage de Consoloisirs, «Une gratuité qui rapporte!». Il dresse un premier bilan de cette lutte culturelle et mérite sans doute encore aujourd’hui votre attention.

En 2014, la revue «Faits & Gestes» diffuse gratuitement les résultats de l’enquête sur cette gratuité menée par L’Observatoire des Politiques Culturelles. Un document déterminant et passionnant. À télécharger ici.

En ce début 2020, nous avions envie de permettre à nos lecteurs d’entrer un peu dans les coulisses de cette initiative en posant sept questions à Jacques Remacle, l’administrateur délégué de l’asbl Arts&Publics.

150 musées gratuits, chaque premier dimanche du mois, est-ce un cap difficile à tenir? Certaines institutions arrêtent cet avantage. D’autres l’entreprennent. Y a-t-il des raisons significatives à ces départs ou ces arrivées?

Jacques Remacle: La base est solide. Il y a peu de mouvements depuis trois ans. Les sorties du dispositif sont rares, en général liées à une perte de reconnaissance par la Fédération Wallonie Bruxelles. Les arrivées sont plus nombreuses, parfois grâce à l'obtention de la reconnaissance, parfois car le musée est dans une phase de lancement.

Si vous deviez choisir dans la liste des 150 musées quelques exemples d’institutions qui mettent davantage d’énergie à la réussite de cette journée de gratuité? Quelques exemples de leur façon de faire originale pour y arriver?

JR: Les initiatives sont trop nombreuses pour toutes les citer ici. Chaque mois, on les annonce sur notre site. On sent beaucoup de musées attachés à accueillir les visiteurs gratuits aussi bien, voire mieux, que les visiteurs payants. C'est important comme démarche.

Beaucoup d’institutions misent sur la gratuité mensuelle pour atteindre de nouveaux publics. On entend moins souvent un autre argument qui est sans doute complémentaire: la gratuité permet à des personnes qui allaient environ une fois par an au musée d’en visiter un différent par mois ou de retourner souvent dans le même musée. Pour vous, à quoi sert pour les musée eux-mêmes cette «gratuité du premier dimanche»?

JR: Il faut leur demander! Les retours vont tous dans le même sens d'un intérêt accru du visiteur gratuit. Un directeur m'a un jour dit combien il remarquait une envie de découvrir le musée dans tous ses recoins afin de profiter au maximum de la visite.

Conseillez-vous de lire un article ou les résultats d’une enquête déjà publiée sur les conséquences de la gratuité du premier dimanche? Si on vous demandait, pour une enquête à venir, des propositions de questions non posées jusqu’à présent aux visiteurs pour mieux évaluer les résultats, que suggéreriez-vous?

JR: Quand l'Observatoire des Politiques Culturelles a mené son enquête en 2013-2014, la mesure manquait encore de notoriété. Cela s'est fortement amélioré. Ce qui manque, c'est un sondage de notoriété entre le lancement de la mesure en 2013, il y a sept ans, et aujourd'hui. J'ai l'impression que le public est de mieux en mieux informé. Cela mériterait d'être mesuré. Pour notre part, nous avons réalisé un petit sondage, il y a deux ans, via notre page Facebook. Les résultats étaient assez positifs mais sans valeur scientifique. Mais dans ces deux études, un résultats est marquant: 98% de personnes satisfaites par la gratuité offerte, c'est énorme.

Si une gratuité mensuelle a pour but de toucher de nouveaux publics, il faut bien sûr la médiatiser chaque fois qu’elle se déroule. Quels sont, selon vous, les moyens les plus efficaces et peu chers à mettre en œuvre? Vos expériences d’information sur les réseaux sociaux, de «fêtes mensuelles», de publications annuelles d’une liste complète des 150 musées dans les brochures de 48 pages «Regards sur les musées» (insérées déjà à 6 reprises dans le quotidien «Le Soir») sont-elles probantes?

JR: Il faut que le public sache où trouver l'info et que celle-ci soit la plus correcte et la plus complète possible, donc réactualisée en permanence. Comme je disais plus haut, l'impact peut être mesuré. Ce qui est clair, c'est que la mesure amène un public spécifique et accroît significativement la fréquentation ce jour-là. L'impact est loin d'être nul. Notre page Facebook est suivie par plus de 50.000 personnes, c'est une puissance de frappe!

En Fédération Wallonie-Bruxelles, il est important qu’une aide soit apportée à l’asbl Arts&Publics pour ce travail de coordonner et de promouvoir la gratuité du premier dimanche qui se développe dans la partie francophone de notre pays. Trois ministres, trois femmes, ont dû et doivent répondre, plus ou moins bien, à cette nécessité: Mesdames Laanan (PS), Gréoli (CDH) et Linard (Écolo). Leur politique vis-à-vis de votre travail a-t-elle été différente? En quoi?
Êtes-vous confiant pour l’avenir des «premiers dimanches»?

JR:Vous oubliez Madame Milquet! (rires). Vous voulez jouer à Pascal Vrebos? Alors oui, je laisserais sans doute Madame Greoli au tapis. L'important est d'accompagner la mesure. Avec des moyens limités mais permanents. Arts&Publics le fait avec constance depuis sept ans malgré les heurs et malheurs d'un opérateur subventionné. Madame Laanan a initié la mesure qui restera comme une des mesures-phares de ses dix ans d'action. La ministre Linard nous a apporté le soutien nécessaire à la poursuite immédiate de notre action. Un plan d'action 2020-2023 est en cours d'élaboration.

Vu qu’il y a peu d’argent à partager pour la culture, certains regrettent que des gratuités mensuelles «pour tous» sont organisées dans les musées et préfèreraient qu’on développe d’autant l’énergie et le financement pour plutôt des réductions ou des gratuités quotidiennes destinées aux populations défavorisées.
D’autre trouvent, au contraire, importantes ces aides «caritatives» bien entendu, mais il faut aussi respecter les «droits» de tous les citoyens en manière culturelle, comme les gratuités pour les fonds permanents des musées le plus souvent acquis avec l’argent de tous (on ne va pas payer une seconde fois!). Où vous situez-vous entre ces deux options?

JR: Ces deux options ne sont pas antinomiques. Et il y a des dépenses publiques en Culture qui ont beaucoup moins de sens que de financer des réductions ou des gratuités. Des moments de gratuité sont essentiels à l'exercice des droits culturels de chacun. Des réductions ou gratuités spécifiques rencontrent d'autres besoins importants. Les pistes de renforts de l’accessibilité doivent être variées. Je dirais aussi qu'une politique de prix modérés est nécessaire dans le cadre d'une crise économique qui touche le citoyen. Elle est globalement à l’œuvre dans les musées en Fédération Wallonie-Bruxelles. Mais il y a une dérive dans les grandes expos-événements qui devrait être régulée.

Pratiquement

  • Sur le site d’Arts&Publics, voici la liste des 150 musées gratuits chaque premier dimanche en Wallonie et à Bruxelles: https://artsetpublics.be
  • Une newsletter mensuelle spécifique vous met au courant des différentes nouveautés de cette gratuité. Inscription: info@artsetpublics.be

8. Un qualimat... sans La Trois

Le «qualimat» de l’hebdomadaire Télépro s’installe dans notre paysage audiovisuel. Sa nouvelle édition est commentée par différents journaux... et par certains lauréats. Ainsi, sur les réseaux sociaux, Benjamin Maréchal se dit «surexcité». Il exulte: «Mieux qu’un Oscar... Grâce vous, Pigeons est devenu le magazine d’information préféré des belges. Le Qualimat Télépro trône fièrement dans le bureau. Merci 1.000 fois. Eeeeh les collègues, chips pour tout le monde au bureau».

Progressivement, puisque personne ne le remet en question, vous pourriez prendre pour argent comptant ses résultats. Et pourtant, selon moi, ceci n’est qu’un faux qualimat. C’est, en fait, un «qualimat» esprit «audimat».

Ce pseudo qualimat de Télépro exclut de la présentation de ses résultats des chaînes qui justement cultivent davantage la qualité: par exemple La Trois ou Arte.

Il nous semble troublant que la presse ne signale pas ceci clairement à ses lecteurs. Ainsi, dans son édition du 29 janvier 2020, Sudpresse titre «La télé est jugée plutôt sur sa qualité». Que le public connaisse au moins les règles du jeu pour pouvoir mieux évaluer et se distancier de ces résultats. Par exemple, Moustique pourrait «piquer» (comme son fameux slogan) en dévoilant ce fait, mais comme il est le concurrent direct de Télépro, il préfère ignorer ces résultats alors qu’il est censé couvrir de façon critique l’actualité de nos télévisions.

Pour la direction de Télépro (dont Consoloisirs a publié naguère les réactions véhémentes à cette dénonciation), ce qualimat a été conçu précisément pour fournir un outil alternatif à la mesure d'audience, qui domine le paysage audiovisuel. Mais ses méthodes sont celles de l’audimat.

Il ne faut pas proposer une sorte de «hit-parade», genre par genre (séries, émissions d’infos, etc.) des programmes les plus aimés du public. Ce qui manque singulièrement ici, c’est, pour chaque émission accessible au public, de découvrir les pourcentages précis de personnes qui ont apprécié un peu, beaucoup, à la folie et pas du tout. Ce qui est fort différent. Car peu de téléspectateurs ont peut-être regardé un programme mais l’ont à 99% adoré, tandis qu’une autre émission aurait fait une part d’audience reine mais son public aura été déçu à 40 ou 80%.

Ce que l’initiative de Télépro nous fait rater? Par exemple, un vaste public qui découvrirait combien le JT et le «28 minutes» d’Arte (et idem pour des émissions de La Trois) sont appréciés par la toute grande majorité des téléspectateurs qui ont eu la chance de les tester. Ceci lui donnerait peut-être l’envie de s’y adonner également après un premier test, aiguisé par la curiosité provoquée par les résultats... d’un vrai qualimat.

Saviez-vous que le contrat de gestion de la RTBF oblige le service public à réaliser régulièrement un -vrai- qualimat de ses émissions? Mais, hélas, rien n’est prévu concernant la diffusion de l’intégralité de ses résultats auprès des journalistes et du public.
En fait, la RTBF n’est tenue par son contrat de gestion qu’à la publication, sur son site Internet, d’une «synthèse» de cette étude qualitative réalisée à destination du Conseil d’administration de la RTBF.
Donc, si la direction du service public veut appliquer strictement ses obligations, elle ne communiquera jamais l’intégralité des résultats de son qualimat (ni à son conseil d’administration, ni aux parlementaires, ni à la presse, ni au public, le premier concerné).
Voilà un élément pas du tout mineur qu’il faudrait repréciser dans le prochain contrat de gestion de la RTBF. N’oublions pas que la réalité quotidienne pour des millions d’usagers, c’est d’être inondé par quasi uniquement certains résultats de l’audimat (qui n’est pas réalisé pour être communiqué comme il l’est actuellement, afin que les chaînes bombent le torse, mais bien pour préciser la tarification publicitaire). Et quand les résultats en terme de nombre de téléspectateurs ou d’auditeurs sont insatisfaisants, chaque diffuseur tente d’égarer les usagers en parlant plutôt de «parts de marché».

9. Le Théâtre National répond à trois critiques

Le 21 janvier 2020, Consoloisirs interpelle la direction du Théâtre National Wallonie-Bruxelles en ces termes:
«Dans notre prochaine newsletter Consoloisirs, nous comptons parler du Théâtre National. Nous aimerions publier la réaction à cet e-mail que nous avons reçu d’un de nos lecteurs.

En voici les extraits les plus significatifs

Les conditions générales de vente du Théâtre national ont attiré mon attention. Je vous suggère de les lire d’un œil critique. Certaines dispositions me semblent abusives.
- 1: Les conditions générales sont susceptibles de modification à tout moment et sans préavis dans le cadre de la bonne organisation des activités du Théâtre National. La confirmation de la réservation par l’acheteur et le règlement des places impliquent son adhésion sans réserve aux présentes conditions de vente.
- 2: En cas d'interruption d'une représentation après la première moitié d'un spectacle, les billets ne peuvent être ni repris, ni échangés pour une autre date, ni remboursés.
- 3: Pour des raisons de sécurité, le spectateur peut être amené à subir une palpation et/ou un scan à l’entrée du site de la représentation. L’accès pourra être refusé à toute personne qui ne se soumettrait pas à cette mesure de sécurité.

Pour l’assurance auto obligatoire, il existe un contrat-type. Ne pourrait-on pas envisager la même chose pour les conditions des spectacles? Le respect de ces conditions minimales conditionnerait l’octroi de subsides par les pouvoirs publics. Qu’en pensez-vous? Merci de votre avis et bonne fin de semaine».

Rapidement, Emilie Wacker, Directrice des relations avec les publics & du Développement international du Théâtre National Wallonie-Bruxelles, répond le 28 janvier 2020, et de façon fort détaillée, à l’interpellation de Consoloisirs.

«Bonjour, merci pour votre mail nous faisant part d’une interpellation d’un de vos lecteurs relative à nos conditions générales de vente.
Tout d’abord sachez qu‘en cas de difficulté éventuelle, nous agissons toujours afin de tenter en priorité de satisfaire la demande des spectateurs, nous avons bien sûr à cœur d’avoir les meilleures relations possibles avec nos publics.
Nonobstant le fait que nos CGV (conditions générales de vente) aient été validées par nos conseillers juridiques lors de leur rédaction initiale, il nous est cependant paru nécessaire, afin de répondre avec précision à l’interrogation que vous nous transmettez, de réexaminer ces dispositions, d’un point de vue juridique et pratique.

1/ De manière générale et sur le plan juridique, nous avons réexaminé nos CGV notamment à la lumière du Code de droit économique et plus particulièrement le Titre III de celui-ci qui organise les «contrats avec les consommateurs».

Celui-ci stipule qu’un prestataire de services peut fixer librement ses conditions générales de vente sous la seule réserve qu’elles ne peuvent pas contenir de «clauses abusives». Une clause abusive est «toute clause ou toute condition dans un contrat entre une entreprise et un consommateur qui, à elle seule ou combinée avec une ou plusieurs autres clauses ou conditions, crée un déséquilibre manifeste entre les droits et les obligations des parties au détriment du consommateur» (article I.8,22° du Code de droit économique).

Dans le cas présent, il nous apparaît que les mentions pointées par votre lecteur sont régulières car, tout d’abord, elles ne créent pas un déséquilibre manifeste entre les droits et les obligations des parties au détriment du consommateur, et par ailleurs elles sont justifiées – en outre – par l’intérêt général que poursuit le TN dans le cadre de l’organisation de ses activités (ce qui n’est pas le cas d’une entreprise commerciale).
Ainsi, la possibilité pour le TN de modifier à tout moment ses conditions générales n’est pas absolue. Elle doit être justifiée par la bonne organisation des activités du TN, ce qui rencontre également l’intérêt du spectateur-consommateur.

2/ Sur le plan pratique et dans les faits pour ce qui relève des deux autres remarques de votre lecteur:

En ce qui concerne l’interruption de spectacle après la seconde partie de celui-ci, il nous apparaît tout d’abord nécessaire de préciser que le remboursement ou le replacement sur une autre représentation est bien prévu dans nos CGV comme suit: «Modification/annulation d’une représentation: (...) le Théâtre National Wallonie-Bruxelles se réserve le droit d'annuler toute représentation qui ne pourrait avoir lieu si des cas fortuits ou des cas de force majeure les y contraignaient tels que (et sans que cette liste ne soit exhaustive) intempéries, grèves, incendie, attentat, guerre, dégât des eaux, maladie d'un interprète, etc. (...)».

Dans une telle hypothèse, le Théâtre National Wallonie-Bruxelles proposerait une autre date de représentation ou à défaut le remboursement du billet. Il est d’ailleurs précisé plus bas que «les remboursements se font par virement bancaire».

Ce n’est qu’au second paragraphe -sous ce qui est indiqué ci-dessus- qu’il est stipulé: «En cas d'interruption d'une représentation après la première moitié d'un spectacle, les billets ne peuvent être ni repris, ni échangés pour une autre date, ni remboursés.».
Sur ce dernier point, il s’agit d’un norme très couramment utilisée dans le secteur, qui trouve son origine dans l’organisation de spectacles en plein air et qui concerne des intempéries subites qui peuvent arriver en seconde partie de spectacle.
En cas d’organisation de spectacle en plein air, comme cela nous arrive de temps en temps, l’absence de son second paragraphe risquerait de désorganiser totalement les activités du TN qui devrait replacer ces spectateurs à des représentations suivantes au détriment des places réservées ce jour-là par d’autres spectateurs.
Mais dans les faits, il va de soi que nous veillons systématiquement à d’abord proposer un remplacement si des places sont disponibles sur le reste de la série et que cela rencontre les disponibilités de la personne concernée.

En salle, ce type d’interruption n’arrive évidemment pas. Et s’il devait y avoir interruption en salle en cas d’incident grave, celui-ci serait alors traité comme un cas de force majeur et entrainerait par conséquent un remboursement ou un replacement (cfr supra).

L’interpellation de votre lecteur nous laissant penser que ceci peut donner lieu à confusion, nous veillerons à apporter de la clarté à ces stipulations dans un proche avenir.

En ce qui concerne les mesures de sécurité, faut-il préciser que celles-ci ont été imposées ou fortement recommandées par les autorités publiques dans la foulée des attentats de Paris et de Bruxelles? Il nous semble que cela se passe de commentaire.
Dans les faits, il n’y a pas de palpation ou de fouille systématique au Théâtre National. Nous n’avons recours à un service de sécurité agréé qu’en cas de menace, de manifestations «à risque» ou de recommandation/injonction des autorités publiques, ou à l’initiative de l'organisateur d’événements lorsque ce dernier n’est pas le TN.

Enfin, sachez que la Fédération Wallonie-Bruxelles dispose d’un pouvoir de contrôle et de sanctions des opérateurs qu’elle subsidie, en ce compris en ce qui concerne la politique de ceux-ci envers les usagers. En cas de plainte adressée à un opérateur par un usager, ce dernier dispose d’ailleurs de la faculté d’en adresser une copie au Bureau de Conciliation près la Direction Générale de la Culture du Ministère de la Communauté française, Bvd Léopold II 44 à 1080 Bruxelles qui sera saisi et entamera une procédure de suivi.
Nous n’avons pas eu jusqu’ici connaissance de plainte qui nous aurait été adressée et/ou à la Fédération. Nous ne manquerons pas de porter la meilleure attention à celle-ci si cela devait être le cas.

En tout état de cause, nous vous remercions pour l’exercice de vos missions d’information et pour cette interpellation qui attire notre attention sur la perception que peut avoir le public de nos CGV. Sachez qu‘en cas de problème avec une spectatrice ou un spectateur, nous agissons toujours afin de tenter en priorité de satisfaire leur intérêt et afin qu’ils se sentent reconnus dans leurs droits et qu’il puissent les exercer en toute liberté et transparence. Bien à vous. L’équipe du Théâtre National Wallonie-Bruxelles.».

Puisque c’est l’exemple qui aborde l’interruption de spectacle après sa seconde partie «sans remboursement» qui semble susceptible d’une réécriture par le Théâtre National dans ses CGV, Consoloisirs propose de s’attarder davantage sur cette thématique. Elle pointe, en effet, un sujet complexe qui a déjà par le passé donné lieu à des «pratiques» fort désagréables à l’égard du public tant en France qu’en Belgique.

Voici deux exemples concrets

Le concert que Johnny Hallyday donna en plein air le 11 septembre 1993 fut, selon le quotidien L’Avenir, «un loupé magistral à cause de pluies torrentielles». Ce show se déroula sur la Place de l’hôtel de ville de Spa noyée par la pluie devant environ 8.000 spectateurs. Le spectacle ne commença qu’à 21H45 et s’arrêta 25 minutes plus tard. Les prix des places sont élevés et l’infrastructure défaillante: pas de toit au-dessus de la scène alors que les pluies sont fréquentes en Belgique en début d’automne. Le public ne fut pas remboursé.
Le bourgmestre Joseph Houssa réconforta Johnny dans sa loge: «(...) J’ai dû le rassurer, lui dire qu’il avait rempli son contrat. Il est très sensible, cet homme-là» (selon La Dernière Heure).
Le ticket imprimé pour ce spectacle propose sur son recto en tout petit un texte qui fait croire au public que l’organisateur est dédouané de toute responsabilité: «Ce ticket ne peut être ni repris, ni échangé (...) Les organisateurs déclinent toutes responsabilités du chef d’accident de quelque nature qu’ils soit».

Mais le public ne devrait-il pas avoir aussi le droit d’être sensible? Que penser donc de cette règle imposée par le monde du spectacle à ses usagers, et ce, tellement régulièrement qu’on pourrait imaginer aujourd’hui qu’elle serait une norme évidente, naturelle: on ne rembourse pas si la moitié du spectacle a été présentée.
En fonction de quels critères cette règle a-t-elle été établie? Le culture n’est ni un fruit, ni un légume. Il est logique que le marchand de primeurs ne rembourse parmi ceux qui sont achetés que les vivres qui ne sont pas frais. Difficile d’appliquer une logique analogue aux spectacles qui racontent souvent une histoire. Ne pas découvrir comment elle se termine peut gâcher toute une soirée. Où est le respect du public? Lui a-t-on jamais demandé son avis pour établir cette pseudo règle inique?

Cette pratique commerciale peut mener à des abus, y compris au dépens des artistes eux-mêmes. Deux mois avant son décès à 93 ans, le comédien Michel Galabru présentait son seul en scène «La cancre» à Laon, le 6 novembre 2015. Selon VSD: «(...) Déjà très diminué, il aurait été contraint d’assurer tant bien que mal la moitié de sa pièce par son entourage, pour avoir à ne pas rembourser la salle». Témoignage d’un des spectateurs: «(...) Quand vous faites la moitié du spectacle, l’organisation n’est pas obligée de rembourser les gens. La direction de la salle a demandé de faire arrêter la pièce bien avant les 45 minutes car elle sentait que cela ne pouvait plus continuer. Mais l’équipe (de Michel Galabru) l’a maintenu en scène 3/4 heures. C’était n’importe quoi. La pièce n’avait aucun sens. Les gens partaient au fur et à mesure. Il avait une oreillette dans laquelle on lui soufflait son texte. Mais il n’arrêtait pas de s’agacer en hurlant: Je ne comprends rien, je n’entends rien!».

Non seulement le public a sa soirée gâchée, mais il est contraint d’être mis en situation de «voyeur» de l’épreuve imposée pour des raisons économiques à un chanteur trempé qui risque l’électrocution ou à un comédien victime de sa santé fragilisée.

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Merci !

Enfin, Consoloisirs a envoyé tout ce qui précède au lecteur de sa newsletter qui l’avait mis sur la piste du règlement intérieur du Théâtre National. Voici sa réaction:
«Je vous remercie du suivi efficace de mon message du 17 janvier. Voici mes commentaires.
Quant au point 1: En adhérant sans réserve aux conditions de vente «susceptibles de modification à tout moment et sans préavis», l’acheteur signe un chèque en blanc. Cela crée un déséquilibre manifeste au détriment de l’acheteur.
Le point 2 est abondamment et justement commenté par vos soins.
Le point 3 appelle ce commentaire tout simple: il est inutile et devrait être supprimé. En effet, en fonction des circonstances, des mesures de sécurité pourraient être imposées par les autorités publiques et le TN devrait s’y conformer.»

Comment réagissent les lecteurs de la newsletter Consoloisirs à ces échanges de courriels?
Vos réflexions nous intéressent: consoloisirs@gmail.com

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